Une expérience pour le moins intéressante. @SuspendThePres, un compte Twitter parodique reprenant fidèlement l’intégralité des tweets du Président des États-Unis Donald Trump et repéré par Mashable, a été suspendu après trois jours d’activité à peine. Pour comprendre pourquoi cette nouvelle en apparence insignifiante fait tantôt sourire, tantôt grincer des dents, il faut se remémorer le rapport très particulier du Président américain aux réseaux sociaux, et en particulier à Twitter. Donald Trump s’est illustré en la matière dès les premiers jours de sa présidence, en refusant d’utiliser le compte officiel de la fonction (@POTUS) au profit de son compte personnel. Et ceux qui s’attendaient à le voir s’assagir après avoir prêté serment ont vite déchanté. Twitter est devenu le canal de communication préféré de Trump, et il abreuve quotidiennement son fil de tweets souvent très véhéments, parfois vraiment contestables.
Tellement contestables, en fait, qu’il est régulièrement accusé de violer les règles d’utilisation de la plateforme avec la promotion de messages de haine, ou de sources douteuses. De nombreux internautes, exaspérés par la prétendue impunité que lui accorderait la plateforme, rivalisent de verve pour demander que le compte soit suspendu comme ça serait le cas pour un utilisateur lambda.
C’est précisément pour cette raison que @SuspendThePres, présenté comme une expérience sociale” s’est lancé dans cette croisade : en retweetant systématiquement tous les messages de Trump, il ou elle s’attendait évidemment à être sanctionné par Tweeter sur la base du contenu de ces tweets. L’objectif : attirer l’attention sur le traitement préférentiel dont bénéficierait supposément Donald Trump.
This account will tweet what the President tweets. Let’s see if it gets suspended for violating twitters TOS. Follow along with this social experiment. Report any tweets that violate the rules. Thank you.
— Will they suspend me? (@SuspendThePres) May 30, 2020
Et le résultat ne s’est pas fait attendre : à peine trois jours après le début de cette petite expérience, le petit oiseau bleu est tombé dans le piège et le compte a été suspendu.
Experiment Update – Account just now coming off a 12 hour suspension. Took roughly 68 hours for Twitter to suspend me. The violating tweet has been deleted. Twitters reasoning for the violation? Glorifying violence. Experiment will continue. DMs will remain open. Thank you. https://t.co/fuxJFMERgP
— Will they suspend me? (@SuspendThePres) June 2, 2020
Cette sanction viendra certainement conforter @SuspendThePres, qui a déjà annoncé que l’expérience continuait. Ce qui est sûr, c’est que cette affaire, à défaut d’être catastrophique, tient réellement du caillou dans la chaussure pour Twitter. Pas facile de mettre en place une politique cohérente sur une plateforme quand elle est devenue l’ exutoire de choix de l’un des hommes les plus puissants du monde… et que certains prennent un malin plaisir à pointer du doigt les incohérences du réseau.
C’est d’autant plus vrai que Twitter s’était attiré les foudres de Trump, en apposant un avertissement fact-checking sur l’un de ses tweets. Forcément, il ne s’est pas fait prier pour venir tempêter sur la plateforme, l’accusant ‘d’interférer avec les élections’ et ‘d’endommager la liberté d’expression.’
….Twitter is completely stifling FREE SPEECH, and I, as President, will not allow it to happen!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
Twitter va-t-il réagir à cette suspension? C’est très peu probable. Va-t-il pour autant suspendre le compte de Donald Trump ? Encore plus difficile à imaginer. Cette histoire a au moins le mérite d’illustrer toute la complexité de modérer une plateforme aussi populaire à l’ère des fake news, pour reprendre son expression favorite.
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Pas si complexe que ca pour ce cas, soit remettre le compte suspendu, soit suspendre celui de Trump aussi. Sinon ils n’ont aucune credibilite
Je me souviens que le PDG de Twitter avait répondu, en 2018, qu’il avait conscience que Trump violait les règles de twitter mais qu’il se refusait à le censurer car il s’agissait d’un canal de communication présidentiel et qu’il fallait donc lui accorder cette exception.
Mais je ne retrouve plus cette citation, et il semble de plus que le ton a changé.