Chaque année, la Fondation Nobel et l’Académie royale des sciences de Suède saluent les plus grands travaux scientifiques mais aussi en matière de diplomatie et de culture, à travers la plus grande récompense de notre époque : les prix Nobel. Suite à la clôture de la cérémonie aujourd’hui, le Journal du Geek se propose de vous la récapituler ci-dessous.
Prix Nobel de médecine, pour la découverte du virus de l’hépatite-C
Le prix Nobel de médecine (ou de physiologie) 2020 a été décerné aux anglo-saxons Harvey Alter, Michael Houghton et Charles Rice pour leurs travaux respectifs sur le virus de l’hépatite C. Le premier l’aurait découvert dans les années 1970, chez des malades exposés à du sang contaminé. Le deuxième l’a décrit, pour la première fois comme un virus hépatique à part entière, en 1989. Le dernier, quant à lui, a grandement contribué à comprendre son fonctionnement microbiologique dans les années 2010. L’an dernier, le prix avait été décerné aux Américains William G. Kaelin Jr et Gregg L. Semenza et à leur complice britannique, Sir Peter J. Ratcliffe, pour leur découverte de l’oxygénation des cellules.
Prix Nobel de physique : la tête dans les trous noirs
Cette année, le prix Nobel de physique a été partagé en deux. D’un côté, Sir Roger Penrose, mathématicien et astrophysicien d’Oxford, a été récompensé pour “la découverte que la formation de trous noirs est une prédiction robuste de la théorie de la relativité générale.” De l’autre, Reinhard Genzel, astrophysicien allemand, et l’astronome américaine Andrea Ghez ont été salués pour la “découverte d’un objet compact supermassif au centre de notre galaxie” – à savoir, le trou noir Sagittarius A* au niveau du bulbe galactique de la Voie lactée. En 2019, les Suisses, Michel Mayor et Didier Queloz, ont reçus le fameux prix pour la découverte de la première exoplanète et l’Américain, James Peebles, pour ses travaux en cosmologie physique.
Prix Nobel de chimie, au futur signé CRISPR/Cas-9
La Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer A. Doudna ont reçu le prix Nobel de chimie pour leur formulation de l’outil d’édition du génome, CRISPR-Cas9, en 2012. Désigné comme des ciseaux moléculaires, CRISPR/Cas-9 dérive d’une nucléase, une enzyme défensive bactérienne, qui peut couper l’ADN. Utilisé en génie génétique, il peut remplacer ou corriger un gène sur demande. L’une des deux lauréates, Jennifer Doudna, en a profité pour publier son livre “Un coup de ciseaux dans la Création” (chez H&O Editions). Un trio, inventeur des batteries au lithium-ion, constitué d’un Américain, d’un Britannique et d’un Japonais avait été récompensé en 2019 : John B.Goodenough, M.Stanley Whittingham et Akira Yoshino.
Le prix Nobel, comment ça marche ?
A sa mort en 1896, Alfred Nobel, l’inventeur suédois de la dynamite, a exigé qu’une partie de sa fortune de plusieurs milliards de couronnes suédoises soit utilisée pour récompenser des individus, peu importe leur nationalité, qui ont rendu de grands services à l’humanité, à travers des progrès dans le domaine des sciences et de la culture.
Depuis 1901, selon sa volonté, la Fondation Nobel fait ainsi appel chaque année à l’Académie royale des sciences de Suède (composant donc un jury exclusivement suédois et, pour le prix Nobel de la paix, norvégien), à Oslo, pour décerner les fameux prix. Sélectionnés parmi des propositions présentées seulement par des confrères, des gouvernements ou d’anciens lauréats, les lauréats (limités au nombre de trois par catégorie) reçoivent une médaille, un diplôme et une somme de huit millions de couronnes (environ un million d’euros).
Prix Nobel de la paix : nourrir l’humanité
En plus des trois prix scientifiques principaux, le prix Nobel le plus prestigieux est peut-être celui de la paix. En 2020, il a été donné au Programme alimentaire mondial (PAM), organisme d’aide alimentaire de l’ONU et de la FAO mais surtout l’une des plus grandes agences humanitaires luttant contre la faim dans le monde depuis 1961. Il a été récompensé pour “ses efforts de lutte contre la faim, pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par les conflits et pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre.” En 2019, il a été décerné au Premier ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed Ali, pour la réconciliation de son pays avec l’Érythrée.
Prix Nobel de littérature, pour un peu de poésie en 2020
Le prix Nobel de littérature va, cette année, à la poétesse américaine, Louise Glück, “pour sa voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l’existence individuelle universelle.” Pour rappel, l’an dernier, les prix 2019 et 2018 – respectivement, à l’Autrichien Peter Handke et à la Polonaise Olga Tokarczuk – ont été décernés suite à la dissolution temporaire du jury littéraire, conséquence d’un scandale #MeToo entourant l’un des membres du jury.
Prix Nobel d’économie, pour des enchères plus équitables
Enfin, aujourd’hui à 11h45 à Oslo, Paul R. Milgrom et Robert B. Wilson ont reçu le prix en sciences économiques de la Banque de Suède “pour leurs améliorations apportées à la théorie des enchères et à leur innovation dans le nouveau format des enchères”, qui auraient bénéficié “aussi bien les acheteurs, les vendeurs que la société elle-même.” En 2019, un trio, composé de l’Indien Abhijit Banerjee, la Française Esther Duflo et l’Américain Michael Kremer, avait été salué pour avoir consacré leurs travaux à la réduction de la pauvreté dans le monde.
Les prix Ig-Nobel 2020, pour féliciter la science absurde
Chaque année, depuis 1991, le magazine scientifique satirique, The Annals of Improbable Science, décerne une série de prix Ig-Nobel (pour jouer sur le mot “ignoble” en anglais) un mois avant la cérémonie très sérieuse des Nobel. Ils ont pour but de saluer les (véritables) travaux scientifiques en apparence absurde mais qui font réfléchir dans des domaines peu conventionnels. Cette année, la trentième consécutive, les prix Ig-Nobel ont été décernés à :
- Stephan Reber, Takeshi Nishimura, Judith Janisch, Mark Robertson et Tecumseh Fitch, en Acoustique, pour avoir étudié les changements dans les sons émis par une femelle alligator de Chine dans une pièce étanche mais pleine d’hélium ;
- Miranda Giacomin et Nicholas Rule, qui ont décrit une méthode en Psychologie capable d’identifier des personnes narcissiques en fonction de la forme de leurs sourcils ;
- en matière de “Paix”, aux gouvernements Indien et Pakistanais, après avoir envoyé leurs diplomates rendre visite à leurs ambassades respectives au milieu de la nuit avant de partir en courant ;
- Ivan Maksymov et Andriy Pototsky, en Physique, suite à leur étude de la forme des vers de terre selon les effets des vibrations à haute fréquence ;
- en Économie, à Christopher Watkins, Juan David Leongómez, Jeanne Bovet, Agnieszka Żelaźniewicz, Max Korbmacher, Marco Antônio Corrêa Varella, Ana Maria Fernandez, Danielle Wagstaff et Samuela Bolgan, pour avoir examiné le lien entre la popularité du baiser sur la bouche et le PIB ainsi que les inégalités socio-économiques d’un pays.
- en “Management”, à cinq tueurs à gage (Xi Guang-An, Mo Tian-Xiang, Yang Kang-Sheng, Yang Guang-Sheng et Ling Xian Si) qui auraient relayé la mission confiée au suivant.
- à Richard Vetter, chercheur en Entomologie, qui a prouvé que beaucoup de ses confrères étaient arachnophobes – même si les araignées ne sont pas des insectes.
- à Nienke Vulink, Damiaan Denys et Arnoud van Loon, en Médecine, pour leur description de la misophonie, un trouble ressenti lorsqu’une personne est dérangée par un bruit insupportable comme la mastication.
- en “Éducation médicale”, à Jair Bolsonaro du Brésil, Boris Johnson du Royaume-Uni, Narendra Modi d’Inde, Andrés Manuel López Obrador du Mexique, Alexandre Loukachenko de Biélorussie, Donald Trump des Etats-Unis, Recep Tayyip Erdogan de Turquie, Vladimir Poutine de Russie et Gurbanguly Berdimuhamedow du Turkménistan, pour avoir montré – durant la pandémie actuelle de COVID-19 – qu’un politicien pouvait avoir plus d’incidence sur la vie et la mort de ses concitoyens qu’un scientifique ou un médecin.
- et enfin, à Metin Eren, Michelle Bebber, James Norris, Alyssa Perrone, Ashley Rutkoski, Michael Wilson et Mary Ann Raghant, en Sciences des matériaux, pour avoir démontré l’inefficacité d’un couteau fabriqué à partir d’excréments humains congelés.
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les ig prix Nobels, quelle rigolade!