Une équipe de chercheurs japonais a mis au point un nouveau système qui permet de mesurer la quantité de certains composés dans le sang… grâce à la peau des oreilles. !
Ces éléments, que l’on appelle composés organiques volatiles (VOCs), quittent notre sang par la peau en très faible quantité. Ils sont de plus en plus importants en médecine car lorsqu’on les mesure, ils permettent d’étudier le métabolisme en temps réel. Mais cette méthode souffre d’un inconvénient majeur : puisque les quantités dosées sont très faibles, cette technique est extrêmement sensible aux interférences. La transpiration, par exemple, peut facilement ruiner ces analyses.
Il a donc fallu trouver une zone du corps où ces interférences sont minimales, mais dont la surface soit tout de même suffisante pour mener l’analyse à son terme. Avec sa relativement grande surface et son faible nombre de glandes sudoripares, c’est l’oreille s’est imposée aux chercheurs comme l’appendice parfait.
Du casque antibruit basique à l’instrument de mesure high-tech
Pour effectuer leurs mesures, l’équipe de recherche a mis au point un dispositif un petit peu spécial. Ils sont partis d’un simple casque antibruit, comme on en trouve un petit peu partout dans le commerce. Ils l’ont ensuite modifié en y raccordant un tuyau pour y faire circuler de l’air.
L’idée qui se cache derrière ce ventile-esgourde high-tech est aussi simple qu’ingénieuse : l’air passe au contact de l’oreille pour capter les différents gaz transcutanés. Il arrive ensuite dans un “renifleur”, un appareil très perfectionné permettant de différencier les gaz.
Pour leur preuve de concept, les chercheurs ont choisi de traquer l’un des VOCs les plus fréquemment dosés : l’éthanol. Ils ont donc testé le dispositif sur trois volontaires, tout en comparant avec des alcootests classiques. D’après les premiers résultats, le taux d’alcoolémie déduit des mesures était similaire à celui donné par le “ballon”.
Du simple alcootest aux analyses médicales
Certes, le groupe de contrôle (trois sujets) est trop restreint pour tirer des conclusions directes, mais il s’agit surtout d’une preuve de concept. Car désormais, l’équipe de recherche va travailler à adapter ce système à d’autres usages médicaux. Comme en témoigne ce document, l’éthanol est loin d’être le seul VOC que l’on trouve dans notre organisme. Si l’équipe parvient à étendre sa méthode à d’autres éléments volatiles de notre sang, elle pourrait constituer une méthode de détection fiable, simple, et surtout non invasive, ce qui est toujours bénéfique en médecine.
Surtout, le fait de pouvoir contrôler ces taux régulièrement et précisément pourrait permettre de creuser certaines pistes de recherches très prometteuses. Par exemple, en 2020, une étude (disponible ici) suggérait que certains VOCs du sang étaient directement liés à des paramètres physiologiques très importants, par exemple au niveau du foie ou des globules blancs. Dans le futur, vous pourriez donc bien subir des analyses médicales grâce à un simple casque ventilé. Et peut-être même que votre casque audio préféré sera un jour capable de tester votre alcoolémie, qui sait !
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