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La NASA tente d’estimer le risque lié au rayonnement cosmique

Hors du champ magnétique terrestre, le rayonnement cosmique est particulièrement dangereux. Mais à quel point, exactement ? Les chercheurs de la NASA développent en ce moment une technique pour tenter de prédire ce risque à l’avance.

Parmi tous les problèmes qui restent à résoudre pour voyager vers les confins du cosmos, les radiations font partie des plus tenaces. Car contrairement à nous autres, les astronautes ne bénéficient plus de l’influence protectrice du champ magnétique terrestre; ils sont donc exposés en permanence à un rayonnement extrêmement dangereux, capable d’endommager irrémédiablement l’ADN.

Pour éviter à nos braves explorateurs de développer des pathologies lors de voyages plus longs, il est donc indispensable de les en protéger; les équipes de la NASA et de l’ISS travaillent donc assidûment sur la question. Et bien souvent, cela passe aussi par de la prévention; c’est l’approche adoptée par une étude d’une équipe de l’ISS, parue dans Nature Scientific Reports. Ils y démontrent une technique permettant d’estimer la sensibilité de l’ADN d’un astronaute en particulier au rayonnement; les chercheurs espèrent ainsi pouvoir prédire les changements sur les chromosomes au cours du vol, en fonction des changements observés sur leurs chromosomes.

Pour développer cette technique, l’équipe a étudié des prélèvements sanguins réalisés sur 43 astronautes avant et après leur séjour sur l’ISS. Ils ont d’abord analysé les échantillons une première fois afin de dresser un état des lieux. Ils les ont ensuite exposés à des radiations gamma ; en fonction des changements observés, ils ont pu déduire la sensibilité inhérente à chaque astronaute. Ils ont ensuite comparé ces résultats avec de nouveaux prélèvements réalisés à leur retour de la station.

Le rayonnement cosmique toucherait davantage les plus âgés

À l’aide de cette méthode statistique, les chercheurs ont pu obtenir différentes informations. Ils ont constaté que non seulement les sujets plus âgés présentaient davantage d’altérations des chromosomes à la base. Mais ils se sont rendu compte qu’ils étaient aussi plus susceptibles d’en développer de nouvelles.

Ce type de changement au niveau des chromosomes pourrait être lourd de conséquences, en particulier sur le long terme. Un voyage vers Mars, par exemple, prendrait sept mois au minimum; Les dégâts pourraient commencer à s’accumuler de façon inquiétante, avec toutes les conséquences que cela pourrait impliquer. “Ce n’est pas parce qu’une personne présente des altérations chromosomiques qu’elle va automatiquement développer un cancer, mais cela pose effectivement la question d’une augmentation du risque”, explique Alan Feiveson, ancien statisticien à la NASA aujourd’hui retraité.

C’est tout particulièrement embêtant dans le cas de jeunes astronautes; puisqu’il leur reste de nombreuses années à vivre, cela leur laisse d’autant plus de temps pour développer une maladie comme un cancer. La NASA rappelle en effet que cette pathologie se développe souvent “20 ans ou plus” après une exposition modérée à un rayonnement de ce type.

Les particules issues du rayonnement cosmique peuvent pénétrer nos cellules à une vitesse proche de celle de la lumière et ainsi endommager l’ADN. © NASA

Des arguments scientifiques pour résoudre un dilemme éthique

Ce constat a longtemps conduit la NASA à penser que nous ferions mieux de sélectionner des astronautes plus âgés lors des missions très longues; statistiquement, cette approche permettrait d’éviter à des astronautes plus jeunes de développer un cancer en pleine fleur de l’âge. Mais à la lumière de ces expériences, les cartes sont entièrement rebattues; les résultats mentionnés ci-dessus montrent en effet que cette stratégie pourrait même être dangereuse à court terme pour des astronautes plus âgés.

Pour en avoir le cœur net et essayer de résoudre ce dilemme, la NASA sait désormais où chercher; il lui faudra étudier très spécifiquement les effets de l’âge sur la résistance aux radiations. Cela permettra d’en savoir plus sur la balance bénéfice-risque; doit-on envoyer de jeunes astronautes, plus susceptibles de développer un cancer au cours du reste de leur vie ? Ou au contraire, faut-il envoyer les aînés, plus sensibles et qui courent le risque de développer des pathologies à court terme ?

Une étude qui s’annonce déjà longue et très compliquée… mais fort heureusement, l’agence spatiale a encore du temps devant elle. La mission Artemis qui doit ramener l’humain sur la Lune a encore été repoussée récemment; autant dire qu’il faudra être patient avant de voir se profiler les premières missions vers Mars et au-delà . Espérons que la NASA en saura plus sur les éventuelles prédispositions et les effets de l’âge sur la résistance aux radiations d’ici là !

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