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Un porte-clé bluetooth pour localiser les élèves et lutter contre l’absentéisme

Les smartphones seront interdits à la rentrée prochaine dans les écoles, collègues et lycées, mais c’est une autre mesure prise par l’établissement catholique Rocroy Saint-Vincent de Paul qui inquiète les élèves de ce collège-lycée : ils auront obligation de porter un porte-clé connecté pour s’assurer de leur présence dans l’enceinte scolaire.

Les sous-doués passent le bac

C’est une nouvelle qui ne passe pas. L’établissement privé catholique Rocroy Saint-Vincent de Paul de Paris a inscrit une nouvelle mesure à son règlement intérieur applicable dès la rentrée 2018-2019 :

« Les élèves reçoivent en début d’année un porte-clé connecté (bluetooth) qu’ils doivent avoir en permanence sur eux. Celui-ci sera désormais une aide afin de s’assurer de la présence de chacun d’eux en classe, sur les installations sportives, au CDI et lors des sorties, mais aussi au cours des exercices de sécurité (incendie, PPMS). » En somme, une sorte de balise GPS pour s’assurer de la présence des élèves en cours et plus généralement au sein de l’établissement. Ce porte-clé nouvelle génération permet notamment de prévenir automatiquement les parents en cas d’absence de leur progéniture.

Badge obligatoire, sanction en cas de perte ou oubli

Les resquilleurs éventuels s’exposeront à une « sanction appropriée » pour toute « perte ou oubli ». La perte du dispositif coûtera 10 euros au contrevenant.

Cet outil de surveillance et de localisation obligatoire pose question et créé déjà la polémique au sein des élèves. Une pétition a été lancée sur Avaaz.org, rapportent nos confrères de Next Inpact, et a recueilli un peu plus de 3 500 signatures. Elle dénonce cette nouvelle mesure « tout bonnement inacceptable », « les élèves n’étant pas des objets appartenant à Rocroy ».

Lutter contre l’absentéisme

Pourquoi un tel dispositif ? La pétition suggère que l’établissement a eu maille à partir avec des brebis galeuses l’année dernière et a trouvé bien des « difficultés à communiquer de la présence ou de l’absence des élèves » au sein du collège-lycée. Toutefois, « il est anormal que les conséquences soient portées sur les élèves plutôt que sur l’établissement et qu’il ne se remette pas en cause et ne cherche pas à réhabiliter son système inadapté », tance la pétition.

D’après Next Inpact, c’est la start up française NewSchool qui a été choisie pour fournir cet outil. Une petite pousse lancée en 2015 par… une lycéenne de 16 ans, Philippine Dolbeau.

D’après notre étude, le temps moyen pour faire l’appel est d’environ 2 minutes et 30 secondes. Au bout de 37 semaines de cours, il aura passé 27 heures et 45 minutes à faire l’appel. Philippine Dolbeau

Appel automatique aux parents

Au départ, celle-ci a imaginé une application permettant de faire l’appel automatiquement grâce à un badge électronique porté par les élèves. New School propose aujourd’hui d’autres fonctionnalités pour les enseignants (système de bons points notamment) et les parents.

Coté vie privée, ce badge serait ultra-sécurisé et ne pourrait pas être utilisé par d’autres personnes que les enseignants dans le périmètre délimité de leur salle de classe. Ce n’est pas à proprement parler un GPS puisqu’il utilise la technologie sans fil BLE (Bluetooth Low Energy), avec une portée de 15 à 25 mètres à l’intérieur et jusqu’à 75 mètres à l’extérieur.

Et la vie privée des élèves ?

Les données « chiffrées » des élèves ne seraient pas stockées dans l’établissement, mais par NewSchool, qui a confié cette tâche à OVH. Une déclaration a également été faite à la CNIL. Trouver d’autres informations sur le site NewSchool est peine perdue.

À l’époque de son lancement, des enseignants s’inquiétaient déjà de « l’intrusion du privé à l’École » et des possibles détournements dont le badge pourrait faire l’objet.

https://twitter.com/cdidees/status/685506024019767296

Nos confrères de Next Inpact rappellent justement que le nouveau règlement intérieur de Rocroy omet de nombreuses informations concernant le traitement des données.

« Le RGPD exige pourtant tout un lot d’informations : la base juridique du traitement, les destinataires de ces fichiers, la durée de conservation, les droits d’accès et de rectification, l’existence d’une prise de décision automatisée, dans l’hypothèse par exemple d’une sanction automatisée consécutive à plusieurs absences », souligne le site.

Pas d’alternative ?

Face au tollé, l’établissement privé sous contrat d’association avec l’État a assuré dans un communiqué publié le 23 juillet que le dispositif « n’utilise pas la géolocalisation, et ne permet donc pas de connaître la position ou les déplacements des élèves. Il ne s’active que lorsque l’enseignant fait l’appel. Le reste du temps, les porte-clés s’éteignent automatiquement. »

Concernant « les données personnelles (nom de l’élève, emploi du temps) », elles sont « protégées et cryptées, en accord avec la CNIL. Elles sont sous la souveraineté de l’établissement ; en aucun cas elles ne sont utilisées à des fins commerciales par École Directe ou NewSchool, conformément au règlement européen sur la protection des données (RGPD) ».

En 2016, Philippine Dolbeau avait reçu le soutien d’un certain Alain Juppé et de l’Éducation Nationale. Le rectorat de Versailles lui avait ainsi permis de tester son application dans 3 classes de l’académie. Aujourd’hui, il équiperait 15 établissements selon Le Monde.  Après deux ans de développement, le badge New School propose de nouveaux services dématérialisés, comme le paiement de la cantine et l’emprunt de livre à la bibliothèque.

 

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9 commentaires
  1. 👎 Dans certains pays les smartphones et tout portable équipé d’internet a été interdit lors des examis pour empêcher les élèves à tricher . tricher peut être devenu une mode ou phénomène😎  universel.

  2. Je suis relativement étonné que ce genre de dispositif soit légal en France ….. Après je pense avoir mal compris, j’ai interprété ça comme une balise GPS, ce que le rédacteur à vachement dirigé par la phrase "En somme, une sorte de balise GPS pour s’assurer de la présence des
    élèves en cours et plus généralement au sein de l’établissement.
    "

    J’ai plutôt l’impression qu’il s’agit simplement d’une puce bluetooth qui permet de faire un "appel rapide" en fait… Sans quoi je vois pas le problème au final.

  3. Je me suis posé la même question car plus bas on a, je cite : "l’État a assuré dans un communiqué publié le 23 juillet que le dispositif « n’utilise pas la géolocalisation, et ne permet donc pas de connaître la position ou les déplacements des élèves. Il ne s’active que lorsque l’enseignant fait l’appel. Le reste du temps, les porte-clés s’éteignent automatiquement. »"

  4. Qu’en penses les parents qui ont fait le choix du privé pour leurs chérubins ? C’est la vraie question, pour le reste les moyens de contournement sont nombreux et les gamins suffisamment malins pour en détourner l’usage….

  5. Je pense qu’effectivement c’est juste une puce bluotooth pour faire une sorte d’appel. Pour gagner du temps et palier aux profs où cela fait ***** de regarder qui est absent.

  6. chaque phénomène negative peut prendre un ampleur et aura un impact si sera pas localiser pour y mettre fin

  7. C’est vraiment horrible de mettre un porte clef USB à la patte de chaque élève. Alors qu’il suffirait de mettre des caméras de vidéo surveillance avec reconnaissance faciale…

Les commentaires sont fermés.

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