Nos sens nous permettent de ressentir le monde qui nous entoure. Lorsque l’on perd un membre, la sensation de toucher est donc directement affectée. Année après année, la science a mis au point des prothèses de plus en plus développées pour tenter de pallier ce type de handicap. Des progrès spectaculaires ont été accomplis, même si toutes les victimes sont loin d’y avoir accès. Une équipe de scientifiques de l’Université de l’Utah a collaboré avec différentes institutions pour mettre au point un modèle de prothèse de main capable de recréer ladite sensation.
L’équipe issue de l’université s’est notamment focalisée sur la création d’une interface reliant la main aux nerfs restant dans le bras du patient (nommée USEA). Ce sont ces derniers, par la volonté de l’utilisateur, qui permettent de l’utiliser. Durant la chirurgie, des centaines d’électrodes sont implantées directement près de la fibre nerveuse. Ils permettent de ressentir ou de stimuler de petits sous-ensembles de fibre de façon très sélective. Cela permet d’améliorer la précision du signal sensoriel et moteur qui est renvoyé dans la prothèse et le système nerveux.
Gregory Clarks, un ingénieur en biomécanique et un neuroscientifique travaillant à l’université a expliqué à Gizmodo l’intérêt de cette technique.
“Métaphoriquement, avoir des électrodes à l’intérieur du nerf plutôt qu’à l’extérieur, c’est comme avoir une conversation avec un petit groupe de personne que vous avez sélectionné plutôt que d’hurler dans un stade, et entendre une réponse confuse de la foule.”
En 2016, Clarks et son équipe ont demandé de l’aide à Keven Walgamott, qui a perdu sa main dans un accident de voiture il y a une quinzaine d’années. On lui a implanté l’interface que l’on a reliée à une main prosthétique nommée LUKE (en référence à celle de Skywalker après son combat contre Vador) et réalisée par la firme DEKA, qui offre une grande précision dans les mouvements. Vous pouvez la voir en action sur la vidéo ci-dessous, qui date de 2017. Durant 14 mois, Walgamott a travaillé avec les scientifiques, qui ont publié les résultats de leur étude dans le journal Science Robotics.
L’amélioration de l’aspect sensoriel a permis a Walgamott de réussir des mouvements très complexes comme se saisir d’un grain de raisin dans une grappe, ou porter une boite remplie d’objets fragiles. Elle a permis au patient de mieux distinguer une matière dure ou souple. Walgamott n’a d’ailleurs pas caché son émotion devant cet exploit. Bien qu’elle soit impressionnante, la prothèse ne reste qu’une imitation imparfaite de la nature, comme le confirme Clarks. « Nous ne pouvons pas encore pleinement recréer le riche répertoire de sensations et de perceptions qu’offre la nature. […] Mais nous pouvons faire beaucoup, beaucoup mieux que lorsqu’il n’y a pas de sensations du tout. » C’est tout ce qu’on leur souhaite.
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