Parmi tous les aspects qui peuvent rendre la gestion d‘un cancer compliquée, il y a celui de la détection. Soigner, c’est une chose, mais face à cette maladie parfois extrêmement agressive, le temps est un facteur clé. Plus tôt la maladie est détectée, plus les chances de s’en sortir sont élevées.
Pour certains cancers, c’est encore plus difficile parce qu’ils ont la fâcheuse habitude de rester très discrets avant qu’il ne soit trop tard. Le cancer du poumon, par exemple, est très difficile à repérer avant les stades les plus avancés. C’est aussi le cas pour les cancers du cerveau, où l’apparition des symptômes neurologiques signifie bien souvent qu’il est déjà trop tard.
Les microARN, un marqueur biologique des tumeurs
C’est pourquoi une vaste partie de la recherche en cancérologie se concentre sur les techniques de détection précoce, qui pourraient permettre de sauver autant de patients que la phase thérapeutique à proprement parler. Les chercheurs redoublent donc d’efforts pour identifier des marqueurs biologiques caractéristiques de ces maladies.
L’une des pistes les plus prometteuses sont les microARN. Dans le corps humain, ils jouent un rôle de régulateur; ils sont capable d’influer sur la façon dont s’expriment les gènes. En plus de jouer un rôle majeur dans notre développement, ils interviennent donc également dans la formation des tumeurs. Ils constituent un bon marqueur pour repérer la présence de tumeurs.
Des chercheurs japonais de l’université de Nagoya ont donc proposé de extraire d’éventuels microARN de l’urine. L’objectif ? Diagnostiquer un cancer du cerveau. Mais encore faut-il pouvoir les collecter, ce qui est tout sauf évident. Jusque là, les techniques disponibles ne permettaient pas de récupérer assez de matériel pour que le test soit significatif. Pour y parvenir, l’équipe de recherche a du mettre au point une toute nouvelle technique. Celle-ci est présentée dans un papier de recherche repéré par Futura Sciences, et disponible ici.
Une nano-pieuvre métallique à la rescousse
Ils ont conçu un petit appareil parcouru de dizaines de millions de nanofils d’oxyde de zinc, dont la surface est chargée positivement. Grâce à cette propriété, cette petite “pieuvre” est capable de capturer ces microARN en quantités industrielles, comparée aux précédentes techniques. Cette extraction dure au total une quarantaine de minutes, auxquelles il faut rajouter environ 20 minutes pour le traitement de l’échantillon. Il ne reste plus qu’à quantifier la récolte de microARN. Sur cette base, c’est un programme basé sur l’intelligence artificielle, entraîné au préalable, qui se chargera de poser le diagnostic final.
D’après l’équipe de recherche, leur technique est parvenue à faire la distinction entre un patient sain ou atteint d’un cancer dans 100% des cas ! Et ce indépendamment de la taille de la tumeur. De plus, les “pieuvres” peuvent être stérilisées en masse. Une bonne nouvelle, car c’est une condition sine qua non à la démocratisation de ce genre de techniques. Il est donc envisageable d’adapter cette technique à grande échelle.
La cancérologie est un domaine où la science progresse, mais jamais aussi vite qu’on le souhaiterait. Les avancées en la matière sont souvent ténues, et faites de minuscules pas en avant. Alors quand une avancée de ce type offre des possibilités très concrètes pour améliorer la prise en charge de ce fléau de santé publique, on ne peut qu’applaudir des deux mains !
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