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[Bande dessinée] On a posé 4 questions à Florence Porcel, auteure de Mars Horizon

La bande dessinée Mars Horizon, écrite par Florence Porcel et mise en images par Erwann Surcouf, aux éditions Delcourt, imagine l’arrivée et les débuts des premiers humains sur la planète Mars, autour de 2080. Après notre lecture, nous avons pu poser quelques questions à son auteure, férue des sciences de l’Univers et du spatial.

Journal du Geek : Pouvez-vous nous parler de la genèse de Mars Horizon ? Est-ce que la bande dessinée est un support qui vous tient historiquement à cœur ?

Florence Porcel : J’ai toujours lu des bandes dessinées, j’ai été biberonnée à Lucky Luke, Astérix, le Journal de Mickey, Super Picsou Géant, Gaston Lagaffe, Litteul Kevin, et mon préféré, Léonard le génie… (liste non-exhaustive, bien entendu). Ensuite, Internet est arrivé, puis les blog BD. Pénélope Bagieu est mon tout premier abonnement à un compte Twitter, puis j’ai découvert Boulet, Marion Montaigne… Mais je n’aurais jamais imaginé en écrire une ! C’est Boulet, qui co-dirige la nouvelle collection Octopus, qui me l’a proposée – et quand Boulet vient vous proposer un tel projet, il est absolument impensable de dire non. Raconter la science en images, je le faisais déjà avec ma chaîne YouTube, et notamment mon podcast “La folle histoire de l’Univers”, mais j’étais assez attirée par l’idée de faire un peu fiction… ce qui est plus facile en BD qu’en vidéo !

On sent que vous avez cherché un équilibre entre raconter une histoire intéressante à suivre, où la psychologie des personnages est mise en avant, et en même temps rester technique et raconter sérieusement comment pourraient se dérouler ces premiers pas sur Mars. C’est ce que vous vouliez au départ ? Etes-vous contente du résultat ?

Oui, c’était exactement mon cahier des charges personnel. J’ai l’impression de m’être approchée le plus possible de cet équilibre délicat et pas simple à atteindre… J’ai beaucoup travaillé pour y arriver, en tout cas, et j’ai fait de mon mieux. Quant au résultat final, c’est aux lecteurs et aux lectrices de le juger…

Ce qui est aussi ressorti de notre lecture, c’est la délicate gestion de la solitude, qui paraît, à vous lire, comme le pire ennemi des personnages, plus que les obstacles techniques. C’est aussi ce que vous ressentez ?

Pas la solitude, mais l’absence de solitude, justement… La technique, pour cette BD, je suis partie du principe qu’elle était au point, et testée, retestée, et validée depuis des dizaines d’années sur la Lune. Il n’empêche qu’ils risquent leur vie à chaque seconde, mais disons qu’ils ont confiance dans le matériel. Ce qui m’intéressait de traiter, c’est justement tout ce qu’on ne pourra jamais tester sur Terre, même en faisant tous les Mars500 et tous les HI-SEAS du monde : la psychologie et les rapports humains dans une mission inédite, où pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité, des êtres humains perdent de vue leur planète d’origine pour aller passer plusieurs mois sur une autre, enfermés à 4 dans une base pas très grande, et sans rien pour aller s’isoler un peu loin et durablement en cas de besoin. Et sans la Terre à portée de vaisseau en cas de gros gros pépin (les astronautes dans l’ISS peuvent revenir en quelques heures en cas d’urgence, et la Lune est à 3 jours de voyage). Mais Mars… c’est autre chose, vraiment autre chose. Comment gérer ça, comment supporter la présence obligatoire et permanente des autres dans un milieu clos et un espace réduit ? C’est ça qui m’intéressait de traiter… Quand il y en a 2 qui partent en expédition, ils disent que ça leur fait du bien de se retrouver à deux, quand Jeanne a la base pour elle toute seule, elle dit aussi que ça lui fait un bien fou… L’humain est peut-être un animal social, mais il a aussi une part d’animal “sauvage” qui a besoin de se retrouver seul avec lui-même. Et dans les conditions d’une mission martienne, ce sera très compliqué à mettre en place – ne serait-ce que pour des raisons de sécurité.

Qu’est-ce qui fascine autant avec Mars, plus que les autres planètes ?

Déjà, le fait qu’on en reçoive des photos tous les jours, ça aide grandement ! Opportunity et Curiosity fournissent des dizaines d’images quotidiennement et c’est absolument fou. C’est plus facile de s’attacher à un monde qui devient “réel” en ayant des envoyés spéciaux sur place que pour d’autres dont on ne connaît quasiment rien. Mais prenez Pluton… Pluton est un monde absolument fascinant, qui a totalement bouleversé et surpris tout le monde quand New Horizons l’a survolé. S’il y avait des robots au sol pour l’explorer comme on explore Mars, on serait tout aussi exalté ! Mais ce qui fascine tant avec Mars, également, c’est que c’est un monde atteignable. Et ça, c’est très tentant. Notre âme d’explorateur nous titille : on veut aller voir… Et c’est la cible privilégiée pour peut-être répondre à une question fondamentale qui chamboulerait tout : la vie s’est-elle développée ailleurs ?… Sans oublier qu’étudier Mars, c’est comme étudier le passé de la Terre, et donc comprendre un peu mieux notre propre histoire. On part quand, déjà ?

Mars Horizon, aux éditions Delcourt (collection Octopus), 120 pages, 16,50 euros
La chaîne YouTube de Florence Porcel

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