Les chutes d’eau et les falaises verdoyantes du bassin du fleuve Zambèze, au Botswana, en Afrique auraient été le théâtre de l’apparition des premiers humains « anatomiquement modernes », ou Homo sapiens. Une équipe de chercheurs, menée par Vanessa Hayes, spécialiste en génomique et épigénétique de l’Institut Garvan de recherche médicale de Sydney, en Australie, l’affirme aujourd’hui dans une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature. Avec ses collègues, elle a prélevé l’ADN mitochondrial de plus de milles africains originaires de la région. Cet ADN particulier, contenu dans une structure cellulaire responsable de l’oxygénation, est transmis presque exclusivement par la mère et, grâce à son marqueur génétique appelé L0, permet de retracer très finement une lignée. En corrélant leur analyse génétique avec des relevés paléo-environnementales, Vanessa Hayes et son équipe en ont conclu qu’une première population humaine, vieille de 200 000 ans avant notre ère, aurait quitté son berceau plus de 70 000 ans plus tard, suite à une forte augmentation de la pluviosité, afin d’entamer sa lente propagation sur toute la planète.
Cependant, pour plusieurs chercheurs interrogés par La Recherche (retrouvez leur article très complet sur la question ici), cette découverte n’est pas sans écueils. Jean-Jacques Hublin, directeur du département Évolution de l’homme de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig (Allemagne) et professeur au Collège de France, a par exemple confié à la revue que cela « va totalement à rebours des travaux actuels qui, dans l’ensemble, tendent à démontrer qu’Homo sapiens n’est pas originaire d’un seul point, mais que c’est l’ensemble du continent africain qui doit être considéré comme son berceau ». Par ailleurs, comme dans la plupart des études paléontologiques, il reste difficile d’attester de l’origine précise d’une espèce en l’absence de nombreux éléments de corrélation. Autrement dit, la quête du berceau de l’humanité (ou de la preuve de son inexistence) continue !
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