Si elle contient l’eau nécessaire à leur survie, la pluie semble redoutée par les plantes. Leurs racines certes l’apprécient mais les feuilles, apparemment, la craignent. Une cohorte de chercheurs en biologie végétale, majoritairement australiens et suédois, l’a constaté en pratiquant des expériences sur des spécimens du genre Arabidopsis, une herbacée bien connue des botanistes. Au cours de plusieurs séances d’arrosage en spray, les chercheurs ont suivi les réactions physiologiques se déroulant chez les cellules de leurs feuilles. Ils ont observé deux réactions en chaîne inédites, auxquelles ils consacrent une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences. Premièrement, lorsqu’une goutte d’eau chute à la surface d’une feuille, celle-ci produit une protéine nommée Myc2. Elle entraîne l’activation de milliers de gènes responsables de la mise en place des défenses de la plante, garantissant son imperméabilité. « Ces signaux d’alarme voyagent de feuilles en feuilles pour induire une panoplie d’effets protecteurs », a expliqué l’un des co-auteurs de l’étude, l’Australien A. Harvey Millar. De plus, son équipe et lui ont observé, dans le même temps, la sécrétion d’une hormone volatile, l’acide jasmonique. Ce dernier se propage aux plantes voisines les incitant, elles aussi, à se défendre de la pluie et de l’eau arrosée.
« Quand un danger menace, les plantes n’ont pas la possibilité de bouger pour s’en prémunir et doivent donc jouer sur de complexes mécanismes physiologiques pour se protéger », interprète le professeur Millar. En effet, si les racines sont censées recueillir l’eau et les minéraux, les feuilles n’ont pour priorité que de permettre la photosynthèse. L’eau qu’elles reçoivent par temps de pluie peut contenir des bactéries ou des virus les mettant en danger si elles les laissent passer leur membrane. « Lorsqu’une goutte de pluie chute à la surface d’une feuille, de minuscules gouttelettes rebondissent dans toutes les directions, explique le chercheur australien. Ces gouttelettes peuvent contenir des bactéries, des virus ou des spores (…) donc c’est dans l’intérêt des plantes de s’en prémunir et d’alerter leurs voisines ».
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C’est intéressant de voir que les plantes aussi créent des comités de surveillance de quartier, genre voisins vigilants !