D’ici la fin de l’année, l’entreprise d’agrochimie norvégienne Yara International va mettre en service le Birkeland, un navire un peu particulier. D’après l’entreprise, il s’agirait d’un cargo entièrement autonome. Un concept qui a déjà été exploré, notamment par Rolls-Royce en Finlande il y a quelques années, mais qui pourrait passer à la vitesse supérieure. D’après ses concepteurs, il s’agira cette fois du “premier cargo autonome à émissions de gaz à effets de serre nulles.” Comme l’indique cette dénomination, le personnel contrôlera simplement sa position à distance; il ne devrait donc pas y avoir de pilote à bord, du moins pas à plein temps.
Une ligne logistique permanente et autonome
En revanche, sa cargaison devra toujours être chargée par des humains… dans un premier temps, du moins. Car à terme, Yara souhaiterait également automatiser cette partie du processus; elle compte mettre en place un ensemble complexe de grues, qui pourront charger le navire de façon autonome. Pour l’exploitant, cela devrait représenter des économies considérables par rapport à un port traditionnel, qui repose encore largement sur les individus en chair et en os.
Le navire disposera d’une batterie massive d’une capacité de 7 MWh; à titre de comparaison, la Tesla Model X, qui dispose d’une des plus grosses batteries du marché automobile, se contente de 100 kWh. Une fois chargée, elle devrait lui permettre de déplacer une cargaison de 103 conteneurs à une vitesse avoisinant les 13 noeuds, soit environ 24 km/h.
Dans un premier temps, son objectif sera de montrer ce dont il est capable sur un trajet relativement simple et court; il devra ainsi rallier la ville de Brevik à partir du port d’Herøya, soit un trajet que l’on peut estimer à un peu plus de dix kilomètres grâce à Google Earth. Cette expérimentation devrait permettre de remplacer “40.000 trajets en camion par an”, d’après Jon Sletten, responsable d’une usine Yara.
Un vrai casse-tête logistique et réglementaire
C’est en tout cas un projet que l’on suivra avec un grand intérêt, à cause du challenge logistique qu’il représente. Concevoir un véhicule autonome n’a rien de simple; on pense notamment à la régulation du trafic, facteur crucial autant sur la terre ferme que sur l’eau. Par exemple, il devrait être capable d’éviter les autres navires. Et en cas d’urgence, ceux-ci devraient impérativement disposer d’un moyen d’interagir avec le cargo autonome pour éviter une catastrophe.
Cet aspect est particulièrement important; en effet, nombre de voies navigables ou ports de marine marchande sont le théâtre d’un ballet très alambiqué et savamment coordonné par des opérateurs spécialisés. C’est d’autant plus important dans certaines zones extrêmement actives, comme le Canal de Suez, ou les ports de Shanghai et Rotterdam; un navire autonome défectueux qui viendrait s’encastrer dans une berge constituerait certainement le pire cauchemar du personnel et des exploitants. Si des cargos autonomes de ce genre se démocratisent un jour, leurs manœuvres devront donc être parfaitement coordonnées et d’une précision redoutable; faute de quoi ils pourraient être à l’origine d’un accident comme celui du Canal de Suez, avec tout le casse-tête juridique et réglementaire que cela implique.
Mais le jeu en vaut la chandelle; si les ingénieurs parviennent à surmonter ces obstacles techniques, il pourrait s’agir d’un vrai pas en avant, autant au niveau logistique qu’environnemental. Il ne reste donc qu’à attendre le lancement du navire d’ici la fin de l’année, même si la date exacte n’a pas été précisée.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.