Des médecins et biologistes français, du groupe hospitalier Saint-Joseph de Paris, viennent probablement de confirmer l’efficacité d’un nouveau traitement contre la COVID-19. Le médicament en question se nomme l’anakinra et est un immunomodulateur utilisé en temps normal pour soigner les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, une forme d’inflammation chronique des articulations. L’anakinra est réputé pour contrer l’interleukine-1, une protéine de la famille des cytokines. Ces dernières interviennent lors d’une infection pour enclencher le processus d’inflammation qui permet, d’une part, d’élever la température du corps (la fièvre) dans l’espoir de tuer les pathogènes et, d’autre part, d’ouvrir la voie aux cellules immunitaires dans les tissus touchés. Localement, l’inflammation se transforme en véritable champ de bataille où notre système de défense combat l’intrus. Cependant, il arrive que l’inflammation prenne trop d’ampleur et nous fasse plus de mal que de bien, blessant nos tissus et fatiguant notre organisme en faisant trop durer la fièvre. Cette hyper-inflammation, que provoque notamment la pneumonie virale engendrée par le coronavirus SARS-CoV-2, se traduit par un choc cytokinique, un excès de cytokines à l’origine de cet effet boule de neige parfois mortel. La difficulté dans ce genre de cas est d’atténuer l’inflammation sans la stopper complètement et donc interrompre son effet bénéfique. C’est en partie pourquoi la majorité des médecins se retiennent de prescrire aux malades atteints de la COVID-19 des anti-inflammatoires, comme la cortisone, pour faire baisser la fièvre et réduire la douleur.
En bloquant l’action de l’interleukine-1, l’anakinra parviendrait à éviter une hyper-inflammation sans réprimer complètement le processus immunitaire en lui-même. Et, d’après une nouvelle étude française publiée dans la revue médicale The Lancet Rheumatology, ce médicament a prouvé son efficacité auprès des patients souffrant de la nouvelle pneumonie pandémique. Seulement 25% des 52 patients (admis du 24 mars au 6 avril derniers) à qui les médecins de l’hôpital Saint-Joseph ont administré de l’anakinra en injection sous-cutanée ont dû être ensuite placés sous appareil respiratoire dans une unité de soins intensifs ou sont décédés. En comparaison, 73% des 44 patients qui n’ont pas profité de ce traitement ont subi le même sort. Conclusion : “l’anakinra a réduit la nécessité de placer des patients souffrant de formes sévères de COVID-19 sous respirateur et leur mortalité”, indiquent les médecins et chercheurs. Ces derniers soulignent cependant deux choses. Premièrement, pour confirmer pleinement l’efficacité de l’anakinra comme traitement contre la COVID-19, il faudrait procéder à de plus larges études effectuées de manière contrôlée – pas seulement réalisées en pleine crise, sur le terrain. Par ailleurs, l’étude fait état d’un effet secondaire du traitement. En effet, 13% des patients traités à l’anakinra ont présenté une augmentation de leur taux de transaminases hépatiques (contre 9% dans l’autre groupe), qui peut être un symptôme d’hépatites.
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