L’eau est omniprésente sur Terre. En plus d’être indispensable à la vie telle qu’on la connaît, elle recouvre près de 80% de la surface totale du globe. C’est même grâce à elle que notre planète est surnommée la Planète Bleue. Pourtant, l’origine de ces 1,386 milliard de km3 de liquide est encore au centre du débat scientifique. Hier, une équipe de chercheurs français du CNRS a publié une étude particulièrement intéressante sur ce sujet. D’après leurs travaux, les roches qui ont formé notre planète pourraient bien être les responsables de cette abondance d’eau. Une affirmation qui contredit en partie la théorie selon laquelle l’eau aurait été apportée bien après la formation de la Terre.
Des cailloux vieux comme le monde
Jusqu’à aujourd’hui, on considérait qu’à l’époque de la formation de la Terre, la température du système solaire était trop élevée pour que la Terre primitive ait pu receler de l’eau. À la place, elle serait arrivée par l’intermédiaire des astéroïdes et comètes qui l’ont bombardée. Mais cette théorie vient de prendre du plomb dans l’aile suite aux découvertes de l’équipe du Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques de Nancy. D’après eux, il est tout à fait plausible que cette eau était déjà présente dans les roches dont est constituée la Terre. Mais jusqu’à aujourd’hui, cette quantité d’eau n’a jamais été déterminée avec précision.
Pour y parvenir, l’équipe dirigée par Laurette Piani s’est concentrée sur un type de météorite particulier : les chondrites, et plus précisément une sous-catégorie rare appelée chondrites à enstatites. Ces morceaux de roche sont parmi les objets les plus anciens de notre univers, avec un âge de l’ordre de 4,5 milliards d’années. Elles ont la particularité d’avoir une composition similaire à celle de la Terre, si bien que nous sommes aujourd’hui presque sûrs qu’elle a été formée à partir de chondrites à l’origine.
L’eau pourrait être présente depuis le début
L’équipe de recherche s’est concentrée sur des échantillons ayant échappé à tout chauffage intense lors de leur vie. Leur composition n’a donc quasiment pas changé, et elle reste assez proche de celle de la Terre d’origine. Les chercheurs en ont mesuré la teneur en hydrogène, un atome qui rentre dans la composition chimique de l’eau. Et le résultat était assez inattendu. Les quantités d’hydrogène mesurées semblent indiquer que les roches de la Terre primitive recelaient de quoi fournir plus de trois fois la masse d’eau actuellement présente sur Terre. Encore mieux : la composition isotopique (une manière parmi d’autres de déterminer l’origine d’un élément) de l’hydrogène des chondrites était “similaire à celle de l’eau stockée dans le manteau terrestre”.
La Terre primitive était donc probablement gorgée d’eau qui ne demandait qu’à passer sous forme liquide. Tous ces résultats n’excluent pas un apport ultérieur par d’autres sources. À vrai dire, les deux phénomènes ont vraisemblablement joué un rôle. Mais l’apport extérieur en eau était certainement beaucoup plus faible que prévu. Cette étude constitue donc une “pièce cruciale et élégante de ce puzzle” d’après Anne Peslier, chercheuse à la NASA.
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