Dans notre univers, on trouve deux grands types de planètes et de satellites : certains sont gazeux, tandis que d’autres, comme notre Terre ou la Lune, sont dits telluriques. Ces derniers se sont tous formés plus ou moins selon le même processus, en partant de débris générés par les impacts entre corps célestes. Parfois, ceux-ci se sont agglomérés sous l’effet de la gravité, donnant ainsi une proto-planète de roche en fusion à cause de l’énergie issue des impacts répétés.
Pendant cette période, toute une dynamique chimique se met en place; les éléments les plus denses migrent vers les profondeurs, tandis que les autres prennent leur place près de la surface. Un peu comme de l’huile que l’on aurait ajouté dans un verre d’eau. Une fois l’ensemble solidifié, cela donne donc une structure avec plusieurs couches géologiques distinctes; comme la Terre, la Lune dispose d’une partie superficielle (la croûte) et d’une partie intermédiaire (le manteau). Celles-ci enveloppent une dernière couche partiellement fondue, avec en son centre un noyau solide métallique
Pour étudier la Lune de façon exhaustive, ramasser des morceaux de croûte à la surface ne suffit pas; dans l’idéal, il faut aussi s’intéresser à ce qui se passe en profondeur. Mais c’est par définition très difficile, car le manteau est recouvert d’une cinquantaine de kilomètres de croûte en moyenne…
Le bassin d’Aitken, un hublot sur les profondeurs
Mais des astronomes de la NASA ont peut-être trouvé une façon de l’étudier sans envoyer une gigantesque foreuse industrielle; ils viennent d’identifier une zone de la Lune qu’ils considèrent comme leur meilleure chance de trouver un affleurement de manteau lunaire.
Pour repérer ce secteur, baptisé Bassin d’Aitken, ils ont synthétisé l’ensemble des données les plus récentes sur la géologie lunaire. Il en est ressorti une drôle d’anomalie, avec une zone étrangement radioactive; à cet endroit, la composition du sol semble correspondre à celle que les scientifiques s’attendent à trouver en profondeur, dans le manteau. Une anomalie qui s’explique par sa situation géographique particulière.
En effet, la Lune est constamment pilonnée par des corps célestes qui viennent s’y écraser. Sauf que contrairement à la Terre, la Lune ne dispose pas d’une atmosphère protectrice pour amortir les chocs; à la place, des monceaux de roche la percutent avec une grande violence. Ils laissent de vilaines cicatrices à la surface, sous forme de cratères. Mais dans certaines régions, le bombardement a été si intense que la croûte a été presque entièrement réduite en poussière, et le manteau sous-jacent éjecté en surface. La zone ainsi décapée peut presque affleurer à la surface; il devrait donc être bien plus aisé d’étudier les profondeurs de la Lune dans cette zone.
Dans le cas précis de la Lune, l’étude de son manteau permettra de savoir précisément quels matériaux seraient disponibles à l’extraction pour de futurs colons lunaires. Mais plus largement, ce matériel mantellique pourrait nous aider à comprendre comment les océans de magma des planètes primitives se comportent lorsqu’ils refroidissent, puis cristallisent. Des données importantes, qui permettront d’infirmer ou de confirmer certaines des théories actuelles sur la formation des planètes telluriques.
La publication de la NASA est disponible ici.
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