L’aviation a toujours été une discipline de haute précision, qui exige un long apprentissage et une grande discipline. C’est encore plus vrai pour les pilotes de chasse. Pour accomplir des missions d’une importance parfois cruciale, ils doivent disposer d’une panoplie de compétences impressionnantes, autant sur le plan technique que physique. Au quotidien, ces pilotes se préparent pour diverses situations, de la plus routinière à la plus extrême. Mais pour s’entraîner, ces pilotes de l’extrême doivent souvent faire quelques compromis.
Ils passent par exemple une partie significative de leur temps dans des simulateurs; une façon de s’exercer sans prendre de risque et sans avoir à sortir un vrai appareil, dont chaque vol représente un coût considérable. Mais malgré ces avantages évidents, les simulateurs actuels ne peuvent toutefois pas remplacer un vrai exercice en conditions réelles. C’est là qu’intervient Red6 ; cette entreprise floridienne a annoncé lundi qu’elle avait passé un contrat à 70 millions de dollars avec l’Air Force américaine.
La firme va équiper un chasseur Northrop T-38 Talon d’un appareil baptisé Airborne Tactical Augmented Reality System, ou ATARS. D’après Defensenews.com, le dispositif prendra la forme d’un casque AR prévu pour être porté avec le casque standard de l’armée américaine. Il permettra de générer divers objets virtuels dans le voisinage de l’avion, avec lequel le pilote pourra interagir en temps réel.
Selon Daniel Robinson, fondateur de Red6 et ancien pilote de chasse interviewé par Forbes l’année dernière, cela permettra de simuler des situations aussi variées qu’épineuses, qui iraient du simple vol en formation au ravitaillement en pleine mission, une manœuvre qui a la réputation d’être particulièrement périlleuse.
Reproduire les conditions du réel
Grâce à l’ATARS, les pilotes pourraient également s’entraîner à diverses situations de combats rapprochés. Ils pourront même le faire contre des appareils étrangers dont ne disposent pas les Américains. Ces appareils virtuels pourraient être contrôlés par une IA, ou même par un pilote en chair et en os installé au sol.
Cette option est évidemment moins économique que le recours à un simulateur, mais son intérêt paraît évident. Dans une interview à Popular Science, le fondateur Daniel Robinson explique sans détour que rien ne vaut un vrai entraînement en conditions réelles : “En se harnachant dans un appareil capable de développer 9G d’accélération, on peut tomber en panne sèche, s’écraser au sol… et surtout, il y a des gens qui vous tirent dessus”, explique cet ancien pilote chevronné. “La charge cognitive sur le cerveau du pilote augmente massivement lorsqu’on s’exerce en conditions réelles”, conclut-il.
Si les premiers essais sont un succès, l’armée de l’Oncle Sam envisage ensuite d’adapter l’ATARS sur le fameux F-16, fleuron symbolique de l’aviation militaire américaine. Il pourrait alors être intégré à la formation standard des pilotes, et donner des idées aux états-majors d’autres pays.
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