Fixer une lumière rouge trois minutes par jour pourrait améliorer la vision

Des scientifiques anglais ont annoncé avoir fait une découverte qui regorge d’applications potentielles à court terme. Les chercheurs ont proposé à 24 personnes âgées de 15 à 72 ans de fixer une “torche” de lumière rouge pendant trois minutes par jour. Ils ont ensuite testé leur vision dans le noir (qui sert à tester les bâtonnets de la rétine), puis leur vision du contraste des couleurs (pour tester les cônes de la rétine). Tous les patients au-delà de 40 ans auraient fait état des progrès notables sur ces deux critères, de quoi susciter un certain enthousiasme quant aux possibilités d’en faire un véritable traitement.

Une histoire d’énergie

Pour identifier le mécanisme en jeu, il faut pénétrer au cœur des cellules et s’intéresser aux petites structures qu’elles renferment : on parle d’organites. Un petit peu comme nos organes humains, chacun de ces organites a une fonction bien précise et indispensable au bon fonctionnement de la cellule. Parmi ces organites, il y a notamment la mitochondrie, siège d’une série de réactions extrêmement complexes indispensables à de très nombreux processus comme la communication et la différenciation cellulaire… Mais surtout, elles sont connues pour recycler l’ATP, qui peut schématiquement être assimilé à l’unité énergétique de base de notre organisme. Nous vous passerons le détail de ce processus nommé cycle de Krebs, dont la simple évocation peut déclencher un syndrome post-traumatique chez certains étudiants en biologie. Ce qu’il faut en retenir, c’est simplement que la mitochondrie joue un rôle clé dans la production d’énergie au sein des cellules.

Cela fait déjà plus de dix ans que l’on sait qu’une lumière rouge, ou dans l’infrarouge proche (NIR) peut exciter une mitochondrie et stimuler sa production d’ATP. Cela a très rapidement conduit à une vague de traitements très à la mode, qui promettent monts et merveilles grâce à une thérapie à base de lumière rouge : soigner des plaies, réduire une inflammation, faire repousser des cheveux… Mais à l’heure actuelle, nous ne disposons toujours pas du recul nécessaire pour être certains du bénéfice thérapeutique réel. Par contre, même dans un essai sur un panel assez réduit d’individus comme celui-ci, il est assez rare d’observer une réaction aussi marquée à un traitement en apparence aussi simple. La raison pourrait être directement liée à l’anatomie de l’œil, et plus particulièrement de la rétine. Cette fine couche qui capture et traduit la lumière en informations pour notre cerveau est truffée de mitochondries, à tel point qu’il s’agit d’un des tissus qui consomment le plus d’énergie dans tout notre organisme, parfois même davantage que le cerveau lui-même ! Elles sont indispensables au bon fonctionnement de la rétine et sont mises à rude épreuve tous les jours. Cela fait qu’elles ont tendance à se détériorer plus rapidement que n’importe où ailleurs dans le corps humain, et c’est là l’une des principales causes de perte d’acuité visuelle liée à l’âge.

Reste à confirmer que cette méthodologie fonctionne à plus grande échelle, et surtout, il faut encore identifier le mécanisme précis qui se cache derrière ces résultats. Même si la lumière utilisée dans l’étude n’endommage pas les cellules, nous déconseillons évidemment aux plus mirauds de se braquer une lumière rouge dans les yeux. Par contre, il pourrait bien s’agir d’une vraie porte d’entrée vers de nombreux traitements ophtalmologiques très simples et peu coûteux, en particulier à destination de patients plus âgés dont la vision commence à décliner.

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