Depuis lundi 6 janvier, le réseau satellitaire Starlink de l’entreprise aérospatiale d’Elon Musk, SpaceX, compte 180 satellites en orbite autour de la Terre. A terme, il est destiné à former une “méga-constellation” de plus de 40 000 satellites, voués à distribuer une connexion Internet au monde entier. Si l’objectif est noble, il semble dès aujourd’hui se réaliser au détriment de la science. En effet, de plus en plus de chercheurs se plaignent de véritables “photobombs” causées par les petits satellites blancs d’Elon Musk et les traces qu’ils laissent sur leur passage dans le ciel étoilé, après leur lancement. En novembre 2019, deux astronomes basés à l’observatoire de Cerro Tololo au Chili, censé surveiller les mouvements des plus proches astéroïdes, ont vu leur travail gâché par le parcours de satellites Starlink. Réunis actuellement à Hawaï à l’occasion de la 235ème conférence annuelle d’astrophysique et d’astronomie, de nombreux astrophysiciens et astronomes ont discuté de ce problème grandissant et des solutions possibles.
Satellites vs. Astronomes
Les conférenciers ont d’abord mis en évidence les conséquences néfastes de la mise de réseaux satellitaires privés tels Starlink, OneWeb ou le projet Kuiper d’Amazon. En premier lieu, ces satellites produisent des interférences dans les images prises du ciel par les télescopes astronomiques pour deux raisons : leur couleur blanche et leurs panneaux métalliques, qui réfléchissent la lumière, et le tracé de particules qu’ils laissent, comme les avions, pendant une semaine pendant leur positionnement en orbite plus haute. Même une fois positionnés à plus de 500 kilomètres de la surface du sol, ils restent visibles des télescopes. “Ces satellites sont plus brillants que 99% des autres objets en orbite”, a remarqué Patrick Seitzer, astronome pour l’université du Michigan, aux États-Unis. Par ailleurs, la lumière qu’ils réfléchissent sature et endommage les lentilles très coûteuses de engins d’observation. Idem pour les ondes radio que certains satellites peuvent émettre, saturant les récepteurs des observatoires astronomiques.
Jonathan McDowell, chercheur au centre d’astrophysique d’Harvard-Smithsonian, a avoué néanmoins penser que “SpaceX montre une vraie volonté de réparer ce problème.” Parmi les 60 nouveaux satellites lancés cette semaine, la compagnie d’Elon Musk en avait peint un en noir. L’idée est de tester si cette nouvelle teinte pourrait atténuer le problème de réflexion lumineuse, en la généralisant à l’avenir. Durant la conférence, face à l’inquiétude des astronomes, Patricia Cooper, vice-présidente déléguée à la gestion des satellites pour SpaceX, aurait affirmé que l’entreprise ne s’attendait pas initialement à causer de tels “soucis de luminosité et de visibilité.” Elle a promis que les ingénieurs de SpaceX travaillent activement à “tester (des solutions), les étudier et à les mettre en place.”
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