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Cette technique pourrait révolutionner la recherche de vie extraterrestre

À partir d’un hélicoptère, à 2km du sol et 70 km/h, les chercheurs de l’Université de Berne, en Suisse, sont parvenus à repérer des biosignatures.

L’espace était autrefois une sorte d’Eldorado de l’imaginaire, où seule la science-fiction et quelques humains triés sur le volet avaient la chance de s’aventurer. Aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle forme de course à l’espace (commerciale, cette fois), le côté romantique et abstrait laisse de plus en plus la place à des réalités très concrètes. Mais pourtant, certains concepts n’ont pas bougé d’un iota et continuent de titiller l’imaginaire.

Plus que n’importe quel autre, la recherche de vie sur d’autres planètes est un concept qui continue de fasciner. En 2021, l’ère de la chasse aux petits hommes verts est révolue depuis bien longtemps mais les scientifiques continuent de chercher. Par contre, ils le font à l’aide de techniques bien plus actuelles et loin de cette conception datée de l’exo-biologie.

Aujourd’hui, nous avons bien compris qu’arpenter la surface d’une planète à la recherche d’une empreinte de pas a peu de chance de fonctionner. La majorité des approches actuelles se basent sur la recherche de biosignatures – des traces caractéristiques des métabolismes en fonctionnement. Cela implique deux grands défis : savoir chercher, et surtout, savoir quoi chercher.

L’homochiralité, reine des biosignatures ?

Pour pouvoir identifier un organisme vivant, il faut trouver un point commun à tous ces êtres vivants. Beaucoup plus facile à dire qu’à faire, quand on voit la diversité qu’abrite notre planète… mais c’était sans compter une équipe de recherche de l’Université de Berne, en Suisse, dont les travaux ont été repérés par Futura Sciences. Ils ont eu une idée très élégante et également très efficace : traquer l’homochiralité.

N’importe quel objet est dite chiral lorsqu’il n’est pas superposable à son reflet dans un miroir. Ce concept auquel ont goûté tous les étudiants en chimie concerne de nombreux aspects du vivant. C’est le cas pour vos mains et vos pieds, par exemple : sauf cas particulier, vous pouvez clairement identifier une main droite et une main gauche.

Vos mains sont chirales : elles sont opposables, mais pas superposables. © PublicDomainPictures – Pixabay

Mais cette notion de chiralité s’étend jusqu’au niveau moléculaire : comme vos mains, des molécules peuvent exister en version droite  ou gauche. Il existe aussi des molécules n’existent QUE dans une version droite ou gauche (ou presque) : on parle alors d’homochiralité. Cela concerne une grande partie des molécules du vivant : cette homochiralité est donc considérée comme une biosignature. Et c’est précisément cette homochiralité que les chercheurs suisses ont traqué pour repérer de la vie.

Un phénomène moléculaire vu d’un hélicoptère

Encore faut-il repérer cette petite différence au niveau moléculaire. Pour cela, les chercheurs se sont servis d’une propriété bien connue de l’homochiralité. Sans rentrer dans le détail, lorsqu’une telle molécule est frappée par de la lumière, les propriétés de l’onde changent. Il ne reste donc qu’à faire rebondir de la lumière sur un matériau, puis à analyser les propriétés de la lumière pour savoir si la surface était organique ou non.

Pour tester cela à grande échelle, les chercheurs suisses ont développé un instrument nommé spectropolarimètre, capable d’analyser la propriété en question de la lumière. Ils l’ont embarqué dans un hélicoptère, lancé à 70km/h à 2km d’altitude… et cela a fonctionné ! En tout juste quelques secondes, l’appareil a pu faire la différence entre “les forêts, les prairies, les zones urbaines et même les algues d’un lac”, d’après le communiqué publié par les chercheurs (disponible ici). Impressionnant, quand on se rappelle qu’il s’agit de détecter un phénomène moléculaire à des kilomètres de distance.

Certes, il faudra encore affiner le matériel, mais le concept est bien là. Prochain objectif pour l’équipe : embarquer l’appareil à bord de la Station Spatiale Internationale, le braquer sur Terre, et réitérer l’expérience. Si elle s’avère à nouveau concluante, il sera envisageable de l’utiliser pour la recherche de vie sur d’autres planètes. Conceptuellement, on pourrait donc “scanner” la surface à la recherche de vie… mais attention aux biais. Car le vivant tel qu’on le connaît a beau être très largement homochiral, rien ne dit qu’il en soit de même pour des formes de vie extraterrestres.

Et si cet instrument échoue à trouver de la vie ailleurs, cette technologie ne sera pas perdue pour autant. Une fois affinée, elle pourrait être utilisée dans le cadre de la télédétection : surveiller la prolifération d ‘algues toxiques, les récifs coralliens… En somme, une superbe preuve de concept aux multiples usages. Chapeau bas !

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