L’année dernière, nous apprenions qu’NVIDIA était en “discussions avancées” avec ARM pour racheter le fondeur, avec l’objectif de créer du même coup un véritable colosse du hardware. Une initiative qui inquiète apparemment les autorités anglaises. D’après The Verge, vendredi dernier, la Competition and Markets Authority (l’autorité anglaise de la concurrence) aurait lancé une procédure d’investigation sur ce deal à 40 milliards de dollars.
Dans un communiqué de presse publié vendredi dernier, le dirigeant de l’institution, Andrea Coscelli, se dit “inquiet que le contrôle d’ARM par NVIDIA ne puisse créer de vrais problèmes pour les concurrents d’NVIDIA en limitant leur accès à des technologies clés, ce qui pourrait à terme étouffer l’innovation sur de nombreux marchés importants et porteurs. Les consommateurs pourraient rater de nouveaux produits, ou les prix pourraient grimper”.
Notons cependant qu’Nvidia avait proposé de mettre en place un système de licence ouverte, qui garantirait au moins un certain niveau d’accès des concurrents à leur technologie. Mais le CMA doute de l’efficacité de cette mesure et souhaite tout de même mener son investigation. Il s’agit du deuxième dossier ouvert par le CMA sur cette question; en effet, l’institution avait déjà lancé une première enquête en début d’année. L’objectif annoncé était d’étudier un risque en termes de sécurité nationale, puisqu’il s’agit du rachat d’un fleuron anglais par un géant américain.
Une plaque tournante stratégique de la tech mondiale
Cette situation était en effet prévisible. La perspective d’une alliance entre deux colosses a de quoi faire froncer des sourcils dans le monde du hardware. Car jusqu’à présent, ARM tenait une place à part dans le paysage hardware. Le fondeur s’est retrouvé dans une position de partenaire privilégié, voire quasi indispensable pour plusieurs des titans de la tech mondiale. En effet, cette acquisition donnerait à Nvidia un contrôle très important sur des technologies essentielles pour Apple, Intel, Samsung, ou encore Amazon et Huawei par exemple. Une situation qui donne des sueurs froides à la concurrence, terrifiée à l’idée de prendre un retard considérable dans une course à l’innovation toujours plus serrée. Comme le rappelle Bloomberg, Google, Microsoft et Qualcomm ont donc déjà sonné l’alarme auprès des autorités de la concurrence aux États-Unis en début d’année.
NVIDIA et ARM pas au bout de leur peines
Pour connaître le dénouement de cette affaire, il faudra attendre les conclusions de l’enquête et le rapport du Secrétaire d’État britannique. D’après The Verge, c’est ce dernier qui déterminera “si la fusion doit faire l’objet d’une investigation en profondeur sur les questions de compétition et de sécurité nationale, ou s’il doit être renvoyé au CMA pour enquêter seulement sur l’aspect compétition”.
Mais quelque soit le résultat de cette investigation, la bataille réglementaire ne fait certainement que commencer; si les deux protagonistes veulent mener à bien cette fusion, ils devront probablement fournir davantage de garanties à la concurrence. Dans le cas contraire, ils pourraient bien se retrouver coincés dans un cycle d’investigations sans fin qui pourrait compromettre leur union. Or, de son côté, la Commission Européenne serait toujours en attente de documents indispensables, près d’un an après l’accord de principe entre les deux géants. D’après Netcost Security, ce délai pourrait finir par lasser ARM; le fondeur pourrait alors renoncer et opter pour une introduction en bourse, au grand dam d’Nvidia… et au grand soulagement de la concurrence.
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