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Soixante ans après, Wally Funk va réaliser son rêve spatial

Avec Mercury 13, elle aurait pu faire partie de la première génération d’astronautes ; c’est finalement soixante ans plus tard que Wally Funk s’envolera vers l’espace, en compagnie de Jeff Bezos.

Ça y est ; après quelques temps passés à spéculer sur l’identité du mystérieux quatrième passager du vol inaugural de New Shepherd, le 20 juillet prochain, celle-ci a enfin été révélée par Blue Origin : il s’agit de Wally Funk. Vétéran de l’aviation avec près de 20.000 heures de vol au compteur, elle était surtout membre du programme Mercury 13.

À 82 ans, elle sera donc l’aînée de la mission qui embarquera également Jeff Bezos en personne, son frère, et le fameux passager mystère qui a déboursé 28 millions de dollars pour son siège. Les quatre passagers feront partie du tout premier vol habité de la capsule New Shepard – du nom d’Alan Shepard, le premier américain à quitter notre berceau pour l’espace.

 

 

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Ensemble, ils partiront donc pour quelques minutes de vol, direction la frontière de l’espace. En guise de clou du spectacle, ils seront soumis à quelques minutes d’apesanteur. Ils redescendront ensuite paisiblement, une dizaine de minutes plus tard, suspendus à un matelas de parachutes.

Privée d’espace à cause de son sexe

Cette pionnière s’est battue pour que la NASA intègre des femmes à son contingent d’astronautes. Pour elle, ce vol aura donc une dimension symbolique très importante. Il s’agit d’honorer l’un des grands rendez-vous de sa vie, dont elle a malheureusement été privée. En effet, dans les années 60, Funk a fait partie du célèbre Mercury 13.

7 membres du groupe Mercury 13 posant devant la navette spatiale, en 1995. De gauche à droite : Gene Nora Jessen, Wally Funk, Jerrie Cobb, Jerri Truhill, Sarah Rutley, Myrtle Cagle et Bernice Steadman. © NASA

Ce programme privé, indépendant de la NASA, a sélectionné plusieurs femmes pour passer les mêmes tests que les premiers astronautes américains – tous des hommes. Et les résultats ont été excellents : parmi elles, treize femmes – dont Wally Funk – ont obtenu des résultats supérieurs à leurs collègues masculins aux tests physiques. Sauf que la NASA ne l’entendait pas de cette oreille; à la seconde où ses responsables ont entendu parler du programme, ils ont immédiatement exigé sa dissolution immédiate.

Évidemment, les treize femmes ont plaidé leur cause avec ferveur; l’affaire est même remontée en haut lieu, devant un conseil spécial de la Chambre des Représentants. Mais quelques semaines plus tard, le couperet tombe, de la part du président Johnson lui-même : pas de femmes à la NASA, point barre. Le programme est donc classé sans suites.

Un lancement chargé en symboles

Le tort qui a été fait à ces treize héroïnes ne pourra jamais être réparé; faire partie de la première génération d’astronautes, c’est une occasion qui ne se présente qu’une fois dans l’Histoire. Mais au moins, Wally Funk pourra enfin honorer ce rendez-vous avec les étoiles, manqué il y a soixante ans déjà. Au moins l’une d’entre elles aura donc pu de toucher du doigt leur rêve collectif; celui-là même dont elles ont été privées par cette profonde injustice institutionnelle. De façon plus anecdotique, elle s’offrira aussi un record en devenant la doyenne des visiteurs de l’espace.

C’est un coup de com’ gratuite savamment orchestré dont nous gratifie la bande à Bezos. Mais l’heure n’est pas au cynisme; on aurait difficilement pu imaginer meilleur choix que Wally Funk pour cette mission, qui devient du même coup une histoire de rédemption spatiale bien méritée. Quelle belle façon de fêter l’anniversaire du premier pas sur la Lune !

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