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Under the Skin, It Comes at Night, Hérédité… Comment A24 a donné un nouveau visage au fantastique

Lancée en 2012, A24 s’est rapidement imposé comme une société de distribution à contre-courant. Retour sur un succès éclair, qui souffle un vent de fraîcheur sur le cinéma indépendant américain.

Lancé en 2012, A24 s’est rapidement imposé comme une société de distribution à contre-courant. Retour sur un succès éclair, qui souffle un vent de fraîcheur sur le cinéma indépendant américain.

Si les cinéphiles ont probablement déjà croisé le logo de la société A24 en salles, la firme née il y six ans maintenant était resté assez confidentielle. Mais la situation est en train de changer. Grâce à son triple Oscar en 2017 (Meilleur film, Second rôle et Scénario adapté), le film Moonlight a mis un sérieux coup de projecteur sur cette société de distribution doté d’une ligne éditoriale originale.

Avant lui, des succès critiques comme Spring Breakers, American Honey, Locke ou A Most Violent Year avaient déjà permis de créer une aura autour d’un milieu qui n’intéresse généralement pas le public. Un fait assez rare, qui fait penser aux jeunes années de la Miramax. Spécialiste du film de genre, A24 a également su donner un coup de fouet à une production fantastique/horrifique un peu terne. Cette petite sélection retrace en quelques films l’ascension d’une entreprise à part aux États-Unis.

Under the Skin

Si l’univers de Under the Skin gravite clairement vers la science-fiction, ce film de Jonathan Glazer penche assurément vers le cinéma expérimental. Librement adapté d’un roman de Michel Faber (Sous la peau), le film met en scène une séduisante extraterrestre, qui se sert de ses charmes pour tuer des hommes. Un script qui pourrait faire penser à La Mutante mais rassurez-vous l’expérience est tout autre.

Ce véritable ovni filmique (c’est le cas de le dire) est en plus porté par une Scarlett Johansson impeccable. Il développe une réflexion sur le principe d’altérité et notre rapport au corps à travers des scènes assez mémorables. Une œuvre qui divise, et c’est pour ça qu’on l’aime.

The Witch

The Witch se révèle être une des bonnes surprises de l’année 2016. Plongé en 1630, dans une Nouvelle-Angleterre peu avenante, on y découvre la vie d’une famille très pieuse qui découvre horrifiée la disparition de leur nouveau-né. Un malheur qui coïncide également avec la perte de leur récolte, qui les laisse dans une situation plus que précaire. Au milieu d’une nature sauvage, chacun des protagonistes est confronté à des événements très troublants, qui les poussent à se méfier de tout le monde.

Pour son premier film, Robert Eggers fait le choix d’un cinéma viscéral, en soignant particulièrement l’aspect sensoriel de l’œuvre. La photographie sublime, marquée par la liturgie judéo-chrétienne, fait écho à une bande sonore particulièrement soignée. Sans trop en montrer, The Witch entretient une peur primaire qu’on n’avait pas ressentie depuis un bon moment. Une sacrée expérience de cinéma.

It Comes at Night

It Comes at Night partage de nombreux points communs avec le film précédent. Ce thriller d’épouvante porté par Joel Edgerton nous laissé un bon souvenir. Perdue au fond des bois, une famille survit tant bien que mal alors qu’un virus a décimé les hommes. Mais lorsqu’une autre trouve refuge chez eux, les relations se tendent irrémédiablement.

En plus de partager un cadre champêtre assez similaire à The Witch, il décrit également avec précision le délitement de la cellule familiale devant une situation qui la dépasse. Trey Edward Shults joue sans cesse avec l’obscurité, déporte la peur hors champ et nous fait nous accrocher à notre siège lorsqu’un chien hurle vers l’obscurité. Si le récit aurait gagné à être plus étoffé, le climat anxiogène qui émane de l’ensemble reste assez mémorable.

Ex Machina

Passé sous le radar du grand public, Ex Machina propose pourtant une intéressante (et inquiétante) réflexion sur la robotique et l’intelligence artificielle. Il offre aussi un joli rôle de composition à Oscar Isaac, Domnhall Gleeson et Alicia Vikander, tous trois impeccables. Un brillant employé d’une société informatique a le privilège de passer un séjour d’une semaine avec son patron, un génie égocentrique et mystérieux. Barricadé dans un luxueux chalet, ce dernier désire lui présenter sa dernière création : un robot nommé Ava.

Petit à petit, il comprend que sa présence n’est pas anodine et fait partie d’un test bien particulier. Le film d’Alex Garland baigne dans une ambiance paranoïaque, et tente de nous interpeller sur les droits dont nous disposons sur nos propres créations. La mise en scène froide et stylisée intrigue et nous maintient en haleine jusqu’au bout. Une œuvre troublante.

 

Hérédité

Sorti le 13 juin, Hérédité est un film d’horreur qui a déjà su séduire la presse américaine. Et une fois n’est pas coutume, l’horreur se passe en famille ! Pour son premier long-métrage, Ari Aster met en scène un thriller psychologique particulièrement tendu et vicieux.

Alors qu’elle vient de perdre sa mère, Ellen Graham découvre que cette dernière dissimulait des secrets très inquiétants sur sa lignée. Elle comprend alors qu’une malédiction rode sur elle et sa famille. Peu à peu, des événements de plus en plus étranges se produisent… À moins que tout ne se passe dans sa tête ?

En laissant constamment planer le doute sur ce qui se déroule vraiment à l’écran, Aster arrive à mettre en place une tension progressive et étouffante. Il est bien aidé par un casting au diapason, composé de Gabriel Byrne, de Milly Shapiro et d’une Toni Collette impressionnante. L’actrice livre ici une de ses meilleures performances, provoquant l’empathie ou la peur d’une scène à l’autre. Le scénario nous mène par le bout du nez jusqu’à une dernière demi-heure de pure terreur assez spectaculaire. Préparez-vous à un sacré tour de manège.

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