Si beaucoup considèrent que Wikileaks a fait le jeu des républicains lors des dernières élections présidentielles en livrant des cartouches à Donald Trump contre Hillary Clinton (avec la publication des mails du parti démocrate), son fondateur, Julian Assange, n’a pas à espérer la moindre forme de gratitude.
Pour le ministre de la Justice américain, Jeff Sessions, l’arrestation de Julian Assange est une « priorité » pour l’administration Trump.
Arrêter Assange est une “priorité”
« Nous allons intensifier nos efforts et nous avons redoublé d’efforts en ce qui concerne les fuites », a indiqué le ministre en conférence de presse. « C’est une affaire qui dépasse tout ce que je connais », a-t-il déclaré en référence à l’ampleur des documents révélés.
« Nous avons des professionnels qui sont dans la sécurité aux États-Unis depuis des années et qui sont choqués par le nombre de fuites, dont certaines très sérieuses », a-t-il encore assuré. Ajoutant : « Nous allons chercher à mettre certaines personnes en prison ».
Depuis 2010, le gouvernement américain enquête sur le rôle joué par Wikileaks dans la fuite de documents classifiés fournis par l’ancienne soldat Chelsea Manning, condamnée à 35 ans de prison et dont la peine a été commuée par Barack Obama, deux jours avant la fin de son mandat.
Une enquête ouverte en 2010
L’administration Obama avait bien tenté de poursuivre Wikileaks et son VRP pour cette fuite, mais Eric Holder, ministre de la Justice d’alors, craignait que le premier amendement sur la liberté de la presse ne réduise ces poursuites à néant. Par ailleurs, si le gouvernement poursuivait Wikileaks, il devait également s’attaquer aux autres médias internationaux ayant relayé ces informations en partenariat avec le site. Le dossier avait alors été laissé en suspens.
Mais les récentes révélations de Wikileaks ont relancé l’enquête et une alternative semble avoir été trouvé du côté de l’administration Trump. Celle-ci entend bien poursuivre Wikileaks et Assange pour cette fuite et celle, plus récente, dévoilant l’arsenal cybernétique de la CIA – Vault 7.
Plus question de prétendre que Chelsea Manning a agi seule transmettant ensuite les documents subtilisés à Wikileaks. Pour le nouveau directeur de la CIA, Mike Pomeo, il est désormais clair qu’elle a agi sur ordre de Wikileaks. Le site lui aurait demandé « d’intercepter des informations confidentielles spécifiques » sur le gouvernement américain. Le premier amendement ne tient plus et ces nouvelles accusations peuvent tomber sous le coup de l’Espionage Act.
Liberté de la presse Vs Espionage Act
La virulente charge de Pompeo contre Wikileaks la semaine dernière laisse peu de doute quant à leurs intentions : « Il est temps de dire ce que WikiLeaks est réellement : un service de renseignement non étatique hostile, souvent soutenu par des acteurs étatiques comme la Russie. »
Les services de renseignement US estiment que le renseignement russe a piraté la messagerie du parti Démocrate et transmis leur butin à Wikileaks pour plomber la campagne de Clinton et favoriser son rival.
Un agent étranger qui menace la sécurité nationale et aucunement un organe de presse promouvant la liberté d’expression et d’information : « Nous devons reconnaître qu’on ne peut plus donner la possibilité à Assange et ses collègues d’utiliser les valeurs de la liberté d’expression contre nous. Leur donner de l’espace pour nous écraser avec des secrets volés est une perversion de notre grande Constitution. »
Wikileaks “service de renseignement hostile”
Un ton qui tranche avec celui de Trump durant la campagne, le candidat expliquait alors « adorer » Wikileaks et lui avait demandé de faire fuiter davantage de documents sur Hillary Clinton.
Julian Assange est réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis plus de 4 ans maintenant. Les États-Unis espéraient que les récentes élections équatoriennes puissent changer la donne, mais la victoire de la gauche conforte un peu plus son asile : le successeur de Rafael Correa a d’ores et déjà assuré « que M. Assange reste dans l’ambassade tant qu’un sauf-conduit ne lui aura pas été accordé ». Il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Suède pour viols. Assange estime que ces poursuites ne sont qu’un subterfuge pour le faire sortir de l’ambassade, synonyme de son arrestation et de sa probable extradition vers les Etats-Unis où il risque la peine de mort, en vertu de l’Espionage Act.
Benoit Hamon ou Jean-Luc Mélenchon ont d’ores et déjà promis d’accorder l’asile politique à Julian Assange s’ils venaient à être élu à la présidence de la République française.
Barry Pollack, l’avocat d’Assange, a fait savoir qu’il n’a reçu aucune communication du ministère de la Justice relative à une plainte contre son client.
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