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[Critique] “Ça” est-il le film d’horreur de l’année ?

Le cinéma d’épouvante ne nous a jamais paru aussi populaire que ces dernières années. Pourtant, en visionnant ces dizaines de longs-métrages qui nous promettent une terreur…

Le cinéma d’épouvante ne nous a jamais paru aussi populaire que ces dernières années. Pourtant, en visionnant ces dizaines de longs-métrages qui nous promettent une terreur novatrice, on se perd parfois, tentant bien souvent de trouver une once d’originalité. C’est souvent peine perdue. Mais il arrive quand même que certaines réalisations sortent du lot et réussissent à nous transmettre des émotions qu’on pensait enfouies. C’était l’une des promesses d’Andy Muschietti lorsqu’il a débuté le tournage de son « Ça ». Précédé d’une belle réputation, notamment grâce au téléfilm « Il » est revenu mais surtout par l’intermédiaire de son ouvrage référence écrit par Stephen King, le long-métrage se devait de nous surprendre tout en respectant les codes d’un genre apprécié. Avec à sa tête un Clown Grippe-Sou attendu au tournant, « Ça » a-t-il réussi son pari ?

Grippe-Sou le maléfique

Bienvenue à Derry, petite ville située dans le Maine, à l’extrême Nord-Est des Etats-Unis. On y fait la connaissance d’un certain « Club des Ratés » composé, entre autres, de Bill, Richie, Stanley et Eddie. L’histoire débute alors que le petit frère de Bill, nommé Georgie, fait la rencontre du Clown Grippe-Sou, coincé dans un égout, qui lui assure vouloir devenir son ami. Le problème, c’est que ce clown n’a rien d’amical. Celui que les membres du « Club des ratés » finiront vite par appeler « Ça » est en réalité un terrible monstre qui émerge, tous les 27 ans, pour se nourrir de la terreur des enfants de Derry. Et alors que la créature sème la terreur en ville, Bill et ses copains ont bien l’intention de mener leur enquête et de mettre un terme à tous ses agissements.

« Ça » ne vous laissera pas de temps. Dès sa première scène, on comprend que l’objectif clair du film est de vous scotcher à votre siège, vous laissant perdu, entre terreur et interrogations. Et c’est bien cette impression générale qui règne durant les 2h15 de projection.

Il faut bien avouer qu’on sait où se dirige l’histoire et que, finalement, chaque scène est assez attendue. Dans ce sens, surtout pour les lecteurs de l’œuvre originale, l’effet de surprise est assez faible et on sent arriver chaque jumpscares quelques minutes auparavant. Mais ce n’est pas là que réside la force du long-métrage. La réalisation d’Andy Muschietti ne souhaitait pas se perdre dans le néant de l’horreur pré-établi par le cinéma américain. C’est avant tout la tension palpable qu’il dégage et sa dimension artistique bien supérieure à la moyenne qui en font une œuvre à part entière. Dans chaque scène, on ressent cette volonté de la part du réalisateur d’insuffler de la vie dans les décors et dans la petite ville, aussi grise soit-elle, de Derry. Cela se ressent donc sur l’atmosphère globale que dégage le film et sur l’aisance avec laquelle il réussit à impliquer le spectateur face aux événements qu’il dépeint.

Ce qui frappe également, c’est combien l’univers qui nous est présenté est cohérent et relativement respectueux du livre de Stephen King. Si les plus grands adorateurs de l’œuvre originale trouveront certainement à redire, il faut bien avouer que nous sommes en face d’un long-métrage qui tente de conserver le charme du récit de King tout en lui conférant une aura propre à la vision de son réalisateur.

D’ailleurs, le clown « Grippe-Sou » incarné par Bill Skarsgard est une belle surprise. Derrière le maquillage et l’accoutrement qui nous ont paru de qualité, c’est surtout son allure et chacune de ses mimiques qui en font un personnage travaillé qui crève l’écran. Et celui qui se fait appeler également Pennywise participe à faire de « Ça » un vrai film d’horreur moderne. Car si l’on porte trop d’importance aux célèbres « jumpscares » et l’effet qu’ils peuvent avoir sur le spectateur, le film réussit à nous apporter bien plus. C’est une peur tenace qui nous tient au ventre tout au long de la projection, comme si nous étions déjà effrayés à l’idée de voir réapparaître le monstre et ce qu’il est capable de faire. Cette peur se mélange vite à des scènes gores qui pourront choquer. « Ça » va en effet assez loin lorsqu’il s’agit de présenter ses effets visuels et il faut bien avouer que voir des enfants se faire charcuter nous a paru ô combien malsain.

Stranger Clown

« Ça » repose aussi sur son casting et surtout sa jeune troupe d’acteurs. Surfant, il en est certain, sur la vague de Stranger Things, la réalisation gagne en charme au fil des minutes via la découverte de ses protagonistes. Si les fans de la série Netflix reconnaîtront aisément Finn Wolfhard (Richie), c’est surtout la talentueuse Sophia Lillis (Beverly) qui prend le dessus. La jeune actrice dégage une aura extraordinaire qui apporte un véritable plus au film. On s’attache très vite à elle, mais aussi au petit groupe de copains aux caractères et personnalités aussi différents qu’amusants. Il faut bien se rendre compte que les jeunes acteurs portent en grande partie le long-métrage et, comme expliqué précédemment, diffusent une fraîcheur bienvenue au cinéma d’horreur.

Sophia Lillis est la belle découverte du film

Mais là où « Ça » nous a véritablement convaincu, c’est dans sa façon d’aborder la psychologie de ses personnages et de jouer avec ses classiques. Tandis qu’une grande majorité de spectateurs pense très certainement que le grand ennemi du film n’est autre que le monstrueux clown, Andy Muschietti nous contredit perpétuellement. On se retrouve à jouer avec nos propres sentiments et à se demander si Grippe-sou est en réalité le plus affreux des personnages dépeints (nous ne préciserons d’ailleurs pas lesquels pour vous laisser l’effet de surprise). En abordant des sujets parfois tabous (la découverte de la sexualité, les relations parents/enfants,…) et en les traitant de la manière la plus juste et réaliste possible, le réalisateur argentin permet ainsi à son récit de présenter des figures dont la personnalité en dérangera un grand nombre.

Andy Muschietti, à qui l’on doit déjà le très intéressant Mamà, a gagné son pari. Il permet à son film de bénéficier d’un rythme agréable, néanmoins haché par quelques scènes en deçà en termes de qualité. Mais la mise en scène globale est on ne peut plus maîtrisée et on ne s’ennuie jamais face aux événements qui nous sont contés. On regrette toutefois quelques petites incohérences scénaristiques qui viennent assombrir le tableau mais qui pourraient, on l’espère, trouver leurs fondements dans la probable suite du film.

Conclusion

On comprend mieux pourquoi « Ça » et ses 35 millions de dollars de budget explose des records au Box-Office américain. En une semaine, le film a en effet déjà rapporté 218,7 millions. Et la raison est simple : le long-métrage est l’un des meilleurs qu’il nous ait été donné de voir dans sa catégorie. S’il ne révolutionne finalement pas vraiment les codes du cinéma d’horreur, la complexité de ses personnages, la puissance de sa mise en scène et sa façade artistique en font une œuvre captivante. Si les âmes sensibles devront s’abstenir, les autres peuvent-elles foncer dans les salles obscures.

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22 commentaires
  1. La 1ère heure a été très lente à mettre en place tous les personnages. A part 2/3 jumpscares j’ai trouvé ce film très ennuyant. Mais Big Up pour Sophia Lillis, la fille du groupe, elle est très bien!

    1. exactement comme l’original donc, la première heure n’est qu’une succession d’appels aux membres du groupe pour prévenir que “ça” est revenu 🙂 (je n’ai pas encore vu le remake)

    2. Oui plutôt d’accord, je ne l’ai pas trouvé désagréable non plus, mais à un moment c’est devenu fort ennuyeux. Et j’ajouterai que je trouve le clown plutôt mauvais, avec une tête de psychopathe trop marquée dès le début. Aucun gosse de l’âge de Georgie s’approcherait de ça sans faire dans sa culotte…

  2. première partie assez mal foutue j’ai trouvé, le film manque de cohérence et enchaîne les scènes sans lien. Le personnage de Bowers est à peine survolé, ce qui est vraiment dommage quand on sait l’importance qu’il occupe dans le livre … J’ai trouvé l’affrontement entre les gamins et le clown trop “physique” mais je comprend tout à fait qu’il soit trop compliqué de retranscrire à l’écran la manière dont les Ratés viennent à bout du monstre.
    Par contre Pennywise est magnifiquement incarné, certaines scènes sont particulièrement violentes et la deuxième partie du film est tout simplement excellente ! Spécial dédicace à Beverly qui est vraiment touchante !

  3. Vu hier soir. Apprécié mais sans plus.

    La première moitié du film se résume à aligner bêtement les rencontres de chaque enfant avec grippe-sou les unes après les autres selon un même schéma:
    – l’enfant se retrouve seul dans une atmosphère angoissante
    – grippe-sou essaie de l’attraper
    – un adulte apparaît faisant disparaître le clown / l’enfant parvient à s’enfuir
    Au bout de la sixième scène identique, on commence à trouver le temps long…

    Ensuite le film démarre et devient un petit film d’horreur sympathique, mais jamais vraiment effrayant ni vraiment très intelligent.

    Le plus gros défaut du film est de souffrir de la comparaison avec Stranger Things qui fait peu ou prou la même chose, mais en mieux:
    – Le jeu d’acteur des enfants de ça n’est pas toujours juste (mentions spéciales au bully ainsi qu’au petit livreur de viande)
    – La créature de Stranger Things est bien moins montrée et est donc réellement effrayante
    – Les enfants de Stranger Things ont des réactions plus spontanées, plus naturelles: quand j’étais un jeune ado, si un monstre avait essayé de me faire la peau, j’en aurais parlé à mes potes. Ici ils se taisent tous jusqu’à la moitié du film….puis quand ils en parlent, ils le font presque naturellement. Ensuite quand ils partent affronter le clown dans la maison, ils ne sont ni organisés ni armés….ils manquent constamment de jugeotte et de bon sens.
    – Trop de jump scares, trop de “on se sépare au lieu de rester grouper”, trop de “sauvé de justesse par quelqu’un d’autre”, bref, trop de grosses ficelles bien grasses du cinéma d’horreur.

    Passons également sur l’histoire d’amour Billy – Beverly qui n’est jamais développée -sauf la scène ridicule de nettoyage de salle de bain- et *pouf* ça se produit à la fin, juste comme ça…sans même laisser de chance à Ben d’exister

    1. Les peurs et les angoisses ne sont pas les mêmes pour tout le monde et tu ne le cries pas sur tout les toits non plus. Je ne me rappelle plus trop du livre car cela fait longtps que je les ai lu mais il me semble que c’est une histoire de ce genre, non ? Donc en gros même s’il fait bcp penser à Stranger things la comparaison n’est néanmoins pas si pertinente que cela

      1. As-tu remarqué que la plupart des critiques de Ça parlent aussi de Stranger Things? Cette critique n’y fait d’ailleurs pas exception.
        La comparaison est inévitable : les 2 histoires nous présentent une bande de garçons se battant contre un monstre. Dans les 2 cas, un enfant est enlevé par le monstre au début de l’histoire ce qui déclenche la recherche des enfants. Dans les 2 cas, la bande accueille un personnage féminin plus fort que les garçons. Il y a même un des enfants acteurs qui joue dans les 2.

        L’histoire initiale de Ça se passant dans les années 50, elle a ici été transposée dans les années 80 pour mieux parler aux trentenaires en jouant sur l’effet nostalgie (bmx, walkman, new kids on the block, …), surfant ainsi sur la vague de Stranger Things.

        Je me demande ce qu’il te faut de plus pour rendre la comparaison pertinente ?

    1. Le précédent était un nanar. Seul Tim Cury et son déguisement avait un réel intérêt et on bien fait le boulot de nous effrayer. Ce film ne pourra pas être pire.

    2. Dans le livre aussi, ils flottent tous en bas.

      Le précédent film était autant un viol du livre que l’adaptation de Shining par Kubrick.

      Cette adaptation colle déjà plus au livre, et c’est très rare pour en parler.

  4. “« Ça » est-il le film d’horreur de l’année ?”
    Heu… Le film est interdit aux moins de 12 ans, donc tout est hyper lite.
    Quand les producteurs auront les couilles de sortir un film interdit aux moins de 18 ans, au lieu de regarder leurs porte monnaie, alors on pourra juger si un film est d’horreur ou non.

    1. j’ai 28, je suis allé le voir, et personnellement je trouve qu’il pourrait être -16 sans soucis…
      le gore pur ne me gêne d’habitude pas plus que ca, mais la, il y a un côté extremement malsain et choquant en plus .dans les images…

      à côté stranger things c’est un petit thriller gentillet ^^

      1. Je ne pense pas que le gore apporterait quelque chose, je me souviens d’un film (entre autre) qui m’avait marqué: “Amityville, la maison du diable” de 1979: Pas une seule scène gore, tout est dans la tension, un peu comme le monstre que l’on ne voit presque pas dans le premier film “Alien”.

    2. C’est tout le problème du film à mon avis. Le fait qu’on le décrive comme un film d’horreur. Pour moi il est plus proche d’un Stand by me (qui est aussi une adaptation de King d’ailleurs ^^) que d’un Freddy. Le réduire à “un monstre qui tue des enfants” est la plus grosse erreur qui a était faite par de nombreuses critiques. Ils semblent oublier tous les à côtés qui volent la vedette à ça et qui malheureusement ne sont pas assez développés pour vraiment détacher le film de son étiquette “film d’horreur”.
      Il faudra voir la suite je pense puisqu’il est prévu qu’il y ai des flashbacks avec le club des ratés.

      1. “Pour moi il est plus proche d’un Stand by me (qui est aussi une adaptation de King d’ailleurs ^^) que d’un Freddy.”
        Tout à fait d’accord avec toi.
        J’avais déjà été déçu de l’adaptation en téléfilm, mais je pense que c’est normal:
        Quand on est sous sa couette en lisant le livre, (si c’est bien raconté, comme le fait S.K) on laisse libre notre imagination et nos terreurs d’enfant (ce qui est le but du livre) et forcément, on ne peut qu’être déçu par une adaptation sur petit ou grand écran…

  5. Est-ce que dans le bouquin de King, le clown se planque dans les égouts comme dans le téléfilm, ou dans une maison de style hantée comme dans le remake?

  6. C’est petite film sympa mais qui rate complétement la cible à mon avis par rapport au message des bouquins. Dans tous les cas, les livres sont inadaptables.
    Au départ, je pensais que transposer l’histoire dans les années 80 étaient une bonne idée mais au final pas du tout cela efface un tas de problématique fondamental pour l’ambiance de la ville (période faste de l’après-guerre, racisme, jeunesse qui commence à contester le monde établi avec notamment la place du rock, age d’or des films de la Hammer qui permettront aux gamins de trouver le moyen de blesser ça etc).
    Autre point noire, c’est la psychologie des personnages mal retranscrit voir pas du tout retranscrit par rapport aux livres (Mick Hanlon ou es-tu?). Chaque enfant a une force qui va leur permettre de vaincre le démon mais surtout cela reste des enfants et c’est parce qu’ils sont des enfants qu’ils vont réussir à vaincre ça. Aussi, leur relation va se renforcer durant tout l’été et les phases d’actions n’arriveront qu’à la fin de l’été, dans le film tout est trop vite expédié.
    Autre point raté à mon sens est le clown. Dans le film, on est face à un clown démoniaque point barre. Hors ça n’est pas qu’un clown, il est l’incarnation des peurs de chacun (et même d’adultes!) et la forme de Grippe-Sou est l’avatar pour se fondre dans le décor donc la composition de Tim Curry était à mon sens bien plus convaincante.
    Dernier point, c’est la ville de Derry. Dans le livre, c’est la ville dans son ensemble qui est mauvaise pas seulement une partie des égouts et la maison du 21 neibolt street.

  7. Film bien nul à bien des égards, encore une enflure mediatique pour vendre des patates au prix du caviar. Cela dit venant d un livre de stephen king (roman de gare à l imagination improbable voir incongrue et littérature de bas niveau) il n y a pas de surprises

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