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Voiture autonome : l’ONU impose une boîte noire et une vitesse limite

Un règlement émis par l’ONU a redéfini les conditions d’accès au marché pour les futurs véhicules autonomes qui pourraient peupler nos routes d’ici quelques décennies. L’organisation se montre prudente, avec une liste de règles souvent de bon sens, mais aussi relativement contraignante… au point de jeter un coup de froid sur la filière ?

Avec leur Autopilot, les Tesla sont l’un des exemples de voiture “autonome” les plus avancés. © David Von Diemar – Unsplash

Il y a trois semaines, l’ONU a publié ce qui s’apparente à une toute première réglementation officielle en termes de voitures autonomes, qui sera adoptée par une soixantaine de pays. Il s’agit de la toute première norme internationale légalement contraignante en la matière. En pratique, cette décision impose des restrictions très importantes aux constructeurs. Plus précisément, ce règlement s’appliquera à tous les véhicules disposant d’un système ALKS (système automatisé de maintien de la trajectoire), ce qui comprend le système Autopilot de Tesla, par exemple. Voici les principaux points de cette réglementation :

  • La conduite autonome ne pourra s’activer que lorsqu’une personne physique prendra place dans le siège conducteur et attachera sa ceinture de sécurité
  • Elle ne pourra pas être utilisée sur des routes où les voitures côtoient cyclistes et piétons
  • Elle ne pourra pas être utilisée sur des routes sans séparateur central
  • En mode autonome, ces véhicules seront bridés à 60km/h
  • Tous les écrans multimédia se déconnectent dès la fin de la conduite autonome
  • La conduite autonome sera tributaire d’un certain nombre de capteurs qui vérifieront que le conducteur est dans la capacité de reprendre le contrôle du véhicule
  • Le véhicule devra impérativement être équipé d’une boîte noire qui s’activera pour chaque séquence de conduite autonome
  • Les systèmes de conduite autonome devront être mis à jour très régulièrement

Si ces restrictions vous semblent sévères, l’ONU précise cependant qu’il ne s’agit que d’une “introduction” et qu’il faut s’attendre à ce que cette liste soit étoffée et remaniée à moyen terme. L’organisation précise qu’il s’agit d’une “étape importante vers un déploiement plus large des véhicules autonomes, pour une mobilité plus sûre et plus durable de tous”. Certains de ces points semblent relativement indiscutables. Par exemple, ceux qui imposent au conducteur d’attacher sa ceinture de sécurité ou qui forcent l’arrêt des écrans, semblent être le fruit du bon sens. De même, on ne peut que se féliciter que l’aspect cybersécurité soit pris en compte et imposé légalement. Mais quand bien même l’ONU présente ce règlement comme une mesure facilitatrice, il n’est pas certain que les constructeurs, et même les usagers ne l’entendent de la même oreille. Cela représente un jeu de contraintes plutôt importantes, certes parfaitement justifiables pour la plupart mais donc certaines interrogent et semblent même un brin contradictoires.

Un coup d’arrêt ou un tremplin ?

Par exemple, il semble un petit peu curieux de brider la conduite autonome à 60km/h alors même qu’elle ne pourra être utilisée que sur des voies avec séparateur central… qui sont presque toutes des voies rapides en France . De même, on s’interroge sur la règle qui interdit son usage à proximité des cyclistes et piétons dans la mesure où l’un des principaux intérêts théoriques de la voiture autonome est d’éliminer une bonne partie de l’erreur humaine pour protéger les usagers de la route plus vulnérables. Enfin, on imagine assez facilement que beaucoup d’usagers pourraient avoir un problème avec le fait d’embarquer une boîte noire et un système de capteurs censés analyser vos moindres faits et gestes. Certes, le principe semble vertueux et a clairement vocation à garder le conducteur mobilisé, mais on voit d’ici venir le sempiternel – mais néanmoins légitime – refrain sur la protection des données personnelles.

L’ONU a-t-elle tué l’espoir de voir émerger un marché de l’automobile autonome dans un avenir proche ? Certainement pas, mais on imagine volontiers que les plans de certains constructeurs ont du prendre du plomb dans l’aile. Les leaders asiatiques du secteur ne devraient pas en souffrir outre mesure, dans la mesure où plusieurs d’entre eux – le Japon en tête – ont participé activement à la mise en place de cette régulation. En revanche, du côté des États-Unis – autre leader mondial du secteur- on imagine volontiers que cette mesure pourrait faire grincer des dents. Le pays ne fait pas partie du Forum Mondial et n’est donc techniquement pas soumis à ces directives, mais dans les faits, ses constructeurs seront forcés de s’y plier sous peine d’être privés du reste du marché mondial. Une perspective difficilement envisageable, quand on voit les moyens colossaux déployés par de nombreuses marques pour arriver à une voiture autonome le plus vite possible. Reste à voir si ce règlement sera de nature à ralentir significativement le déploiement de cette technologie, ou si, comme annoncé par l’ONU, il permettra de l’accélérer.

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9 commentaires
  1. Oui mais si les américains ne peuvent commercialiser leurs véhicules en dehors des usa, c’est pas viable économiquement

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