Comment avez-vous décroché le rôle de Yusuf Kama dans les Animaux Fantastiques 2 : Les crimes de Grindelwald ?
Je n’aurais jamais imaginé pouvoir faire partie de ce monde. Pour moi c’était très loin. C’est encore plus loin qu’Hollywood, c’est vraiment un monde de rêve. J’ai reçu un message de mon agent qui me disait, voilà, il faut que tu passes une audition. J’ai dit oui, bien sûr. Puis il m’a envoyé le texte. Le texte c’était, je ne sais pas, Joe qui parlait à Jack de Jill. Je me disais, mais qui sont ces personnes, de quoi parlent-ils, quelle est leur relation ? Je n’en savais strictement rien. C’était hyper confidentiel. Je crois que ça a dû être le tournage le plus confidentiel de la planète à ce moment-là, et j’ai compris après pourquoi. L’anecdote, c’est que, au départ, on m’avait dit que je ne pouvais parler à strictement personne. Donc j’ai enregistré les personnages tout seul. Je me parlais à moi-même.
“Bonjour ça va ? Oui ça va très bien, et Jill, où est-ce qu’elle est ?”
On m’a fait recommencer la chose, je suis ensuite allé rencontrer l’agent de casting Fiona Weir à Londres. Elle m’a rappelé. Je suis reparti à Londres et là j’ai rencontré David Yates. Et à partir de là ça a été …. Je crois que j’étais en train de répéter une pièce dans le Sud de la France, j’ai reçu un coup de téléphone, et mon agent m’a dit, est-ce que tu es assis William ? Je me suis assis et il m’a dit voilà, David Yates va t’appeler dans 10 minutes exactement, et je suis resté là un petit peu abasourdi. Le téléphone a sonné, David Yates était de l’autre côté et il m’a dit, écoutes William on aimerait bien travailler avec toi, si tu es d’accord. Ça a commencé comme ça.
Étiez-vous familier avec l’univers d’Harry Potter avant d’intégrer le projet ?
Pas plus que ça. Je fais attention à ma réponse parce que si je dis familier on va croire que je connais, que je suis un Potterhead et que je connais absolument tout, et j’ai appris la prudence. Je me suis rendu compte que chaque personne qui m’interviewait en savait plus que moi sur l’univers. Mais c’est un univers que j’aime beaucoup. J’avais vu tous les films, j’en étais à ce stade-là, disons que j’en étais au premier stade, au premier cercle des Potterhead. Donc je connaissais tous les films, l’enchaînement, mais je ne connaissais pas tous les sorts par cœur, je ne connaissais pas tous les mots, je ne connaissais pas forcément toute l’histoire des Lestrange, par exemple. Mais l’avantage, c’est que mon personnage n’était pas mentionné auparavant. C’est vraiment un personnage qui a été créé au fur et à mesure. Pour cela j’en serai reconnaissant éternellement à JK Rowling parce que je crois que c’est dans le travail qu’elle a commencé à développer ce personnage. Au départ c’était un personnage qui se transformait en animal. Il y avait beaucoup plus de travail de prosthétique, donc ça m’amusait beaucoup. Je me voyais déjà me transformer en oiseau, etc. Et quand on m’a dit qu’on enlevait cette partie là, j’ai d’abord été un petit peu tristoune. Je me suis dit, oh mince alors, je n’aurais pas de super-pouvoir. Mais en fait c’était pour rendre le personnage plus humain, plus attachant, et pour creuser son humanité. Et après ça a été le cadeau.
Quels sont les éléments les plus importants du film ?
Je l’ai vu cinq fois dans tous les formats possibles. Alors je dois dire que les trois premières fois, j’avais un peu le trac. La première fois, je n’ai pas vu du tout le film. J’étais devant l’écran et je regardais le public. Je me suis rendu compte que c’est un film qu’il faut voir plusieurs fois parce qu’il est extrêmement dense. Le premier film aurait dû être un film d’exposition, mais en fait c’est un film d’exposition des personnages. Et le second film est un film d’exposition de la situation. Il y a une sorte d’effet miroir entre ce second opus et ce qu’on vit aujourd’hui, qui propose de se retrousser les manches, et de s’occuper de ce monde. Donc ça fait beaucoup d’informations. On n’est plus juste dans un petit conte d’enfants, On n’est plus juste avec des gentils animaux, et puis le gentil Norbert qui est tellement mignon avec ses mines, non. On est vraiment dans quelque chose où Norbert est pris dans une histoire, il ne veut pas y aller. Ce n’est qu’à la fin où il se dit, bon, je vais choisir mon camp. Il y a un message derrière, il faut choisir son camp, il faut prendre le monde à bras le corps, et ce n’est pas facile. Donc c’est une histoire très dense, mais il y a pleins de fils qui vont sortir. Et c’est autant de nourriture qui va être développée dans le 3, le 4, et le 5.
Qu’est ce qui différencie les Animaux Fantastiques d’Harry Potter ?
Harry Potter ça se passe principalement dans l’école. On est fourré autour, c’est un univers très enfantin, c’est une sorte de conte d’initiation. Et là c’est quand même plus grand. Entre Harry Potter et les Animaux fantastiques, il y a eu la pièce : The Cursed Child. Et là Harry Potter a entre 30 et 40 ans, il a des enfants qui ont l’âge qu’il avait à l’époque. J’ai vu la pièce à New York, à la première, mais j’étais décoiffé quoi, je m’y attendais pas du tout. Je suis rentré dans cette salle, je me suis dit que j’allais voir une petite pièce pour enfants, mais pas du tout. JK Rowling a cette faculté de pouvoir parler à plusieurs publics en même temps. Elle arrive à intéresser un adulte, et en même temps à parler à son enfant. Là on est encore un degré au delà de ça, c’est plus sombre, c’est plus musclé, c’est plus complexe, et ça parle de nous, vraiment. Quelque part, ça suggère aussi qu’on a plus de pouvoir qu’on ne le croit.
Le côté sombre des Animaux Fantastiques ne risquerait-il pas de rebuter les plus jeunes ?
Je pense que ça s’adresse aux vieux enfants plus qu’aux petits enfants. En dessous de neuf ans, je ne suis pas sûr qu’on comprenne grand chose, mais il y a de quoi faire. Je sais que c’est à la troisième lecture, peut-être à la quatrième, que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire des Niffleurs, que je n’avais même pas remarqué dans certaines scènes. J’ai commencé à m’amuser de voir le parcours de l’un des Niffleurs, que je n’avais pas vu dans les autres scènes, et je me suis dit, ah tiens, ça aussi il faut le voir. C’est ça qui est intéressant, c’est qu’on peut lire l’histoire à divers degrés, donc je pense que les enfants vont y trouver quelque chose, ça va les amuser, même si il y a des choses qu’ils ne comprendront pas forcément. Quand on est petit et qu’on ne sait pas ce qu’est le Seconde Guerre mondiale, on a moins de références. Mais quand on a lu Harry Potter, et qu’on sait que les Animaux Fantastiques se passe avant, on a son propre parcours et sa propre histoire. Donc les enfants qui n’ont pas la mémoire qu’ont les adultes, quelque chose qu’ils auraient appris à l’école de la Seconde Guerre mondiale ou de la Première Guerre mondiale, ils ont dans leur imaginaire d’autres guerres qui ont été faite par Harry Potter, d’autres combats. Parce que c’est vraiment une guerre qui se livre à la fin de Harry Potter, c’est vraiment des forces qui s’affrontent. Les enfants ont déjà cette expérience-là.
Comment ça s’est passé avec les autres acteurs ?
C’était horrible. Ils sont insupportables (rires). Bien entendu, Johnny Depp est merveilleux. J’ai vraiment été étonné. Quand on est pas un acteur aussi connu que ces gens là, on est un peu groupie en même temps. Ce sont des sortes de bêtes curieuses. Johnny est un type qui vit pour jouer. C’est invraisemblable. Dès qu’il joue, il s’allume. Eddie Redmayne est un très grand technicien. Il m’a vraiment fait penser à Charlie Chaplin parce qu’il travaille tout le temps. Dès qu’il y a une pause, on le voit en train de répéter, en train de bouger, en train de travailler sa gestuelle, de répéter son texte, etc. Tous les autres sont hyper concentrés. Zoë Kravitz, qui a l’air complètement détendue… Dès qu’on dit action, c’est une dynamite. J’ai adoré bosser avec Claudia Kim, l’actrice qui joue Nagini, qui est un amour. Ezra Miller, n’en parlons même pas. Il y avait aussi Dan Fogler, qui joue Jacob, qui me faisait rire tout le temps parce qu’il me regardait jouer, et après il me rejouait mes propres scènes. C’est à dire qu’il me rejouait William en train de jouer Yusuf Kama. Il y avait vraiment des liens qui se sont tissés qui étaient très tenus, très serrés.
Avez-vous utilisé des fonds verts ?
Il y a très peu de fonds verts. On avait construit des quartiers de Paris. Il y a des moments où je me disais, mais je suis à Paris en 1920. Et à un moment, on rentre dans une salle, et c’était notre Green Room. La Green Room, c’est l’endroit où on va attendre, et il y a un café ou un thé qui nous attend avant que notre scène commence, et avant qu’on nous appelle pour y aller. Donc on se concentre, on reste là et puis on attend. Et cette Green Room, c’était un magasin d’article de sport à destination des enfants de Poudlard. Vous savez, ces balles avec les ailes (vif d’or), des battes, des trophées, etc. Je croyais qu’il y aurait une scène tournée à l’intérieur, mais pas du tout. La caméra passait uniquement dehors. C’est dire qu’ils savaient très bien qu’aucune scène ne se ferait dedans, mais toute personne qui rentrait se croyait vraiment dans un magasin et ça donnait envie d’acheter tout de suite, de faire partie de ce monde-là, de vivre là. Moi, j’aurais emménagé tout de suite.
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