Facebook est-il vraiment transparent lorsqu’il est question de lutter contre la désinformation ? Alors que le NYU Ad Observatory – un groupe de chercheurs universitaires – menait une enquête sur la transparence du réseau social sur les contenus publicitaires politiques, mais aussi sur sa lutte contre les fake news, l’entreprise de Mark Zuckerberg a pris la décision de bannir leurs comptes, rapporte le site de The Verge. Officiellement, les utilisateurs auraient violé les conditions générales de la plateforme en exploitant des données d’utilisateurs tiers sans leur consentement. Selon les personnes concernées, il s’agirait plutôt d’une tentative d’intimidation pour les faire taire et mettre en péril leurs recherches. Dans une interview accordée à Bloomberg, Laura Edelson, l’une des chercheuses impliquées estime ainsi : “Facebook nous fait taire parce que notre travail attire souvent l’attention sur des problèmes sur sa plate-forme”.
This evening, Facebook suspended my Facebook account and the accounts of several people associated with Cybersecurity for Democracy, our team at NYU. This has the effect of cutting off our access to Facebook's Ad Library data, as well as Crowdtangle. 1/4
— Laura Edelson (@LauraEdelson2) August 4, 2021
Qui paie les posts politiques ?
Au travers de leurs recherches, les universitaires du NYU Ad Observatory pointent pourtant du doigt une question essentielle : qui paie les publicités politiques ciblées sur Facebook, et comment ces dernières ciblent-elles leur audience ? Dans un article de blog publié en mai dernier, le groupe avait expliqué vouloir mieux comprendre le fonctionnement du réseau social, notamment sur sa gestion des publicités politiques. Pour faciliter leur travail, les chercheurs avaient développé un plug-in pour navigateur web capable de collecter des données sur les publicités affichées par Facebook. Si ce dernier ne récupérait aucune information sensible (identifiants, liste d’amis, données personnelles…), la publication des résultats de l’étude n’a visiblement pas plu au réseau social.
Il faut dire que les conclusions qui se dégagent du projet du NYU Ad Obervatory n’abondent pas dans le sens de Facebook. La plateforme serait ainsi incapable de savoir réellement qui paie pour promouvoir des contenus politiques sur son feed. De plus, elle ne précise pas réellement comment elle détermine les sensibilités politiques de ses utilisateurs, afin d’afficher des publications les plus pertinentes possibles. Seule certitude, la désinformation assimilée à l’extrême droite obtiendrait un taux d’engagement beaucoup plus fort que celle liée aux partis centristes ou de gauche. Une affaire qui rappelle la tristement célèbre affaire de Cambridge Analytica.
De son côté, Facebook dit avoir proposé à plusieurs reprises de collaborer avec NYU Ad Observatory, en leur fournissant directement les informations nécessaires à leur étude. La plateforme indique aussi avoir averti l’année dernière les personnes impliquées que leur projet enfreignait son règlement, et qu’elles risquaient d’être bannies.
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