C’est une information pour le moins étrange qui nous est arrivée dans la nuit. Depuis plusieurs semaines, Valorant, le nouveau bébé de Riot Games, est l’objet de toutes les discussions. Et ce n’est certainement pas sa sortie officielle sur PC, le 2 juin dernier, qui a changé cette dynamique, bien au contraire.
Mais voilà : d’après Engadget, Riot envisagerait un portage de son FPS sur… consoles ! Aucune garantie à l’heure actuelle, mais il existe donc bel et bien une chance de voir ce titre au concept et aux mécaniques très largement inspirées de Counter-Strike débarquer au pays des manettes. Une idée pas encore officiellement au stade de projet, mais qui nécessite que quelques doutes soient levés au préalable, comme l’a confié la productrice exécutive Anna Donlon à GameSpot.
Il y a une façon de jouer au jeu, de le vivre, dont nous ne sommes pas certains qu’elle convienne entièrement au jeu sur console. Si nous sentons que nous pouvons fournir cette expérience sur ces plateformes, nous ne nous priverons pas. Mais nous voulons vraiment que Valorant corresponde à un certain type de gameplay et d’expérience.
L’expérience en question, que Riot ne veut certainement pas dénaturer, il n’y a pas besoin de lire entre les lignes de façon très habile pour la deviner : c’est celle qui a fait le succès de Counter-Strike, et en particulier de sa dernière mouture Counter-Strike : Global Offensive, depuis des années. A savoir un FPS extrêmement nerveux, exigeant, technique à souhait qui a posé le bases d’un genre. Malgré une composante character shooter que l’on retrouve par exemple du côté d’Overwatch ou Rainbow Six : Siege, le constat a vite été évident : avec Valorant, Riot vient chasser sur les terres de Valve pour proposer une alternative au roi des FPS compétitifs en reprenant nombre de ses codes de façon parfaitement assumée. Avec l’objectif de moderniser une recette qui, aux yeux de certains, commence à vieillir.
L’impossible équation du FPS compétitif sur console
Et puisque chaque nouveauté concernant le gameplay de Valorant est systématiquement l’occasion d’une comparaison avec CS:GO, c’est donc tout naturellement que certains ont ouvert des yeux grands comme des soucoupes à l’idée d’imaginer une version console. Certes, le titre de Riot comporte des mécaniques qui en feraient certainement un meilleur candidat à un portage console (on pense surtout aux compétences utilitaires), mais on souhaite tout de même bien du plaisir aux employés de Riot qui seront chargés de faire fonctionner un FPS à la vocation compétitive assumée à l’aide de sticks et de gâchettes.
Et pour cause : ces jeux sont basés sur un mélange de dextérité, de réflexe et de coordination oeil-main, pour lesquels la souris est largement considérée comme le compromis le plus optimal. Loin de nous l’idée d’insinuer que jouer à un FPS à la manette est une hérésie, évidemment. Des millions de joueurs s’affrontent chaque jour sur des titres console réputés comme Call of Duty et atteignent des niveaux incroyables manette en main. On ne peut pas nier que les consoles représentent tout de même un vivier conséquent pour la communauté FPS.
Mais une souris offre aux meilleurs joueurs un outil parfaitement adapté, et un stick n’autorise pas la même vitesse de réaction, ni la même précision : la plupart des joueurs ayant déjà touché à un FPS cross-plateformes peuvent en attester. Pour compenser, les développeurs console ont ainsi tendance à incorporer une assistance à la visée très clivante. Pour certains, il s’agit simplement de toucher un plus large public, mais d’autres y voient une hérésie qui sape les fondements mêmes du FPS compétitif. En définitive, il faut bien admettre que la manette est tout sauf une tare.. Mais ces jeux cont construits très différemment d’un CS ou Valorant et sans mesure compensatoire, un stick de manette pourra difficilement rivaliser avec une souris au plus haut niveau dans un FPS tactique qui repose autant sur la précision et la vitesse d’exécution. Si nous nous permettons de mettre ce point sur la table, c’est que Valorant – comme CS:GO- ne fait pas mystère de sa vocation compétitive avec déjà un embryon de scène e-sport et des premiers tournois qui devraient arriver assez rapidement, et que la question du top niveau se posera donc très vite.
Les très nombreux transfuges de CS:GO que comporte Valorant vont certainement freiner des quatre fers, tandis que les aficionados de la manette pourraient accueillir la nouvelle avec enthousiasme. Reste à souhaiter bon courage à Riot, car transposer le genre compétitif le plus profondément ancré dans la culture PC serait réellement l’exploit de la décennie en termes de game design vidéoludique. On l’espère en tout cas sincèrement pour tous ceux qui n’aiment ou ne peuvent pas jouer sur PC, mais qui seraient déçus de devoir se priver d’un titre qui s’annonce d’ores et déjà comme un futur classique.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.