Steven Weinberg est décédé le 23 juillet dernier, à l’âge de 88 ans. La science en général, et plus précisément la physique, perd l’un de ses esprits les plus brillants de cette génération.
Ce théoricien de génie, formidable ambassadeur des sciences, s’était illustré par ses recherches qui ont permis l’élaboration de la théorie de l’interaction électrofaible; des travaux qui lui ont valu de partager le prix Nobel de physique de 1979 avec Abdus Salam et Sheldon Glashow. Une contribution à la portée immense, depuis devenue l’un des piliers du modèle standard de la physique qui explique le fonctionnement de trois des quatre forces fondamentales de notre univers.
En 1967, il a publié un papier fondateur, titré “A model of Leptons” (disponible ici). Ce document maigrelet, d’à peine trois pages, pesait cependant bien plus lourd qu’il n’y paraît : il renfermait entre autres une prédiction qui allait révolutionner la physique. En effet, ces travaux posaient les bases du processus qui allaient mener la découverte du Boson de Higgs. Une théorie si en avance sur son temps que l’existence de cette particule élusive ne sera confirmée que 45 ans plus tard par les équipes du CERN.
Un chercheur prolifique et multidisciplinaire
Jusqu’aux dernières années de sa vie, il a continué à travailler à l’élaboration de la Théorie du Tout, qui cherche à expliquer l’ensemble des phénomènes de notre monde dans un seul et même cadre mathématique.
Mais son apport à la science ne s’arrêtait pas là; il a également publié des travaux qui ont longtemps fait figure d’autorités dans des domaines aussi variés que la cosmologie, la relativité générale, l’énergie noire ou la théorie quantique des champs. Au total, il laisse une contribution de plus de 350 articles et 150 livres majeurs, dont certains constituent encore aujourd’hui des références absolues dans leurs domaines respectifs.
Un scientifique très engagé
En plus d’être un chercheur parmi les plus reconnus de son époque, Weinberg était aussi un vulgarisateur exceptionnel. Sa capacité à résumer des sujets pourtant éminemment complexes a conduit a l’écriture de livres comme Les Trois Premières Minutes de l’Univers ou Expliquer le Monde, devenus des grands classiques de la littérature scientifique vulgarisée.
Cet athée revendiqué s’était régulièrement retrouvé en opposition directe avec certains cercles religieux, à cause de ses travaux aux conclusions philosophiquement incompatibles avec celles de la Bible. Très violemment opposé au concept, il ne mâchait pas ses mots et n’’hésitait pas à qualifier la religion d’ “insulte à la dignité humaine”.
Plus largement, il était un fervent défenseur de l’intégrité scientifique et intellectuelle, et a passé sa vie à combattre les raccourcis et les biais de raisonnement. C’est notamment l’objet de son ouvrage Facing Up: Science and its Cultural Adversaries.
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