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La chloroquine est jugée inefficace (voire dangereuse) comme traitement contre le COVID-19

La première étude statistique de grande ampleur concernant l’incidence de la chloroquine sur la survie des malades du COVID-19 est tombée. Selon ses conclusions, le fameux antiviral “miracle” s’associe à un plus grand risque de mortalité et de développement d’arythmies cardiaques.

Crédits : jarmoluk / Pixabay.

L’étude scientifique que le monde médical attendait est tombée et son jugement est clair : la chloroquine, ou son dérivé appelé hydroxychloroquine, est non seulement un traitement inefficace mais potentiellement dangereux pour les malades du COVID-19. The Lancet, une revue médicale et scientifique de premier plan, est aujourd’hui la première à examiner de près, et avec un épais volume de données statistiques, l’incidence d’un traitement à la chloroquine, ou son dérivé, sur la survie ou la mortalité de personnes atteintes de la fameuse pneumonie virale. Cet antiviral, utilisé généralement pour traiter le paludisme et certaines maladies auto-immunes, s’est retrouvé popularisé par certains médecins, comme le professeur Didier Raoult de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, et des figures politiques, comme le président américain, Donald Trump, qui a affirmé en prendre de manière préventive il y a peu. Cependant, comme l’expliquent les auteurs de ladite étude : “quoique généralement sûre lors de son utilisation approuvée dans le traitement de maladies auto-immunes ou du paludisme, l’efficacité et la non-dangerosité de prescription de chloroquine face au COVID-19 restent très peu évaluées.”

Un faux “remède miracle” ?

Ce médicament a gagné cette popularité à la suite de plusieurs anecdotes médicales et études d’urgence, dans l’attente (longue) d’un premier vaccin. Il y a quelques mois, des chercheurs chinois avaient affirmé être parvenus à soigner une centaine de personnes malades avec 500 mg de chloroquine, par jour pendant dix jours. Très rapidement, des pays comme les États-Unis ou la Russie se sont empressés d’autoriser sa prescription, de manière exceptionnelle, pour soigner des infections au coronavirus SARS-CoV-2. Mi-mars, plusieurs médecins français, dont à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, ont aussi constaté une certaine efficacité de la chloroquine. Concernant cette dernière, une étude avait été menée dans l’urgence à Marseille mais avait été décriée par la communauté scientifique pour ses failles méthodologiques selon Sciences et Avenir. L’équipe du professeur Didier Raoult, à l’origine de cette étude, avait consenti à remarquer que des études complémentaires étaient nécessaires.

Risques accrus de mortalité et d’arythmies cardiaques

Dans l’étude de The Lancet, des chercheurs américains et suisses ont observé l’incidence d’un traitement à la chloroquine ou l’hydroxychloroquine, associées ou non à un macrolide (un type d’antibiotiques qui permet une diffusion jusque dans les cellules elles-mêmes), sur la survie de patients atteints du COVID-19 provenant de rapports hospitaliers du monde entier. Sur 96 032 cas (53,8 ans de moyenne d’âge et 46,3% de femmes), distribués sur 671 hôpitaux entre le 20 décembre et le 14 avril, 14 888 ont été traités à l’une de ces combinaisons de traitement 48 heures après leur diagnostic ou dépistage. Les chercheurs ont exclu les cas où la chloroquine a été administrée au-delà de cette limite, après l’utilisation d’un appareil respiratoire ou d’un autre antiviral comme le remdesivir. 11,1% de l’ensemble des malades sont décédés. De ces derniers, seulement 9,3% d’entre eux n’avaient pas été traités à la chloroquine. Autrement dit, quelque soit la combinaison de traitement à la chloroquine, cet antiviral “est associé à une baisse de la survie en milieu hospitalier et une augmentation du risque de développement inédit de tachycardie ventriculaire (trouble du rythme cardiaque qui peut entraîner des arrêts cardiaques) lors de son utilisation contre le COVID-19”, affirment les chercheurs. Les chercheurs précisent néanmoins que les risques d’arythmie ventriculaire auparavant inexistante sont souvent associés à des traitements à la chloroquine, même lors d’utilisation efficace prouvée contre la paludisme. De plus, ils soutiennent la nécessité de mener une vraie étude clinique de grande ampleur pour compléter cette première étude purement statistique.

Une telle étude serait actuellement en cours. Le 22 mars dernier, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) avait annoncé participer à des tests de quatre antiviraux, dont la chloroquine, baptisés “essai Discovery” à l’échelle européenne. Le monde médical attend encore ses résultats. D’ici là, comme l’a fait savoir Olivier Véran sur Twitter (ci-dessus), le ministère de la Santé s’est saisi du Haut conseil de santé publique (HCSP) pour revoir sa copie concernant l’utilisation de l’hydroxychloroquine en France en réaction aux nouvelles conclusions de The Lancet. Le gouvernement français avait autorisé l’utilisation de cet antiviral selon certaines conditions strictes (notamment, décision collégiale de plusieurs médecins par cas) en mars dernier.

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12 commentaires
  1. A moins que vous souhaitiez devenir une revue médicale, ça serait bien de faire preuve d’un peu de sens critique… surtout plusieurs jours après la publication et donc de nombreuses critiques disponibles sur le web.
    Cette étude quand on regarde de plus prés à de nombreux biais et défauts, et ne vaut pas mieux que les constats empiriques (assumés ) de Raoult. Et je ne parle même pas des conflits d’intérêt derrière.
    Par ailleurs si ce médicament et si dangereux, alors il faut instruire un procès en génocide pour les milliards de doses prescrites sur les 60 dernières années non ?
    Problèmes recensés par un collectif de médecins :
    Des patients hospitalisés à un état grave de la maladie (trop tard donc dixit Raoult)Des patients suivis dans des pays n’ayant pas les mêmes attitudes thérapeutiquesDes critères d’inclusion flous ex : des co-prescriptions d’antiviraux dans 40% des cas, sans information sur leur répartition dans les groupes analysésDes imprécisions sur les traitements analyses : on parle de macrolides. Impossible de savoir qui a reçu de l’azithromycineDes patients avec des co-morbidités n’en faisant pas une population représentative (ex : 1 patient sur 3 avec hypertension dans le groupe hydroxychloroquine + macrolide)Des groupes non comparables : ex groupe HCQ* + macrolide plus grave avec 20% de ventilation mécanique versus 7,7% des patients du groupe « dit témoin », idem sur paramètre sao2 ˂ 94 Alors qu’il est écrit « No significant between-group differences were found among baseline characteristics or comorbidities. » « Foot note » du tableau 2 surprenante : « Age and BMI are continuous variables.The 95% cis have not been adjusted for multiple testing and should not be used to infer definitive effects. »Des doses et durées de traitement non préciséesDes résultats exprimés en moyenne, on aurait aimé aussi des médianes et des range.Aucune information sur les « missing values » « multiple imputation for missing values was not possible » « it was assumed that the characteristic was not present » – alors qu’il est évident que les missing values doivent se compter à la pelle sur une analyse multicentrique multi-pays aux soins variésAucune analyse des groupes en fonction des traitements associés ni des risques cardio.Aucun scanner thoracique a la recherche des atteintes cardiaques du virus qui sont fréquentes pour une analyse correcte de ce qui est appelé évènement indésirable.Pas de mesure des intervalles QT ni de recherche de torsades de pointe !!!Une prescription vendue comme précoce (moins de 48h après l’hospitalisation) qui occulte la date des premiers symptômes et veut faire croire à une prescription précoce !

  2. Le Nouveau -Brunswick (province du Canada) a utilisé l’hydroxychloroquine sur ses patients. Résultat: À ce jour cette province ne compte aucun décès lié au COVID-19.

  3. Ta phrase sur l’imputation des missing values me laisse savoir que je n’ai aucun crédit à accorder à ce que tu dis, tu ne connais visiblement pas ce dont tu parles.

    Du coup, est-ce que tu peux trouver une personne qualifiée réfutant cette étude ?

  4. Ce type d’argument peut valider tout ou n’importe quoi
    C’est comme si je disait “Dans ma famille personne n’a jamais mangé de tacos, et à ce jour personne n’est mort du COVID-19, donc le tacos est responsable des décès liés au COVID-19

  5. Il est comique de voir les pro-Raoult / complotistes big-pharma reprocher à une étude son manque de sérieux quand on voit celle de Raoult, qui n’est pas en double aveugle, en excluant les cas dérangeants, avec des patients successivement positifs puis négatifs puis positifs au test du COVID-19.

    La seule étude – celle de Wuhan – qui “montre” un bénéfice à l’utilisation de l’hydroxychloroquine et depuis laquelle tout est parti, date du 30/03, sur des patients déjà atteints modérément, sans couplage avec de l’azithromycine, et sans double aveugle non plus, et sur un échantillon ridicule par rapport à celle de Lancet (62 patients) … Donc loin des recommandations de Raoult.

    Autrement dit, seul Raoult dit que ça marche, et même lui n’arrive pas à le prouver, ce qui serait pourtant simple (beaucoup plus simple que de montrer que ca ne fonctionne pas, a cause notamment de l’azithromycine).

  6. C’est de l’intox:

    “`
    L’une des hypothèses que l’on entend le plus souvent depuis cette annonce, c’est que le Nouveau-Brunswick a eu, davantage qu’ailleurs, recours à l’hydroxychloroquine, un médicament commercialisé entre autres sous le nom de Plaquenil. Cette affirmation est fausse.Le Dr Gabriel Girouard, microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, à Moncton, au Nouveau-Brunswick, explique que rien ne porte à croire que le médicament, entre autres prescrit pour l’arthrite, a contribué au rétablissement de 118 personnes atteintes de la COVID-19 dans la province. Le contrôle de la COVID-19 au Nouveau-Brunswick n’est pas attribuable à l’hydroxychloroquine, déclare-t-il
    “`

  7. Je prend une pilule avec du sucre a l’intérieur, 2 jours plus tard je guéris, c’est ce que suggère les analyses. J’ai un peu ce sentiment de la médecine quand on est face a une situation nouvelle.

  8. J’ai aussi entendu dire qu’en antarctique un mec avait croqué une pillule d’hydroxychloroquine et à ce jour personne n’est mort de la COVID19 en antarctique, je suis d’accord avec toi je pense que ça fonctionne 🙃

  9. Dans le vrai monde médicale (pas celui de FB), je rappel que Dr Raoult n’est pas vu comme une personne sérieuse, et qu’en tant que résponsable, il signe des centaines d’études par an. Donc dire qu’une étude menée par plusieurs pays sur plusieurs mois manque de sens critique pour ensuite parler de truc lu sur le net, c’est paradoxale et un peu ridicule…

  10. Merci pour cette réponse, plutôt éclairée. Une remarque cependant, personne ne dit que cette étude est exhaustive. Au contraire, “The Lancet soutien la nécessité de mener une vraie étude clinique de grande ampleur pour compléter cette première étude purement statistique.”

  11. Il est comique, après coup, de voir les anti-raoult / avaleurs de couleuvres défendre une étude pour laquelle finalement les auteurs eux-mêmes se sont rétractés tellement ils peuvent pas assumer leurs manipulations et inexactitudes … (désolé, j’étais obligé de la faire celle-là, sans rancune ;-p). J’ai bien aimé aussi la directrice des ventes Arianne Anderson alias Skye Daniels pour les amateurs de porno…

Les commentaires sont fermés.

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