Passer au contenu

Découverte de traces de vie sur Vénus ? On vous explique tout

Des chercheurs anglais et américains confirment la présence de phosphine, PH3, dans l’atmosphère de Vénus. Selon eux, il s’agit très probablement d’une “biosignature” – le marqueur indéniable de l’existence d’une forme de vie. D’autres scientifiques demandent encore à voir.

Crédits : Bruno Albino / Pixabay.

Une pression de 90 atmosphères à la surface pour 450°C en moyenne, contre 20°C en altitude dans des nuages extraordinairement corrosifs car concentrés à 90% de soufre : comment peut-on envisager l’existence de la vie dans des conditions pareilles ? Pourtant, des chercheurs britanniques et américains l’envisagent aujourd’hui à travers une nouvelle découverte. Dans une étude publiée hier dans Nature Astronomy, des scientifiques de l’université de Cardiff ou encore de l’Institut technologique du Massachusetts (MIT) affirment avoir détecté la présence de phosphine, PH3, dans l’atmosphère de notre voisine, Vénus. L’astrophysicienne Jane S. Greaves et ses collègues ont en effet reconnu sa signature spectrale en étudiant très précisément les caractéristiques lumineuses de l’atmosphère vénusienne à l’aide de deux radiotélescopes : l’ALMA (ou “Atacama Large Millimeter Array”) du Chili et le JCMT (ou “James Clerk Maxwell Telescope”) de Hawaï.

Cette molécule, produite en milieu industriel pour la fumigation (l’extermination de nuisibles par un gaz), n’aurait aucune autre raison d’y être que grâce à des micro-organismes extrémophiles (c’est-à-dire, qui résistent à des conditions environnementales qui ne devraient pas garantir la survie de la majorité des êtres vivants). Les chercheurs ont essayé de déduire sa présence de plusieurs hypothèses abiotiques relatives à des processus physico-chimiques non-organiques : volcanisme, apport micrométéoritique, réaction en chaînes due à la foudre, etc. D’après eux, aucune ne parvient à justifier la présence d’une telle quantité de phosphine mesurée dans l’atmosphère de notre planète-jumelle, à savoir 20 ppm (parties par milliard). En conséquence, les astrophysiciens et exobiologistes se demandent effectivement si cette phosphine vénusienne n’est pas une biosignature – un marqueur de vie. “Le PH3 pourrait provenir de processus photochimiques ou géochimiques inconnus ou, par analogie à sa production biologique sur Terre, d’une forme de vie”, conclut l’étude.

Sur Terre, en milieu naturel extrême, des bactéries anaérobies (qui survivent sans oxygène), capables de survivre dans 5% d’acide, émettent du PH3 par corrosion du fer. Si, certes, ce mode de vie extrême existe, il reste néanmoins loin des conditions hyper-acides de l’atmosphère vénusienne. En outre, rappelons que le phosphore (P) est un élément chimique essentiel à la vie terrestre, car il fait partie intégrante des molécules de notre ADN. Néanmoins, son existence n’est pas exclusivement liée à la vie. L’atmosphère de planètes gazeuses où la vie semble définitivement impossible, comme Jupiter et Saturne, contient aussi du PH3, dont l’origine non-organique est déjà renseignée. Selon plusieurs hypothèses, le phosphore aurait même été importé dans le système solaire il y a des milliards d’années, par le biais de météorites.

Phosphine vénusienne : biosignature ou simple anomalie ?

De nombreux scientifiques extérieurs à l’étude se montrent donc réticents à parler tout de suite de biosignature, ou biomarqueur, pour cette phosphine vénusienne. “Ce n’est en effet pas parce que la vie peut produire une molécule que la présence de cette molécule implique la vie”, souligne l’astrophysicien français du CNRS, Franck Selsis, à Futura-Sciences. D’après lui, et d’autres spécialistes, l’étude publiée dans Nature Astronomy ne relève pas de la découverte d’une biosignature mais de la simple mise en évidence d’une anomalie – autrement dit, une observation encore inexpliquée. Pour confirmer le lien entre la phosphine vénusienne et une présence de vie extraterrestre dans les nuages de Vénus, il faudra de nombreux éléments supplémentaires aux scientifiques et en particulier des données in situ. Les découvreurs en ont d’ailleurs bien conscience et encouragent aujourd’hui “l’envoi d’un aéronef sur Vénus [tel que BREEZE ; ndlr] qui pourrait prendre des échantillons capables de valider la présence de PH3 dans l’atmosphère et peut-être d’offrir des indices de sa provenance.”

[amazon box=”B089Q46LDZ”]

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

5 commentaires
  1. ” L’atmosphère de planètes gazeuses où la vie semble définitivement impossible, comme Jupiter et Saturne, contient aussi du PH3, dont l’origine non-organique est déjà renseignée.”
    Ah ! bizard, sur ces planètes on sait pourquoi (à priori des meteorites contenant du phosphore) mais pour Venus ça cloche ? les quantités sont trop grandes pour cette theorie ? je ne comprend pas bien, ce n’est pas clair tout ça.

  2. Aussi je suis étonné que la spectrométrie de l’athmosphère de Venus nous apporte encore des nouveautés. Venus et Mars sont les planètes les plus proches, la spectrométrie de leur atmosphere a d^etre réalisée à maintes reprises depuis des siècles ! Comment peut on faire une telle decouverte en 2020 ? Est-ce un phénomène nouveau ?

  3. Ca aurait pu être une bonne réponse car j’y ai pensé mais non 🙂
    Puisque les scientifiques ont découvert ce PH3 en plus petite quantité sur des planètes beaucoup moins rayonnantes en luminosité (donc spectrometrie plus compliquée) : Apparament sur Jupite et Saturne. Mais pour elles, ce serait dû aux comètes/météores.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode