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Quand la forêt amazonienne devient productrice nette de CO2

Lentement mais sûrement, l’un des “poumons de la Terre” se met à marcher à l’envers. L’humanité a-t-elle perdu l’un de ses plus grands alliés ?

On parle souvent de la forêt amazonienne comme du poumon de la planète. En réalité, ce rôle revient plutôt à l’océan; mais l’expression illustre bien l’importance de cette zone. Cette notion pourrait toutefois changer radicalement. C’est la conclusion d’une étude massive, qui a vu une équipe de chercheurs brésiliens compiler des centaines d’échantillons d’air collectés en haute altitude sur les dix dernières années. D’après eux, cette forêt ô combien importante, particulièrement la zone Sud-est, serait désormais émettrice nette de CO2.

Habituellement, cette forêt jour un rôle crucial dans le cycle du carbone. C’est un cycle à la fois chimique, biologique et géologique extrêmement complexe. Sa dynamique est intimement lié à la vie sur Terre à bien des niveaux. Et dans ce cycle, les forêts constituent un puits de carbone; c’est ainsi qu’on appelle les réservoirs qui vont séquestrer le carbone atmosphérique. Ainsi, le bois, mais aussi le sol et une partie des êtres vivants qui y résident constituent des puits de carbone parmi les plus importants pour les terres émergées, bien plus efficaces que les autres types de végétation. La forêt amazonienne est donc une composante indispensable de la dynamique biologique telle qu’on la connaît.

L’activité humaine, coupable indiscutable

Mais aujourd’hui, cette région émet désormais plus de carbone atmosphérique qu’elle n’en capture. Et lorsqu’un acteur aussi important de ce cycle commence à changer radicalement de comportement, ça ne peut qu’être de mauvais augure. Et pour cause : ce sont pas loin de 450 milliards de tonnes de carbone qui sont piégées en Amazonie.

Ce constat déroutant, les chercheurs l’attribuent à l’influence combinée de deux facteurs. Le premier, c’est la déforestation. Depuis 1970, la surface des forêts de la région aurait diminué de 17%. Et bien souvent, d’après les auteurs de l’étude, le nettoyage des zones au profit de l’agriculture et de l’élevage est souvent réalisé par le feu, ce qui amplifie encore le problème. L’autre souci, c’est le changement climatique global. Les températures dans la zone ont grimpé d’environ trois degrés par rapport à l’époque préindustrielle; d’après les chercheurs, c’est trois fois plus que la moyenne planétaire. Or, on sait que plus la température augmente, moins les végétaux sont aptes à stocker du CO2.

Un point de bascule lourd de conséquences

Une nouvelle inquiétante, car la forêt amazonienne est l’un des principaux points de basculement climatiques de notre planète. Parmi eux, on trouve également le permafrost sibérien, véritable bombe climatique chargée de gaz à effets de serre qui ne demandent qu’à s’échapper. On peut aussi citer la banquise du Groenland, les barrières de corail… autant de systèmes extrêmement vulnérables. Si un point de non-retour est atteint dans un seul de ces systèmes, son action sur les fameux cercles vicieux climatiques serait si forte qu’elle pourrait, à terme, faire basculer tous les autres.

Un peu comme une file de dominos, dont la chute changerait radicalement la face du monde tel qu’on le connaît. Si l’Amazonie devenait une source de carbone sur le long terme, gérer la crise climatique actuelle serait encore plus difficile. Espérons que cette dynamique soit encore réversible; mais il est bien possible que nous ayons déjà corrompu l’un de nos alliés les plus précieux, qui se retourne aujourd’hui contre nous.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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