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Des molécules d’ADN auraient survécu dans le crâne fossilisé d’un dinosaure

Des chromosomes pétrifiés de cellules fossilisées d’un crâne de dinosaure contiendraient encore de l’ADN : une première dans l’histoire de la paléontologie.

Vue d’artiste d’un jeune Hypacrosaure, mort le crâne dans la boue (Crédits : ©Science China Press / Michael Rothman).

Cette découverte pourrait chambouler les mondes de la génétique et de la paléontologie. Une paléontologue de l’Institut de paléontologie et paléoanthropologie des vertébrés attaché à l’Académie chinoise des sciences, Alida Bailleul, n’en a pas cru ses yeux, rivés sur son microscope, lorsqu’elle l’a constaté la première fois. Son équipe et elle se sont récemment attelés à ré-examiner des échantillons de squelettes fossilisés de très jeunes Hypacrosaures (Hypacrosaurus stebingeri) – de la famille des hadrosaures ou “dinosaures à bec de canard” – mis au jour dans le Montana dans les années 1980. Aux confins d’un fragment cartilagineux de crâne, la paléontologue a identifié des cellules pétrifiées en pleine division. Une masse sombre pouvait être observée au cœur du noyau de ces dernières, là où les chromosomes sont censés se condenser : une trace d’ADN de dinosaure aurait subsisté !

Seulement, ces cellules et ce fossile sont datés d’il y a au moins 75 millions d’années. Il n’est pas (encore) scientifiquement admis que des molécules d’ADN, comme ce qui s’apparentent à des chromosomes pétrifiés, puissent avoir survécu aussi longtemps sans se dégrader complètement. Pour vérifier ce que lui dictait son intuition, la chercheuse a injecté de l’iodure de propidium dans ces cellules pétrifiées. Cette molécule fluorescente s’intercale spécifiquement entre les acides nucléiques, les “briques” qui composent l’ADN, pour les révéler. Au microscope, un point rouge intense s’est alors allumé, prouvant la présence de molécules d’ADN encore intactes ! Et selon les chercheurs, vu la position précise de la fluorescence, pas de doute possible : cet ADN est bien dinosaurien et ne provient pas d’une bactérie qui aurait pu se nicher sur le fossile. Autrement, ce dernier en aurait été recouvert. Par contre, pour le moment, il n’est pas encore certain que cet ADN puisse être exploitable ou même séquençable.

ADN : le Graal de la paléontologie ?

Jusqu’à présent, les plus vieilles molécules d’ADN jamais détectées, de plantes, n’étaient pas issues d’une si longue fossilisation : datées de 800 000 ans avant notre ère, elles provenaient d’un échantillon de permafrost, réputé pour ses capacités de conservation. De plus, comme le souligne Science & Vie, des “fantômes” de protéines (ou paléoprotéomiques) datés de plusieurs centaines de millions d’années ont déjà été retrouvés sur des fossiles de dinosaure. Néanmoins, l’information potentiellement fournie par ces paléoprotéomiques n’a rien de semblable à ce que l’ADN pourrait offrir. En effet, les dinosaures ne peuvent pas être comparés génétiquement entre eux comme les animaux actuels. Seules leurs anatomies peuvent être analysées. Il n’empêche qu’étudier ne serait-ce qu’un segment de l’ADN d’un dinosaure serait d’une immense valeur pour la communauté scientifique. Cependant, certains paléontologues restent encore sceptiques concernant cette découverte (détaillée dans la revue National Science Review) et préfèrent la voir se reproduire sur un autre fossile de dinosaure avant de s’emballer.

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