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E3, CES… le Covid-19 a-t-il tué les salons tech et jeu vidéo ? 

L’E3, le CES, l’IFA, l’EVO… De très nombreux rassemblements du monde de la tech et des jeux vidéo se sont retrouvés impactés, voire carrément annulés par la crise du coronavirus. Au point d’envisager un changement de format ?

© CES

2020 restera dans les annales comme ‘l’année du Covid”. Tous les secteurs d’activité ont été plus ou moins touchés, et le coeur de la culture geek n’y a pas échappé. Parmi les victimes de la pandémie, on peut évidemment citer de grands salons qui constituaient jusqu’à présent des rendez-vous incontournables pour les passionnés et la presse spécialisée… jusqu’à leur annulation pour cause de pandémie. L’E3, la grand-messe du jeu vidéo a ainsi été purement et simplement annulée. Pour la première fois depuis les débuts de l’événement, en 1995, les fans n’auront donc pas droit à leur grand rendez-vous annuel. Mais avec quelles conséquences ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre Ryan Janes, de gamesindustry, dans un billet très intéressant.

À première vue, la réaction logique serait de se dire que les studios, et même l’ensemble du secteur allaient souffrir de cette annulation, mais la réalité est bien plus nuancée. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil aux chiffres d’audience. D’après les données récoltées par gamesindustry.biz, non seulement les jeux ne souffriraient pas forcément de l’absence de l’E3 mais ils pourraient même en bénéficier ! Sur les 72 heures qui ont suivi l’annonce, Assassin’s Creed Valhalla a par exemple été plus suivi que n’importe quel autre jeu annoncé à l’E3 2019. Il s’agissait pourtant d’une cuvée avec des noms générateurs de trafic, comme Star Wars : Jedi Fallen Order, ou encore Elder Ring, le prochain titre de FromSoftware. Le site précise également que ses observations sont également valables pour des jeux moins exposés.

Sans pour autant tirer de conclusions hâtives, un petit tour de notre côté sur Google Trends semble corroborer une partie des conclusions de gamesindustry. Certes, il ne s’agit pas des mêmes données mais elles illustrent la même tendance : sur ce graphique, on constate par exemple que The Legend of Zelda: Breath of the Wild 2, a beaucoup moins agité la toile lors de son annonce à l’E3 2019 que le dernier Assassin’s Creed. Même l’annonce du prochain Crash Bandicoot a causé plus de remous ! Étonnant, quand on connaît l’immense popularité de la franchise Zelda et le succès phénoménal du premier Breath of the Wild.

La courbe des tendances relevées par Google pour Assassin’s Creed : Valhalla (en bleu), Legend of Zelda : Breath of the Wild 2 (en rouge) et Crash Bandicoot 4 : It’s About Time (en jaune). Le pic rouge correspond à l’annonce de Breath of the Wild 2 à l’E3 2019. © Google Trends

Encore plus frappant : sur une durée d’une semaine après l’annonce, les jeux annoncés au cours de leur propre événement ont généré en moyenne 22% de trafic supplémentaire par rapport à ceux annoncés à l’E3 2019. Les titres annoncés de façon isolée bénéficient même de 60% de couverture supplémentaire en moyenne. Et cette tendance ne concerne pas que les médias spécialisés, mais aussi les réseaux sociaux puisque des résultats comparables ont été repérés par gamingindustry sur YouTube, Twitter et Facebook avec une nette domination des titres annoncés au cours de l’été 2020, sans E3.

Pourquoi ces résultats ? Les hypothèses sont multiples. L’une des plus évidentes est qu’en annonçant des jeux tour à tour plutôt que tous ensemble au cours d’un même événement ultra-médiatisé, les studios évitent de se marcher sur les pieds de de phagocyter l’attention dont aurait pu bénéficier leur voisin. Mais tout n’est pas si simple, car en répartissant ainsi les annonces, cela devient d’autant plus difficile pour les spectateurs de s’y retrouver, avec comme conséquence des résultats à la traîne. Certains événements en ligne organisés sur plusieurs jours, comme l’IGN Expo par exemple, en ont fait les frais avec des chiffres d’audience en berne.

Les salons tech et les grandes compétitions également concernées

Malgré cet échantillon qui demeure encore trop petit pour tirer des conclusions définitives, la tendance à la dématérialisation semble en tout cas se poursuivre et on peut légitimement se demander si d’autres grands événements du milieu pourraient être concernés. L’édition physique de l’IFA et du CES, deux des principaux salons mondiaux de la tech, ont par exemple été annulés au profit d’éditions entièrement en ligne. Il sera donc très intéressant d’en suivre les retransmissions, mais également les retombées. Car à l’origine, ces éditions en ligne ont été pensées comme une manière de limiter les dégâts; mais en cas de succès, on pourrait imaginer que les organisateurs décident de réitérer l’expérience, même si toutes les conditions sanitaires étaient favorables à la tenue d’un salon. Cela leur permettrait de s’économiser la logistique extrêmement lourde qui se cache derrière l’organisation d’un tel événement, et l’impact écologique lié aux dizaines de milliers de visiteurs qui s’y déplacent. En contrepartie, cela les priverait également de la proximité et des échanges entre visiteurs et exposants qui font tout l’intérêt de ces manifestations.

Crédits : EVO 2K VIds.

Pour d’autres événements, comme les compétitions de jeux vidéo, la question se pose également mais les organisateurs semblent particulièrement attachés à ces événements hors ligne. L’édition 2020 de l’EVO, la grand-messe des jeux de combat, a été purement et simplement annulée sans édition en ligne, les organisateurs ne souhaitant pas sacrifier l’aspect théâtral et la ferveur qui y règne. The International, l’immense “championnat du monde” de Dota II, a été repoussé sans date de report. Du côté de Counter-Strike : Global Offensive, le Major de Cologne a été annulé mais ne sera pas remplacé en tant que tel. Autant d’exemples qui montrent que les événements physiques ne sont pas devenues obsolètes, en particulier dans le cadre de compétitions. Mais de la même façon qu’elle nous a forcé à repenser certains aspects de la société, la crise du coronavirus pourrait bien forcer les acteurs du jeu vidéo et même de la tech en général à repenser le modèle de ces grands rassemblements pensés pour les geeks sur la base d’outils comme le streaming, et bientôt, pourquoi pas, la réalité virtuelle.

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