À moins de vous être mis au vert pendant une très longue période, vous avez très certainement déjà vu passer le nom de TikTok. Cette application basée sur des vidéos courtes, généralement avec un ton plutôt humoristique ou artistique, connaît une croissance phénoménale depuis quelques mois. Mais après le succès fulgurant, l’application rencontre aussi ses premiers obstacles ces dernières semaines. Parmi ceux-ci, on peut notamment citer l’interdiction de l’application chinoise en Inde, sur fond de tensions géopolitiques.
Pour TikTok, cela représente une perte sèche de plusieurs millions d’utilisateurs potentiels. Mais tout le monde n’est pas à plaindre dans cette affaire… et certainement pas Roposo. Si son nom ne vous dit rien, c’est que l’application au principe similaire est encore très peu répandue dans nos contrées. Malgré le fait qu’elle existe depuis 2014, elle n’avait pas spécialement fait parler d’elle en dehors du pays avant l’interdiction de son concurrent. Mais depuis, c’est une autre histoire : le départ de TikTok du pays des vaches sacrées a créé un gigantesque appel d’air, et des milliers de nouveaux utilisateurs se ruent désormais sur la plateforme. Selon Bloomberg, l’application enregistrerait la bagatelle de 500.000 téléchargements par heure, avec un pic à 22 millions d’utilisateurs en 48 heures début juillet, d’après Reuters. Et avec pas moins de 200 millions d’indiens orphelins du réseau chinois, on peut s’attendre à ce que cette transhumance numérique continue de battre des records.
Une opportunité inespérée pour toute la tech indienne
Mais cette situation serait même en train de dépasser le simple exemple de Roposo. Il est désormais de notoriété publique que l’Inde représente un marché stratégique pour la technologie, avec environ un demi-milliard d’internautes qui évoluent dans un environnement numérique en plein boom. Il n’est donc pas étonnant que des entreprises comme Facebook, Amazon ou encore Google (qui vient d’investir 10 milliards de dollars dans le pays) ne fassent les yeux doux au pays des maharajas. Mais si l’intérêt des GAFAM représente une vraie opportunité de développement, c’est aussi un partenariat qui peut installer une forme de dépendance. Dans ce contexte, le bannissement de grands noms de la tech chinoise comme Alibaba ou Tencent pourrait bien réorganiser tout l’économie digitale du pays et lui offrir une nouvelle source de compétitivité.
D’après Naveen Tewari, fondateur de la startup qui possède Roposo interrogée par Bloomberg, la décision des autorités indiennes a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des startups qui développent des applications mobiles. “Les effets combinés du coronavirus et du bannissement de ces applications représente une opportunité comme nous n’en avons jamais eu, et n’en aurons plus jamais”, indique l’analyse Manjinath Bhat. “Nous avons une chance de devenir le quatrième hub technologique mondial, après les États Unis, la Chine et la Russie”, renchérit Naveen Tewari.
Ce conflit entre les indiens et les chinois pourrait donc bien entraîner un boom sans précédent du secteur dans le pays. Au point d’en faire la superpuissance numérique que certains anticipent ? Seul l’avenir le dira. Mais une chose est sûre : avec un secteur au dynamisme sans équivalent à l’échelle de la planète et plusieurs centaines de millions d’internautes qui ne demandent qu’à devenir des acteurs de cette nouvelle économie, le pays dispose de tous les ingrédients pour prendre en main son avenir technologique et s’assurer une relative autonomie vis-à-vis des leaders de ce marché.
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