Après avoir vivement critiqué le monopole de Marvel dans les salles obscures, Martin Scorsese s’attaque cette semaine aux plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime Video. Dans un long essai sur le cinéma de Federico Fellini, publié dans le Harper’s Magazine, le réalisateur interroge les nouveaux modes de consommation du 7e art et la dynamique de recommandation des diverses plateformes. Il regrette que ces plateformes aient “engendré une situation où tout est présenté au spectateur sur le même niveau, ce qui semble démocratique, mais ne l’est pas. Si les visionnages suivants sont suggérés par les algorithmes basés sur ce que vous avez déjà vu, et que ces suggestions sont seulement fondées sur un sujet ou un genre, alors quel est l’impact sur le cinéma ?” Il défend la programmation qu’il considère comme un acte de générosité, “vous partagez ce que vous aimez et ce qui vous inspire. Les algorithmes, par définition, sont basés sur des calculs qui considèrent les spectateurs comme des clients et rien d’autre”.
"You can say a lot of things about Fellini’s movies, but here’s one thing that is incontestable: they are cinema. Fellini’s work goes a long way toward defining the art form."
-Scorsese on Fellinihttps://t.co/8gE9B7e5JN— Harper's Magazine (@Harpers) February 16, 2021
“Contenu est devenu un terme commercial pour toutes les images en mouvement”
“L’art du cinéma est systématique dévalorisé, mis à l’écart, humilié et réduit à son plus petit dénominateur commun, le contenu. Il y a encore 15 ans, le terme contenu est utilisé lorsque les gens discutaient sérieusement du cinéma, et il était mis en contraste et mesuré par rapport à la forme. (…) Contenu est devenu un terme commercial pour toutes les images en mouvement : un film de David Lean, une vidéo de chat, une publicité du Super Bowl, un film de super-héros, un épisode de série.” On notera néanmoins que les plateformes de streaming permettent aussi de financer des films qui font peur aux pontes d’Hollywood. Le réalisateur en a lui-même profité avec son dernier long-métrage de fiction : The Irishman. Il réitérera d’ailleurs, cette fois-ci sur Apple TV+, pour Killers of The Flower Moon avec Léonardo DiCaprio et Robert DeNiro. Si la volonté de Netflix et ses consœurs, à produire ce genre de films, est moins motivée par l’amour du cinéma que l’envie de s’adresser à un nouveau genre de consommateurs, la fin justifie parfois les moyens. On vous invite à lire plus en détail l’essai publié dans Harper’s Magazine. Les anglophones pourront le faire à cette adresse.
[amazon box=”B00UGPSNS0″]
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
Le titre est très racoleur. Il ne s’attaque pas aux services de streaming en tant que tel, il soulève une problématique qui existe, qui est assez intéressante d’ailleurs, où on se demande un peu légitimement si on ne tend pas vers un avenir façonné par une bataille de contenu de plus en plus assumée, peut-être de moins en moins ambitieux sur le plan artistique, de plus en plus formaté, calibré, voir aseptisé. Je ne dis pas que c’est la réalité mais ça reste une crainte assez légitime je trouve, en tout cas les réflexions autour reste intéressantes.