Une équipe de scientifiques du Max Planck Institute of Molecular Cell Biology and Genetics est parvenue à augmenter la taille du cerveau de ouistitis, en y exprimant un gène propre à l’humain. Michael Heide, rapporteur de l’étude, explique que “la taille du cerveau a augmenté et sa surface s’est repliée”. Il dit aussi avoir “constaté une augmentation de progéniteurs de la glie basale radiale”, un tissu indispensable à la mise en place du néocortex et de plus en plus dense au fil de l’évolution des primates. Le gène en question porte le nom d’ARHGAP11. Derrière ce sobriquet peu engageant se cache une fonction clé du développement humain puisque lorsqu’il est activé, il va entraîner la multiplication des cellules souches cérébrales et participer à faire grandir le néocortex, soit, pour vulgariser, la partie périphérique d’apparence fripée de notre cerveau. Sur-développée chez nous autres Homo sapiens, par rapport à nos contemporains primates, c’est elle qui nous confère certaines possibilités cognitives avancées qui vont du langage à nos capacités de raisonnement.
Une fenêtre sur l’évolution humaine
En génétique et en histoire de l’évolution, on retrace les lignées par des arbres phylogénétiques, soit l’équivalent des arbres généalogiques pour les espèces. Sauf qu’une nouvelle branche de l’arbre ne se sépare pas à chaque naissance, mais lorsqu’un caractère a suffisamment changé pour que l’on puisse considérer qu’il s’agit d’une nouvelle espèce, sous-espèce… L’un des points qui rend ce gène si intéressant, c’est qu’on le retrouve justement à l’un de ces croisements. En effet, nous n’en avons aucune trace chez les Chimpanzées avant la séparation de notre lignée de celle d’autres humanoïdes.
En substance, l’équipe de recherche a donc activé l’un des déclencheurs qui ont très certainement fait que les premiers singes ont évolué dans notre direction. C’est une étape clé. Au cours de l’évolution d’une espèce, les individus qui la composent vont développer des tas de mutations. On considère que les survivants sont ceux dont les mutations les ont le plus avantagés dans leur environnement direct, et ils vont ainsi les transmettre à leur descendance qui répliquera le processus. La grande majorité des mutations sont ainsi perdues, mais un néocortex significativement plus développé représente un avantage si important en termes de sélection naturelle que, selon les chercheurs à l’origine de l’étude, il aurait immédiatement été sélectionné et “influencé l’évolution humaine”.
Autant couper court à l’imagination débridée de certains : il s’agit uniquement d’une expérience de développement. Conformément aux réglementations en vigueur et aux bonnes pratiques dans le domaine, ces embryons âgés de 101 jours (les deux tiers du terme chez le ouistiti) ont été sacrifiés et l’équipe n’a pas envisagé un instant de les amener à terme. C’est donc une étape intéressante dans la reconstitution du vaste puzzle de l’évolution humaine, mais il ne faut cependant pas craindre un scénario qui ressemblerait à celui décrit dans la série La Planète des Singes… Du moins pour l’instant.
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