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Un rare poisson polymorphe repéré au large de la Californie

Le sous-marin télécommandé de chercheurs américains a récemment croisé la route d’une espèce de poisson très rare, connue sous le nom de “poisson-baleine”. L’occasion de s’intéresser à cette bête qui regorge de particularités intéressantes.

Les profondeurs des océans sont l’un des environnements les moins bien connus de notre planète. Et pour cause : à cause du manque de lumière et de la pression titanesque qui y règne, seuls des organismes spécialement équipés sont capables d’y survivre. Pour explorer ces abysses, les chercheurs ont recours à des sous-marins télécommandés et bardés d’instruments, baptisés ROV.

C’est grâce à l’un de ces appareils que les équipes de biologistes marins du Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI), aux Etats-Unis, ont pu faire une superbe trouvaille. En effet, dans un post Facebook repéré par SciencePost,  la caméra de leur ROV a tiré le portrait à une espèce rarissime.

Croiser cet animal de l’ordre des Cetomimiformes, plus communément appelés “poissons-baleines”, constitue un petit événement en soi. Les équipes du MBARI, qui sillonnent pourtant les mers à longueur d’année, n’ont croisé cette espèce que “16 fois en 34 ans d’exploration sous-marine”. Une belle occasion, donc, de capturer de belles images de ce poisson.

On y découvre un curieux poisson qui, une fois éclairé par les phares du ROV, apparaît d’un orange vif. Une couleur qui rappelle la parure d’un poisson rouge domestique, et qui constitue un avantage considérable; en effet, la lumière rouge a tendance à être presque totalement absorbée par l’eau à partir de 50 mètres de profondeur. à plus de 2000 mètres de profondeur, ces poissons apparaissent donc entièrement noirs. Ils peuvent donc éviter leurs prédateurs ou traquer leurs proies tout en bénéficiant d’un excellent camouflage naturel.

La lumière rouge a du mal à atteindre les profondeurs de l’océan. © University of Hawaii at Manoa

Un sixième sens surdéveloppé

Les poissons-baleines présentent plusieurs autres particularités; ils sont par exemple dépourvus d’écailles externes. Ils ne disposent pas non plus de nageoires pelviennes, habituellement situées de part et d’autre de l’abdomen. Autre point curieux : une fois arrivés à l’âge adulte, les Cetomimiformes perdent le cristallin de leurs yeux. Ils deviennent donc entièrement aveugles. À la place, ils disposent d’un sixième sens particulièrement efficace : sa ligne latérale.

Cette structure, présente chez tous les poissons, leur offre une perception fine de leur environnement en détectant les vibrations de l’eau; cela leur permet de détecter les prédateurs et les proies, mais aussi de nager avec une efficacité redoutable. Or, chez le poisson-baleine, cette ligne latérale est extrêmement développée, et leur permet de sentir les alentours avec une précision exceptionnelle.

Une métamorphose qui a longtemps brouillé les pistes

Mais le plus intéressant est certainement son développement. D’après un article du Smithsonian Institute, qui a découvert cette espèce en 1895, les Cetomimiformes existent sous différentes formes; ils se métamorphosent de façon radicale en fonction de leur sexe. Ces différentes apparences sont même si différentes que les chercheurs ont mis des décennies à comprendre qu’il s’agissait d’une même espèce.

© Smithsonian Institute / Kunio Amaoka / Chris Kenaley

Ils naissent tout d’abord sous forme de larves, qui disposent encore d’yeux fonctionnels, mais également d’une curieuse queue en forme de ruban. Les femelles grossissent considérablement, et héritent de la couleur caractéristique visible sur la vidéo. Ils développent également une très grande bouche, qui leur permet d’ingurgiter des proies volumineuses. Les mâles, eux, restent plus petits et subissent une transformation curieuse d’un point de vue évolutif. En effet, ils perdent toute capacité à s’alimenter : leur bouche et leur système digestif disparaissent complètement ! À la place, ils développent un foie gigantesque, grâce auquel ils peuvent survivre le temps de se reproduire. Et pour mettre toutes les chances de son côté, pas question de lésiner sur les moyens; les organes sexuels grossissent afin d’occuper tout l’espace laissé libre par le système digestif. Ils sont donc cantonnés à un rôle strictement reproductif.

En plus de ces particularités, les poissons-baleines recèlent encore bien des mystères, tout comme le reste des espèces des grands fonds. Les équipes du MBARI continueront donc d’arpenter les profondeurs pour en découvrir les secrets; avec un peu de chance, ils nous remonteront bientôt de nouvelles images et informations sur ce monde encore largement inexploré.

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Source : SciencePost

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