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Pour prédire les crimes, La Nouvelle-Orléans a eu recours à une technologie de surveillance sans avertir ses habitants

En janvier 1956, lorsque The Minority Report de Philip K. Dick fut publié, tout n’était que fiction. Cette société, où les meurtres peuvent être prédits à l’aide de mutants doués de précognition a même eu droit, en 2002, à une version cinéma réussie réalisée par Steven Spielberg. Seize ans plus tard, La Nouvelle-Orléans s’inspire, dangereusement, de ce mode de fonctionnement.

Une technologie “prédictive”

C’est une statistique douloureuse pour le gouvernement de La Nouvelle-Orléans, plus grande ville de l’État de Louisiane aux États-Unis. Entre mai et juin 2013, les crimes perpétrés par les gangs l’ont hissé à la sixième place des communes les plus dangereuses du pays. Et ce n’était plus vivable. Ainsi, pour remédier à la situation, les autorités ont décidé de recourir à un logiciel développé par l’entreprise Palantir (spécialisée dans les big data et financée, en partie, par le fonds de capital-investissement de…la CIA).

Nommé In-Q-Tel, il permet de « tracer les liens de certains individus avec d’autres membres de gangs, décrire des histoires criminelles, analyser les médias sociaux, et prédire la probabilité qu’auront des individus de commettre des actes violents ou de devenir une victime » comme le définit The Verge. Ça vous rappelle quelque chose ?

Grâce à cette « technologie prédictive », la police du département a fini par arrêter plusieurs dizaines d’hommes accusés d’appartenir à des gangs de trafiquants de drogue. Pourtant, lors des procès, aucune trace dans les 60 000 pages de rapports de ce partenariat avec Palantir, débuté en 2012 et renouvelé trois fois pour une date d’expiration au 21 février 2018. Bien évidemment, aucun citoyen de La Nouvelle-Orléans n’était au courant. Toujours selon The Verge, cela vient en partie de l’accord passé entre le Maire de la ville, Mitch Landrieu et l’entreprise Palantir via un programme nommé NOLA for Life. Grâce à ce statut particulier, pas besoin de passer par un processus d’acquisition public et donc, forcément, d’en informer les habitants.

Mitch Landrieu Photo : JD Lasica/Socialmedia.biz

Pas encore au point

Dans l’article, on peut ainsi lire :

“En janvier 2013, La Nouvelle-Orléans permettait également à Palantir d’utiliser son compte auprès du service Accurint de LexisNexis, qui comprend des millions de documents publics consultables, des dossiers judiciaires, des licences, adresses, numéros de téléphone et données de médias sociaux. La firme avait également obtenu un accès gratuit aux données criminelles et non-criminelles, afin d’entraîner son logiciel pour prévoir les crimes. Ni les habitants de La Nouvelle-Orléans, ni les membres clefs du conseil municipal dont le travail est de surveiller l’utilisation des données de la ville n’étaient au courant de l’accès de Palantir à des tas de leurs données.”

Ainsi, qu’ils aient commis ou non un crime, les habitants de La Nouvelle-Orléans ont vu leurs données personnelles être collectées et analysées par In-Q-Tel. Problème de taille, l’algorithme de cette technologie a tendance à viser en priorité “les communautés pauvres de couleur désormais sujettes à un contrôle policier disproportionné.” Question : que fait Tom Cruise ?

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4 commentaires
  1. "Person of Interest", Here we are….

    Cette série était visiblement visionnaire… C’est flippant…

  2. La boite s’appelle palantir !! et le PDG c’est Fëanor..

    Dire que plein de villes en France essayent de vendre ce genre de conneries de big data, ça coute un bras  pour un résultat ridicule.
    Mais Oracle est au Big data ce que la NRA est aux armes

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