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Un Rubik’s Cube en hydrogel pour stocker des données physiquement ?

Des scientifiques ont mis au point un Rubik’s Cube en hydrogel, capable de former rapidement des liaisons réversibles, et qui se solidifie sur de plus longues durées. Ils espèrent en faire un support physique de stockage de données, avec pourquoi pas des applications médicales.

Une équipe de chimistes américains et chinois a publié une étude plutôt intrigante : ils ont construit un cube constitué de petits blocs d’hydrogel coloré, dont l’apparence rappelle immanquablement le célèbre Rubik’s Cube. Mais l’idée va bien plus loin que le simple fait de créer un puzzle mou et gluant : cet objet pour le moins curieux pourrait bien inspirer un nouveau modèle de stockage physique de l’information. A terme, il pourrait permettre à des patients de contrôler des données comme leurs constantes vitales.

L’équipe a conçu ce drôle de jouet dans le cadre d’un projet visant à encoder physiquement de l’information. Jonathan Sessler, chimiste à l’Université du Texas, fait l’analogie avec les codes QR pour expliquer son concept : “Imaginez les codes QR. Ce sont des motifs de pixels noirs et blancs sur une surface en deux dimensions, qu’on utilise pour stocker de l’information. Nous explorons des manières d’encoder l’information dans des motifs colorés et en trois dimensions, ce qui pourrait en théorie donner une densité d’information bien supérieure.”

Le concept du Rubik’s Cube serait-il donc le support de stockage du futur ? Conceptuellement parlant, c’est bien possible. Chacun offre environ 43 * 1048 combinaisons uniques – soit 43 quintillions de combinaisons, donc on peut effectivement imaginer pouvoir stocker une bonne quantité de données sur un tel support.

Les 27 petits blocs dont est composé le cube ont été colorés à l’aide d’une nouvelle technique, inventée par Ben Zhong Tang, un chimiste à l’Université des Sciences et Technologies de Hong-Kong.

L’hydrogel, le support de sauvegarde du futur ?

L’hydrogel dont ces cubes sont composés a la particularité de pouvoir auto-régénérer ses liaisons chimiques : au repos, ils peut reformer des liaisons auparavant brisées. Une propriété indispensable pour ce projet, mais qu’il a fallu calibrer avec beaucoup de soin. En effet, il fallait que les liaisons chimiques soient assez faibles pour se rompre lorsque la structure pivote, mais assez solides pour que la structure puisse garder une certaine cohérence et donc conserver sa forme. Après 24 heures dans la même position, ces liaisons deviennent très solides et le cube se retrouve “scellé” dans l’état où il se trouve. Cette propriété pourrait, à terme, servir à créer des matériaux “intelligents”, en se servant de l’adhésion relativement faible au début qui devient très forte avec le temps.

Même s’il ne s’agit que d’un début de concept, l’équipe espère qu’à terme, elle pourra améliorer et miniaturiser de tels objets. Ils pourraient alors être intégrés à des systèmes de contrôle médical, par exemple dans un bracelet à porter pour “contrôler des changements chimiques” : les composés fluorescents inclus dans hydrogel pourraient par exemple changer de couleur s’ils détectent une glycémie inquiétante chez un diabétique. Nous en sommes encore loin, et le moyen exact par lequel l’équipe souhaite faire usage de ces propriétés reste peu clair. Cela reste en tout cas une expérience intéressante, et on est très curieux à l’idée de suivre ce projet pour découvrir les applications potentielles de l’hydrogel dans la sauvegarde physique de données.

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