C’est donc l’épilogue d’un tunnel sans fin de controverses autour de Travis Kalanick. Une situation de crise qui menaçait de porter préjudice à la compagnie qu’il a contribué à créer (avec Garrett Camp) en 2009. Cette éviction n’en est pas moins surprenante : il y a une semaine à peine, Travis Kalanick avait choisi de se mettre en retrait de la compagnie, abandonnant son poste de directeur général pour une durée indéterminée. Aucun DG par intérim n’avait été nommé pour le remplacer. « J’ai besoin de travailler sur moi-même pour devenir le leader dont cette société a besoin », expliquait-il alors. Sans abandonner l’idée de « construire une équipe dirigeante de première classe » pour garantir le succès d’Uber.
Poussé vers la sortie par les actionnaires
Mais les actionnaires ne l’entendaient pas ainsi. D’après le New York Times, cinq des plus gros actionnaires de la compagnie lui ont adressé une lettre dans laquelle ils jugent sa mise en retrait insuffisante pour garantir le succès d’Uber à l’avenir et exigent sa démission.
« J’aime Uber plus que tout au monde et à ce moment difficile de ma vie personnelle, j’ai accepté la demande des investisseurs », a déclaré Kalanick dans un communiqué. Uber va pouvoir retourner au travail plutôt que d’être distrait par une autre bataille. »
Devenue en quelques années à peine l’une des licornes US les mieux valorisées du secteur, l’entreprise est aujourd’hui présente dans plus de 50 pays. Elle a enchaîné les levées de fonds record (11 milliards de dollars) et peut se targuer d’être valorisée 70 milliards de dollars sans être côtée en Bourse. Un état de grâce qui lui a permis de muscler son offre, déjà agressive en matière de prix.
Miné par les polémiques
Ce qui n’a pas empêché Uber d’enchaîner les mauvaises presses ces derniers mois. Notamment lorsque l’utilisation de Greyball, un logiciel espion utilisé pour échapper aux contrôles de police notamment, a été révélée. Une controverse qui arrivait au milieu d’autres visant spécifiquement Travis Talanick. Le boss d’Uber est alors accusé d’avoir laissé s’installer une culture d’entreprise sexiste et discriminatoire, pointe Le Monde.
Une ancienne ingénieure informatique raconte par le menu comment la direction des ressources humaines a systématiquement ignoré ses plaintes pour harcèlement sexuel. Dans le même temps, Amit Singhal, directeur technique chez Uber, est contraint au départ pour avoir caché la plainte pour harcèlement sexuel qui le visait lorsqu’il était chez Google.
Crainte pour l’avenir d’Uber
Travis Kalanick tente de faire amende honorable en assurant reprendre en main la vie au sein de sa société, mais c’était sans compter une énième polémique le touchant directement : la vidéo de son altercation avec un chauffeur Uber au sujet de leur rémunération.
Ajoutez à cela sa participation controversée au conseil économique de Donald Trump, le mouvement #deleteUber en marge du décret anti-immigration, et les poursuites de Google pour vol de technologies, Uber était pollué par les polémiques et accusait dans le même temps 2,8 milliards de dollars de perte pour 2016.
La coupe semblait bien pleine, mais le groupe n’a pas dit son dernier mot et vient de lancer une nouvelle campagne de communication « 180 jours de changement », qui inclut la possibilité de laisser des pourboires aux chauffeurs.
« Au cours des 180 prochains jours, nous nous engageons à faire mieux que jamais avec Uber. Nous savons qu’il y a un long chemin à parcourir, mais nous n’arrêterons pas avant d’y arriver ».
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