La recherche de vie sur Mars est l’un des grands fantasmes des astrobiologies depuis maintenant des décennies. Mais même si les progrès dans cette discipline sont conséquents, notamment grâce à Perseverance, l’étude de la planète rouge reste très difficile. Pour travailler sur les différentes hypothèses en vigueur, les chercheurs se rapportent donc souvent à des phénomènes terrestres analogues; ils cherchent donc des conditions comparables à celles que l’on trouverait sur Mars.
C’est la voie qu’a choisi d’emprunter l’équipe de l’astrobiologiste J.D. Tarnas, afin d’essayer de déterminer les conditions nécessaires à la vie sur la Planète rouge. Il est parti du constat que, sur Terre, la vie peut parfois apparaître à des endroits particulièrement inhospitaliers. C’est le cas de certains micro-organismes capables de survivre dans les profondeurs de la croûte terrestre.
Un garde-manger issu de la radioactivité
Pour survivre, ils dépendent d’un phénomène nommé radiolyse. Lorsque de la matière solide est soumise à des éléments radioactifs, comme ceux présents sous forme de traces dans la croûte terrestre, elle se décompose sous l’effet du rayonnement ionisant. C’est particulièrement important dans le cas de l’eau, car une fois décomposée, celle-ci laisse de l’hydrogène derrière elle. Il en va de même pour un autre composé appelé sulfure; celui-ci réagit avec les produits de la radiolyse pour former des sulfates. Ces composés aux noms barbares sont toutefois importants, car, l’hydrogène et les sulfates constituent des mets de choix pour certains micro-organismes, dits sulfato-réducteurs. Ils peuvent donc en faire un véritable festin afin de proliférer.
Des informations tombées du ciel
Or, il se trouve que ces conditions pourraient bien exister loin du sous-sol terrestre. Une hypothèse déjà envisagée par le passé, que les équipes de J.D. Tarnas ont souhaité creuser. Les chercheurs ont donc basé leur étude sur l’analyse de la composition chimique de météorites martiennes, ce qui constitue une première.
Ils se sont ainsi rendu compte que la composition du sol martien semble plutôt prometteuse. En effet, la présence de certains éléments, notamment radioactifs, suggère que le sous-sol martien aurait été tout à fait compatible avec le développement de la vie telle qu’on la connaît.
Le sol martien “largement habitable”… à condition d’y trouver de l’eau
Mais le plus intéressant, c’est que selon les modélisations des auteurs, cette dynamique aurait très bien pu perdurer grâce à la simple présence d’une poche d’eau souterraine. Toutes les conditions nécessaires seraient alors remplies : cet écosystème serait alors chargé en sulfates issus de l’oxydation des roches, et en hydrogène issu de la radiolyse de l’eau. Un vrai petit paradis, qui serait “largement habitable” pour tous ces micro-organismes.
En conclusion, les auteurs proposent une série d’emplacements particulièrement propices à ce phénomène. Ils ont notamment identifié plusieurs zones de Mars, très chargées en sulfures; ils espèrent qu’elles pourront être ciblées par de futures missions d’exploration. Si nous trouvions un jour de l’eau dans l’une de ces zones, nous serions assurément plus proches que jamais de trouver de la vie sur une autre planète. Le texte de l’étude est disponible ici.
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