En 1986, l’humanité connaissait l’une de ses heures les plus sombres : le célèbre accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, a généré une radioactivité extrême dans la zone environnante. A tel point qu’une zone dite d’exclusion a été établie autour de la centrale, pour limiter l’exposition de la population à ces dangereux rayonnements.
Depuis, cette zone d’exclusion est quasiment morte. La présence humaine et les allées et venues y est réduite au strict minimum, tout comme l’utilisation et la consommation des plantes et animaux trouvés sur place. La raison est simple : la zone est encore soumise par endroits à d’importants niveaux de radiations, parfois supérieurs aux limites de sécurité pour un humain. C’est d’autant plus vrai que l’on s’approche du cœur historique de la zone, le fameux réacteur 4 aujourd’hui protégé par une immense structure de confinement.
Mais le statut de cette zone d’exclusion pourrait bientôt changer : récemment, des scientifiques britanniques et ukrainiens y ont produit une bouteille de vodka entièrement exempte de radiations à partir de grain et d’eau récoltés sur place ! Ce breuvage, baptisé ATOMIK, pourrait bien représenter le début du reste de la vie de cette terre maudite.
C’est l’université de Portsmouth, au royaume uni, qui s’est chargée de communiquer la nouvelle :
Cette simple bouteille (qui n’existe qu’en un unique exemplaire pour l’instant) a une portée bien supérieure à celle de votre tord-boyaux lambda, autant sur le plan économique que social.
Relancer l’économie d’une zone mortifiée
En premier lieu, il pourrait s’agir d’une vraie piste pour relancer l’économie de la région. On oublie souvent que certains locaux ont toujours refusé de quitter les lieux, en particulier ceux qui vivent le plus près de la limite de la zone. Ces familles luttent au quotidien pour survivre, et le développement d’une filière de la vodka estampillée “Tchernobyl” pourrait permettre une vraie résurrection économique de la région ! C’est en tout cas l’un des objectifs de l’équipe de recherche dirigée par l’environnementaliste et géologue Jim Smith :
Je crois que c’est la bouteille de spiritueux la plus importante du monde parce qu’elle pourrait aider au rétablissement économique de communautés qui vivent dans et autour des zones abandonnées. […] Des milliers de personnes vivent encore dans la Zone de Déplacement Obligatoire où les investissements et l’usage de la terre agricole sont interdites.
Le chercheur souhaite donc reverser 75% des recettes de cette vodka pas comme les autres aux populations locales. Pour la vendre, l’équipe insiste bien sur le fait que sa vodka a été entièrement débarrassée de sa radioactivité pendant le processus de distillation. Elle est donc parfaitement buvable.
C’est d’ailleurs là le second enjeu de cette vodka. Elle s’inscrit dans le cadre d’un programme ambitieux, qui vise à “pomper” la radioactivité de la biomasse aux alentours au moyen de vastes cultures. Et cela fonctionne plutôt bien ! Pas question de recouvrir toute la zone d’exclusion de champs, cependant : la zone a acquis un statut particulier.
Nous ne pensons pas que la zone d’exclusion principale devrait être largement dévolue à l’agriculture, puisque c’est maintenant une réserve naturelle. Mais […] de nombreuses zones abandonnées pourraient être utilisées à cet effet.
Les responsables locaux sont en tout cas ravis de l’initiative, et on ne peut que saluer le beau symbole qu’elle représente. On ne sait pas encore quand elle sera disponible au grand public, mais on attend une date avec impatience : après tout, c’est pour soutenir les populations locales…
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