Après avoir quitté Clementine à la fin de la saison 2, on n’a qu’une seule envie : savoir ce qu’il lui arrive après, évidemment. En fonction de vos choix, vous finirez avec l’un ou l’autre (ou aucun) des personnages marquants apparaissant dans la saison 2, dans une espèce de faux plat scénaristique très ouvert. La saison 3 démarre avec une petite frustration, car on ne joue plus Clementine (en tout cas, pas la majeure partie du temps), mais bien Javier. Un jeune homme d’origine hispanique qui devra à la fois gérer ses problèmes de survie, mais également familiaux, puisque c’est avec sa belle-sœur (femme de son frère), sa nièce et son neveu que Javier se déplace, au volant d’un mini-van.
C’est une famille recomposée dans l’adversité qui est confrontée aux zombies et aux hommes rendus fous par l’apocalypse. Dans le monde de la saison 3, on ne croise plus seulement des groupes de survivants isolés, mais bien des petites communautés organisées, plus ou moins pacifiques, qui essayent tant bien que mal de reconstituer un semblant de société humaine. Ajoutez à cela une Clementine qui s’est bien endurcie, qui a ses propres soucis, mais qui se liera rapidement d’amitié avec Javier et vous comprendrez que les enjeux de cette nouvelle saison sont triples et imbriqués. Je m’explique : il y a les enjeux individuels (untel veut se venger d’untel), les enjeux familiaux (« T’es qui pour me parler, t’es même pas mon père d’abord ») et les enjeux communautaires (principalement politiques).
On reste ainsi impuissant devant des situations qui s’entremêlent et qui se complexifient. On anticipe les effets dominos dévastateurs qui vont résulter des choix des uns et des autres. On voit des incidents anodins donner naissance à des conséquences redoutables par l’intrication des relations des survivants. C’est ainsi qu’un simple mot de travers peut résulter en des dizaines de morts tel un effet papillon social particulièrement puissant. Il n’en reste pas moins qu’arrivé à l’épisode 3, on arrive à une sorte de ventre mou et les scénaristes doivent préparer le terrain pour la suite. On comprend assez rapidement quel sera LE gros point d’achoppement de l’intrigue dans le futur. CE gros problème que tout le monde voit sauf les intéressés. LE gros secret de polichinelle qui fera tout exploser quand il sera exposé en public. On attend la résolution avec une certaine appréhension, mais aussi avec une certaine impatience. Il faudra encore attendre un peu, mais quoi qu’il en soit la tension latente de cette saison est, en tout cas pour le moment, assez bien maîtrisée.
Clementine, adulte malgré elle
Dans tout ça, Clementine représente un élément rassurant et sympathique. Comment faire autrement après avoir tout fait pour la protéger dans la saison 1 et l’avoir vue grandir (par la manière forte, malheureusement) dans la saison 2 ? On sent bien sa part désabusée et le joueur ne peut que comprendre ça. Après tout, en deux saisons, il l’aura accompagnée dans la plupart de ses mésaventures. C’est un personnage intéressant, adapté, obligé d’être fort pour survivre, mais également vulnérable, parfois maladroit et qui n’arrive pas toujours à se faire prendre au sérieux par les autres, car pas encore tout à fait adulte. Dur, dur, d’être une ado dans un monde post apo.
Et puis, il y a la « New Frontier ». Il s’agit de la communauté au centre de l’intrigue. Elle demande à ses membres de se marquer un symbole au fer rouge pour prouver leur fidélité. Bonne ambiance façon secte, quoi. S’ils semblent faire preuve d’une violence rare envers les autres communautés au début de cette saison, on se rendra compte au fil de l’histoire que ce groupe d’individus n’est pas monolithique et que des intrigues politiques se jouent très certainement en coulisse. Des questions éthiques assez habituelles dans The Walking Dead sont ainsi posées, comme : « Peut-on tout se permettre au nom du bien de la communauté ? » ou « Faut-il vraiment mettre tous les intérêts individuels de côté au nom du bien commun ? » Ce sont ces questionnements et la différence des points de vue qui ajouteront ce dernier niveau de péripétie à un mille-feuille narratif ma foi plutôt intéressant pour le moment. On se donne rendez-vous dans deux épisodes pour un test en bonne et due forme.
Sans aucune attente et au bout de 3 épisodes, je suis agréablement surpris par la tournure que prend The Walking Dead : A New Frontier. On apprend vite à s’attacher à Javier, Clementine est intégrée de manière intelligente et n’est pas présente uniquement pour faire plaisir aux habitués, et les différents niveaux d’intrigue rendent le scénario très intéressant. Malgré un clair ventre mou au niveau de ce 3e épisode qui vient de sortir, on ne peut qu’espérer un final à la hauteur pour conclure ce qui est vraisemblablement la meilleure série actuelle de TellTale Games.
The Walking Dead: A New Frontier est disponible sur PC, Xbox One, PS4, iOS et Android
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.