Le coronavirus SRAS-CoV-2, à l’origine de la pneumonie virale COVID-19, s’est adapté à l’être humain et paralyse désormais une grande partie des activités humaines à travers le monde. Malgré des mesures de confinement extrêmes prises par certains pays, d’autres se sont peut-être attelés trop tard à limiter les contacts et les déplacements des individus pour réduire la propagation du descendant du SRAS. Aujourd’hui, la France, comme de nombreuses nations, se confine au maximum pour enrayer l’évolution de ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère officiellement comme une pandémie.
Une contagiosité revue à la hausse
L’un des facteurs alarmants de cette augmentation presque exponentielle du nombre de contaminations dans les pays européens, comme l’Italie, est la véritable contagiosité du virus. De toute évidence, elle serait plus élevée qu’escomptée. Son R0, ou son “taux de reproduction de base”, qui rend compte du nombre moyen de personnes contaminées par une tierce personne malade, serait de 2 à 2,5. Autrement dit, un peu plus de deux personnes attraperaient le virus après avoir été en contact avec la même personne infectée. À titre de comparaison, le R0 de la grippe saisonnière (H1N1) est d’environ 1,5. Cela reste légèrement inférieur au R0 du SRAS-CoV-1 (2-4), à l’origine de l’épidémie de 2003, et nettement inférieur à celui du MERS-CoV (2-7), qui a fait rage au Moyen-Orient il y a plusieurs années.
Survit-il plus facilement que d’autres virus ?
Pour comprendre ce qui confère au coronavirus actuel une telle contagiosité, des chercheurs américains de l’Institut national de la santé (NIH) des Etats-Unis ont testé le taux de survie du virus selon certaines conditions. D’après les résultats de leurs expériences, actuellement en pré-publication, les particules virales, ou virions, de coronavirus SRAS-CoV-2 survivent :
- jusqu’à 24 heures sur du carton sec ;
- 2 à 3 jours sur une surface en plastique ou en acier inoxydable, propre et sèche ;
- 3 heures seulement, en suspension dans l’air.
Ces chiffres ont été obtenus dans des conditions de laboratoire, à température ambiante et dans une humidité faible. Ils risquent donc d’être légèrement différents dans le monde extérieur, en particulier si l’humidité est plus prononcée. Les biologistes et virologues américains estiment donc que la transmission ne se fait pas principalement par “fomites”, ou résidus viraux laissés sur une surface, mais bien par contact étroit avec un malade qui tousse sans respecter les gestes barrières (port d’un masque et/ou toux dans le coude). Une étude en pré-publication, menée par des enseignant-chercheurs de la clinique de Munich, estime qu’une infection au coronavirus SRAS-CoV-2 générerait la production de 1000 fois plus de particules virales que pour une infection aux virus du SRAS ou du MERS. Cette production plus massive de virions pourrait ainsi aider le virus à compenser sa fragilité naturelle. À l’inverse, d’autres virus, qui infectent souvent l’être humain, peuvent survivre bien plus longtemps en dehors de notre corps :
- Les virus de la grippe survivraient seulement 5 minutes sur la peau et pas plus de 24 à 48 heures sur une surface sèche.
- Les rhinovirus – qui entraînent, comme certains coronavirus, des rhinites, ou rhumes – ne resteraient pas plus d’une heure sur une surface sèche mais jusqu’à 14 heures en conditions humides ou dans l’eau. Amenée cette dernière à ébullition, à 100°C, suffirait à éliminer les particules virales.
- Pour les virus responsables de la gastro-entérite, bien plus résistants, les norovirus (à l’origine de la gastro saisonnière) survivraient entre 8 heures et 7 jours dans le milieu extérieur contre 6 à 60 jours, sur tissus et meubles, pour les rotavirus (virus de la gastro les plus répandus et les plus violents).
Ce virus peut-il être transmis autrement ?
Le mode de transmission principal du coronavirus SRAS-CoV-2 reste donc les projections de gouttelettes de liquide, dans lesquelles baignent les virions, d’une personne malade qui tousse sans protéger sa bouche. Du fait de la gravité, ces gouttelettes ne restent que très peu de temps en suspension en l’air et retombent au sol ou sur des surfaces proches très rapidement. Une récente étude chinoise, elle aussi en pré-publication, affirme que l’air ambiant des couloirs et les pièces d’un hôpital de Wuhan ne comportait aucune particule virale en suspension. Le virus n’a donc vraiment pas la capacité d’être aéroporté. Les salles consacrées au personnel soignant, où les docteurs et les infirmiers enfilent leurs tenues de protection notamment, en présentaient néanmoins d’infimes quantités. Idem pour les toilettes : selon les chercheurs, les chasses-d’eau pourraient pulvériser des gouttelettes de particules virales évacuées dans l’urine et les fèces. En effet, selon des biologistes de Singapour, des virions auraient été détectées dans les excréments de certains malades. Hormis peut-être dans ce cas précis, l’usage massif d’eau de Javel pour désinfecter les lieux et les rues ne serviraient aucunement à éliminer le virus, trop fragile pour résister longtemps dans le monde extérieur. Une exposition étendue aux rayons ultra-violets du Soleil suffirait à l’exterminer si besoin, selon Science.
Pour rappel, pour vous assurer de réduire au maximum les risques de contamination, il ne faut pas hésiter à nettoyer avec un produit antiseptique et assainissant des surfaces comme un clavier ou un smartphone. Le plus important et le plus efficace reste néanmoins de se laver régulièrement les mains. Quant aux malades ou aux personnes ayant été en contact avec une personne infectée, il faut surveiller régulièrement la température corporelle (pour suivre l’évolution d’une fièvre éventuelle), respecter les gestes barrières et porter un masque une fois en contact avec d’autres personnes.
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