Faire sa petite dose d’exercice est très fortement recommandé pour rester en bonne santé. Mais parfois, il n’est pas évident de s’y forcer; après une dure journée de travail, la fatigue mentale accumulée peut parfois avoir raison de votre motivation.
La bonne nouvelle, c’est qu’il pourrait bien exister une méthode simple pour que contourner le problème : écouter de la musique. C’est en tout cas la conclusion d’une équipe de recherche de l’université d’Alicante, en Espagne. D’après eux, vos pistes préférées pourraient réduire l’impact de cette fatigue mentale. Vous pourriez ainsi performer comme si vous étiez en pleine forme.
A la base, tout part d’une idée simple : la fatigue mentale impacte grandement les performances. Une réalité que chacun peut constater empiriquement, sur la base de son propre ressenti, mais qui se vérifie aussi au niveau physiologique comme le démontre cette méta-étude. En physiologie du sport, la perception de l’effort se mesure sur l’échelle de Borg; plus ce chiffre est élevé, plus l’effort ressenti est violent. Cette valeur est presque toujours bien supérieure chez les sujets en état de fatigue mentale, ce qui montre son impact sur les performances.
Un peu de musique, et ça repart
L’objectif est donc d’étudier ces mécanismes pour pouvoir réduire la fatigue mentale, ou à défaut ses effets. L’équipe de recherche a donc tenté sa chance avec la musique, un grand classique des séances de jogging.
Pour ce faire, les chercheurs ont proposé une expérience simple à 18 coureurs. Ils les ont divisés en deux groupes : neuf sportifs accomplis, et neuf coureurs occasionnels. Ils ont été soumis à trois tests physiques : un premier avec fatigue mentale et musique, un second avec fatigue mentale mais sans musique, et un contrôle sans fatigue ni musique. Leurs résultats semblent indiquer que l’écoute permet de compenser presque entièrement l’effet néfaste de la fatigue mentale sur les performances physiques. Avec leurs chansons préférées dans les oreilles, les niveaux de performance constatés reviennent approximativement au niveau habituel !
De nombreux trous…
Ce qui est intéressant, c’est de constater que ce phénomène semble ne fonctionner que lorsqu’il s’agit de musique perçue comme motivante par la personne. L’équipe de recherche a eu toutes les difficultés du monde à définir précisément des critères pour définir cela. Et pour cause : il s’agit d’une notion intrinsèquement subjective. Rien d’étonnant, mais le souci, c’est que la subjectivité est bien souvent l’ennemi juré des analyses statistiques solides…. et que cette étude en est absolument truffée.
De plus, l’échantillon testé paraît un peu maigre pour dégager une vraie tendance statistique; 18 coureurs à peine, cela ne représente pas beaucoup de données. Et cette frustration s’accentue lorsqu’on lit la description de ces groupes. A première vue, ils semblent bien trop homogènes pour pouvoir conclure dans le cas général. Le premier groupe de 9 personnes, par exemple, est intégralement constitué d’hommes; tous ont entre 19 et 25 ans, mesurent entre 1m71 et 1m75 et pèsent entre 62 et 78 kilos. Le bon point, c’est que leurs conclusions peuvent être tout à fait valables pour les jeunes sportifs en bonne santé. En revanche, elles ne s’appliqueront pas forcément à monsieur et madame tout le monde.
Même chose pour la fatigue, qu’elle soit mentale que physique : c’est très difficile à quantifier numériquement, et c’est donc compliqué de dégager une tendance statistique. L’échelle de Borg mentionnée plus haut est en partie subjective puisqu’elle se base sur un effort perçu.
…mais une base de travail très intéressante
Cela signifie-t-il pour autant que ces résultats sont insignifiants ? Certainement pas. Les auteurs admettent volontiers ces écueils dans leur publication. Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’il semble exister des mécanismes qui peuvent aider à dissiper la fatigue mentale et ses effets. Cette étude trace une feuille de route, un périmètre de recherche, avec l’objectif d’identifier plus précisément les phénomènes physiologiques en jeu. Il faudra de nombreux autres travaux de ce type pour y parvenir, mais le jeu en vaut la chandelle.
On saisit facilement l’intérêt de réduire cette fatigue mentale pour conserver de bonnes performances, y compris en dehors du sport. Il existe même des activités où c’est une composante cruciale : c’est par exemple pour cette raison que certains étudiants se gavent de psychostimulants, ou que les militaires ont été largement arrosés de ces substances par leur hiérarchie pendant les deux guerres mondiales.
Alors pour éviter ce genre d’abus, il y a tout intérêt à développer des méthodes douces. Évidemment, la musique n’est pas adaptée à tous les cas de figure; on imagine mal un pilote de chasse se passer du Jay-Z au lieu d’écouter les consignes de sa hiérarchie. Mais une fois les mécanismes en jeu identifiés et compris, il sera peut-être possible de soulager certaines personnes de cette fatigue mentale, ou en tout cas d’en atténuer les effets. Ou, à l’inverse, peut-être que nous nous rendrons compte que c’est un mécanisme indispensable à la santé mentale et qu’il faut le respecter à tout prix plutôt que de lui faire la guerre…
Le texte de l’étude est disponible ici.
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