[Si vous ne voulez rien découvrir de l’intrigue à venir et de celle de la saison 1, passez donc votre chemin Spoiler alerte !]
« Je m’appelle June Osborne, et je suis libre », ces quelques mots prononcés par – l’excellente – Elisabeth Moss dans le premier épisode de la saison 2 dévoilé le 26 avril préfigurent sans doute la nouvelle saison à venir. Comment la liberté se perd, de manière insidieuse et rampante, presque indolore, et comment elle se (re)conquiert, par petites touches anodines.
Pourtant adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood sorti en 1985, The Handmaid’s Tale s’est fait le vibrant écho des soubresauts de notre société au lendemain de l’affaire Weinstein et délivre sa suite alors qu’elle tente aujourd’hui de se délivrer de ses stigmates.
Gilead est en toi
Au tour de la série de prendre ses libertés avec le roman d’Atwood pour tiser son récit. Après avoir laissé Offred, alias June, enceinte, aux prises avec les autorités de la République de Gilead, la série reprend là ou on l’avait laissé. On ne pouvait espérer démarrage plus brutal et suffocant, à l’image de cette scène d’introduction où les minutes s’étirent et distillent leur terreur pour asservir un peu plus.
« Gilead est en toi comme l’esprit de dieu. Ou la bite du Commandeur. Ou le cancer »,
Dans ces deux épisodes, nous quittons l’univers aseptisé et normé de la République de Gilead, mais Gilead est partout, dans toutes les strates de la société, promettant d’abattre son couperet. La violence et cruauté de la série s’abat de nouveau sur nos personnages qui n’ont de répit que dans le peu de liberté (de choix, de sentiments, de mots) qu’ils s’octroient.
Libérée, délivrée ?
Ainsi, Ofred, « libérée » de ses geôliers, mais désormais traquée, se retrouve ballottée de cache en cache, la peur au ventre d’être rattrapée par des autorités, dont les traces des exactions sont visibles partout autour d’elle. Ce n’est qu’en retrouvant le troublant Nick, à l’origine de son échappée, qu’elle se réappropriera son corps et sa liberté de femme.
Grâce à deux timelines que tout oppose, on devine comment le basculement s’est effectué, entre ce qu’étaient les États-Unis d’alors, et ce que Gilead en a fait. Les flashbacks des personnages ont cette puissance évocatrice d’une humanité perdue, dévoyée au nom d’un dieu tout puissant et prétendument miséricordieux, mais prétexte aux pires sévices.
À quoi cela tient ? À rien. Une censure qui s’opère, des comportements remis en question et qui dénotent avec « l’ambiance propice » promue par Gilead. Puis les exactions, les attentats (contre le capitole, la Maison-Blanche), les tirs sur la foule, et l’épuration pure et simple de tout ce qui n’est pas compatible, jusqu’à l’avènement d’une nouvelle loi. LA loi, celle qui défait ce qui a été fait, comme un mariage entre deux homosexuelles, une famille, des droits, etc. Lorsque les premières contestations émergent, il est déjà trop tard.
De l’incompréhension qui frappait nos personnages la saison précédente succède désormais leur résistance. Résistance pour survivre, mais aussi pour renverser l’ordre établi.
The Handmaid’s Tale saison 2 délivre pour l’instant une partition parfaite, aussi bien dans son propos que dans sa mise en scène. De Gilead et ses plans graphiques, son esthétique quasi clinique, au contraste de ses colonies, nappé d’une couleur chaude et hantées par ses corps en décomposition. On découvre alors ce nouvel environnement, néo camp de travaux forcés en terrain contaminé où l’on tue à petit feu, comme ultime torture. C’est ici que nous retrouverons désormais Ofglen, alias Emily, – magnifique Alexis Bledel, passée de guest star à personnage principal – brillante professeur d’université, devenue paria de la République de Gilead pour cause d’homosexualité.
Tout l’enjeu de cette deuxième saison sera de se libérer de son matériau d’origine sans en trahir l’esprit. Pour l’instant, la mission est remplie.
The Handmaid’s Tale est à retrouver sur OCS.
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Non,on ne regarde pas cette propagande féministes à 2 balles.