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Est-ce vraiment inconscient de se nettoyer les oreilles avec des cotons-tiges ?

Les mésaventures d’une australienne, victime d’une grave infection, ont remis ces petits objets sur le devant de la scène. Alors, dangereux ou pas ?

Cette semaine, plusieurs médias outre-atlantique dont Gizmodo se sont emparés d’une histoire en apparence tout à fait anodine. Jasmine, une australienne, a révélé à un magazine avoir développé une grave infection qui aurait même attaqué son crâne. La raison est toutefois très inattendue : pas d’étrange maladie congénitale, pas de virus ressorti d’on ne sait où. Le coupable de cet épisode qui a failli lui coûter la vie ? Des cotons-tiges ! Effectivement, entre un geste anodin et une infection mangeuse de crâne, il y a un monde. Ces petits objets sont-ils donc si dangereux ?

Avant tout, précisons que les cotons-tiges (dont le plastique sera interdit en 2021, au même titre que les pailles) ne sont pas censés être fourrés jusqu’au fond de votre conduit auditif. Les raisons sont multiples. En premier lieu, la raison même qui pousse nombre de gens à utiliser ces petits bâtonnets est le cérumen, cette substance cireuse sécrétée dans notre conduit auditif. Il est largement considéré comme “sale”, et représentatif d’une hygiène défaillante mais ce n’est pas le cas : il joue un rôle de protection physique et antibactérienne, très important dans zone particulièrement sensible et exposée ! Il n’y a donc pas de raison de le retirer, sauf en cas de surplus avéré. Surtout qu’il s’évacue déjà naturellement, grâce aux mouvements de votre mâchoire ! Cela a un autre avantage : en s’évacuant ainsi, le cérumen évacue également la saleté qu’il piège. On peut donc voir ce système comme une sorte de tapis roulant qui évacue des déchets en permanence.

Retirer le cérumen n’est donc déjà pas une bonne idée à la base, mais en plus, elle s’accompagne souvent de tout un tas de dommage collatéraux. Ce petit bout de coton, et surtout le bâtonnet en plastique, constituent une vraie agression contre la paroi du canal et peuvent y générer des lésions. Et en cas de main trop lourde, les conséquences peuvent être graves, comme des perforations du tympan ou pire, des dégâts au niveau de l’oreille interne.

Des cas exceptionnels d’infections graves

Mais dans certains cas d’utilisation très régulière sur des durées prolongées, les conséquences peuvent même être tout simplement dramatiques. C’est le cas de notre pauvre Jasmine, qui avait l’habitude de se curer les oreilles tous les soirs. Petit à petit, des petits morceaux de coton restés coincés se sont accumulés. Les premiers symptômes -perte d’audition, acouphènes- ont vites été agrémentés de vives douleurs. Lorsqu’elle s’est enfin décidée à consulter, le médecin a découvert une infection datant de plusieurs années. Celle-ci avait causé de gros dégâts à son oreille moyenne et interne, à tel point que la paroi de son crâne aurait même commencé à s’éroder. Résultat : une opération chirurgicale immédiate.

Difficile de démêler le factuel du sensationnel dans ce récit et il serait intéressant d’avoir l’avis d’un médecin pour la partie où elle parle de son crâne endommagé. Mais le fait est que ces infections massives existent et sont déjà documentées. Par exemple, un anglais a fait l’objet d’une étude dans laquelle une infection de ce type est allée jusqu’à une nécrose du conduit auditif, et même un abcès sous-dural. C’est à dire une cavité où s’accumule le pus après une nécrose… dans les espaces méningés, c’est à dire de l’autre côté de la paroi crânienne !

Ces deux cas absolument terrifiants vont certainement couper l’envie à certains d’utiliser ces cotons-tiges. En pratique, tous ces cas extrêmes sont survenus dans des conditions de mauvaise utilisation, de façon chronique, et avec des facteurs aggravants : il y a donc assez peu de chance que la moitié de votre visage se mette à nécroser parce que vous vous êtes récuré l’oreille. Mais ces cas sont des bons exemples de ce qui peut arriver lorsqu’on détourne l’utilisation d’un objet destiné à être utilisé uniquement pour le pavillon de l’oreille ! On ne peut donc que vous recommander de ne pas tenter le diable et de laisser votre conduit auditif tranquille. Pour cela, la meilleure solution reste de se nettoyer les oreilles sous la douche, et si vous utilisez un coton-tige, il est impératif de ne pas dépasser le pavillon.

Si toutefois un gros surplus de cérumen (constaté par un professionnel de santé, et pas selon une appréciation personnelle) se révélait très gênant et causait des bouchons, des solutions existent … et on rappelle qu’elles se trouvent chez votre médecin ou votre ORL, et certainement pas dans des dispositifs fantaisistes comme la “bougie à oreille”. Non, nous ne plaisantons pas : non seulement cela existe, mais c’est dangereux et inefficace.

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Source : Gizmodo

6 commentaires
  1. Alors je vois pas du tout le lien entre “geek” et “cotons tige”, mais l’article était cool. Chapeau.

  2. Intéressant la conclusion:
    “et certainement pas dans des dispositifs fantaisistes comme la “bougie à oreille” “

    en contradiction avec l’avis du médecin de l’article source :

    I asked the doctor what I could’ve done differently.[…]
    He suggested I try ear candling or have a doctor irrigate my ears with water instead.

  3. Évidemment si elle se cure entre les fesses avant les oreilles c est dangereux. Sont un peu **** les gens!!!

  4. Un problème déjà très vieux. Quand a se laver les oreilles sous la douche…. encore une idée farfelue que je ne risque pas de faire et que de nombreux othorhinos rejetteraient immédiatement. Quand aux pailles non plastique, la dernière que j’ai subi c’était une horreur, modifiant dramatiquement le gout. On pourrait aussi parler de la surconsommation de dentifrice ? Produit inoffensif qu’en petite dose, hautement toxique à haute dose, naturellement, la terre entière a tendance a en mettre deux fois plus que ce qui était prevu des le debut, c’est tout de meme bon de connaitre ce mauvais reflexe universel ?

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