Des chercheurs de la Yale School of Medicine sont parvenus à observer et à capturer en vidéo le devenir d’un neurone de souris juste après sa mort. Une première retentissante, jamais réalisée auparavant chez un mammifère. Certes, nous savions déjà qu’il existait un mécanisme de vidange des neurones morts, mais encore fallait-il parvenir à lui tirer le portrait. C’est désormais chose faite avec cette superbe vidéo.
Cette scène qui se déroule sous vos yeux, c’est un mécanisme particulièrement élusif qui a pourtant lieu dans votre cerveau en ce moment-même. En moyenne, un humain en bonne santé en possède environ 85 milliards de neurones; autant de cellules vivantes qui naissent, vivent, et enfin, meurent… et dont notre cerveau doit bien se débarrasser d’une façon ou d’une autre. Physiologiquement parlant, cela revient à sortir les poubelles et c’est un mécanisme indispensable au bon fonctionnement de notre cerveau. Les auteurs ont observé trois types de cellules spécialisées du système nerveux (microglie, astrocytes et cellules NG2) se livrer à un travail très coordonné pour faire ce ménage.
Ils ont aussi constaté que ce travail de nettoyage semblait bien plus lent et laborieux. Reste que pour étudier ce ballet microscopique, l’équipe a du ruser. En effet, tirer le portrait à un neurone mourant est tout sauf évident et nécessite beaucoup de chance, autant au niveau du timing que de la localisation…. sauf si on tue la cellule soi-même !
Tuer pour mieux observer, le luxe de la biologie cellulaire
Les chercheurs ont donc utilisé une technique baptisée 2Phatal, qui joue sur un processus nommé apoptose. De très nombreuses cellules recèlent dans leur code génétique une sorte de “protocole suicide”, prévu exprès pour être activé dans certains cas de dysfonctionnement ou une fois la cellule trop âgée. Grâce à ce procédé, les chercheurs ont pu déclencher cette apoptose chez une cellule précise sur laquelle ils ont consciencieusement braqué l’objectif de leur microscope… Une méthode qui, si l’on s’amusait à la transposer à l’humain, serait carrément sinistre puisque cela reviendrait à forcer quelqu’un à se suicider, puis à attendre le corbillard avec son téléobjectif et son carnet de notes ! Mais à l’échelle cellulaire, cette méthode est très élégante puisqu’elle évite de devoir détruire des milliers de neurones avec l’espoir de tomber au hasard sur une image exploitable.
Cette observation est une belle réalisation technique, mais c’est surtout une expérience qui va certainement faire progresser notre connaissance du développement cérébral, des pathologies associées et de la neurodégénérescence. La possibilité de pouvoir observer ces mécanismes avec un tel degré de précision permettra très bientôt d’en apprendre plus sur les différents mécanismes en jeu, et surtout, de comparer les processus découverts chez la souris à ceux qui sont mis en jeu dans le cerveau humain.
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