Jugée vieillissante et peu adaptée au marché du cinéma, la chronologie des médias fera l’objet d’une révision dans les prochains mois. En chantier depuis plusieurs années, ce nouveau calendrier se précise, alors que le cinéma français vient de rendre sa proposition. Les différents organismes avaient jusqu’au 31 mars pour rendre un avis sur la question, avant le lancement des discussions sous la houlette du CNC. Le but pour le Centre National du Cinéma et de l’image animée est bien évidemment de prendre en compte l’émergence des nouvelles plateformes comme Netflix ou encore Amazon Prime Video.
Pour rappel, la chronologie des médias définit les délais de diffusion entre les différents supports dans le but de préserver la diffusion en salle. Un film projeté en salle devra attendre environ 3 mois avant d’être vendu en DVD ou VOD. Ensuite, les chaînes de télévision payantes ayant signé un accord avec les organisations du cinéma (comme Canal+ et OCS) pourront diffuser les films sortis en salle au bout de 8 mois. Viennent ensuite les chaînes gratuites investissant 3,2 % de leur chiffre d’affaires dans la création comme TF1 et M6 (22e mois) et enfin les plateformes par abonnement “non-vertueuses” comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video qui peuvent quant à elles rendre disponibles les films au bout du 36e mois. C’est cette chronologie des médias qui empêche par exemple Disney+ de diffuser le dernier Avengers.
Dans un communiqué publié le 6 avril, les organisations françaises comme le BLIC (Bureau de Liaison des Industries Cinématographiques), le BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma) et l’ARP (Société civile des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs), dévoilent leur proposition quant à la révision de la chronologie des médias. Baptisée “scénario BBA”, elle servira de base de réflexion aux discussions qui seront menées par le CNC dans les prochains mois. La proposition tend à simplifier la chronologie actuelle “avec un démarrage des diffusions audiovisuelles six mois après la sortie en salle” rapporte Box Office Pro. Ainsi, les chaînes payantes comme Canal+ ou les plateformes dites “Ultra payante” ayant pris des engagements forts pour soutenir la création, gagneront deux mois. Les plateformes payantes, qui soutiennent le cinéma français, pourront quant à elles, bénéficier d’une fenêtre intermédiaire de 12 mois.
Soutenir la création tout en prenant en compte les plateformes SVOD
Victor Hadida, président du BLIC précise :“cette proposition repose sur le principe fondamental d’une préférence accordée aux diffuseurs signataires d’un accord vertueux interprofessionnel avec le cinéma. Ce prérequis, pour bénéficier d’une fenêtre d’exclusivité plus avancée, permet de privilégier les acteurs allouant une place de choix au cinéma dans leurs programmes, et d’accueillir de façon vertueuse les nouveaux entrants tout en confortant la place des acteurs historiques”. Ainsi, Netflix et ses consorts pourront profiter de délais plus réduits s’ils concèdent à investir une partie de leur capital dans le financement du 7e art.
Reste désormais à voir si les propositions du cinéma français seront retenues à la signature de l’accord définitif. La nouvelle chronologie des médias doit être votée au plus tard en juillet 2021.
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Comment c’est vilain 🙂
il est nécessaire que cela change car les moyens de diffusion ont beaucoup changer et notre façon de regarder les films également mais il est clair par tous que la production cinématographique doit être soutenue.
On est encore loin du compte. ce marché franco-français ultra protégé où on se permet de juger de ce qui est vertueux ou pas (simplement parce qu’on fait partie du club ou non) ne pourra pas perdurer encore très longtemps.
On est simplement dans une jungle où seule la loi du plus fort prévaut. Les salles savent très bien qu’elles ne peuvent survivre sans les grosses machines commerciales hollywoodiennes. Et les exploitants “indépendants” ne sont en fait pas du tout indépendants des subventions “art et essai” d’état qui compensent sur des fonds publiques le manque à gagner commercial. Tout cela afin de permettre de continuer le rêve car la réalité du marché ferait très mal.
Le discours de façade est la culture mais la réalité est toujours la même : l’argent et les affaires. Et ce n’est pas un problème en soi. Ce qui est un problème c’est cette schizophrénie française de ne pas l’assumer.
Quand Disney et les autres feront (au niveau mondial) de nouveaux calculs (ils les ont déjà fait depuis longtemps, d’ailleurs), ils pencheront de plus en plus pour ne PLUS sortir les films en salles plutôt que d’attendre un an avant d’avoir le “droit” d’exploiter leurs propres productions sur leurs propres plateformes ! Ce qui est tout de même un comble.
C’est ridiculement franco-français, encore une fois, de penser que l’on peut influer sur ce qui n’est qu’une industrie de divertissement mondialisée.
D’autre part, pour imposer une telle vision hexagonale du cinéma et je sais, ça fait mal à l’ego de certains (et très certainement encore plus mal au compte en banque d’autres) il faudrait pouvoir être exemplaire et inspirer le respect. Soyons honnêtes deux minutes : il reste des gens très bien dans le métier mais globalement, le cinéma français n’apporte plus rien d’intéressant au monde depuis longtemps… (Il y a toujours des exceptions, encore une fois et bien sûr mais pas plus en France qu’ailleurs) … “Le 7ème art”, “l’exception culturelle” sont des concepts qui ont vécu. Il faut s’y faire. Ceux qui ne s’y feront pas peuvent continuer de pavoiser à Cannes entre deux “private jokes” (qui ne font plus rire personne, d’ailleurs) mais l’avenir ne pourra pas leur donner raison encore longtemps.
Ils vont rire jaune quand Disney va enlever les film Marvel du cinéma pour les mettre directement sur leur plateforme
Insupportable cette chronologie des médias !!!