2 217 968,30 dollars, voici donc la somme totale et record qui a été réunie et reversée à la Prevent Cancer Foundation par l’AGDQ, cet événement caritatif qui met tout autant en avant les belles performances des joueurs présents sur place que la générosité des spectateurs. Le précédent record date de l’AGDQ 2015 qui était parvenu à récolter un peu plus de 1,5 million de dollars.
Et au fond, on se dit que c’est naturel, tant le spectacle était de qualité. Lors de chaque AGDQ, l’un des moments les plus forts est bien évidemment le bloc TAS. Il s’agit de la partie où les tool assisted speedrunners arrivent sur scène avec TASBot, le petit robot, et montrent les limites (ou plutôt leur absence) de ce qu’il est théoriquement possible de faire avec des grands classiques du jeu vidéo. Le robot est ainsi capable de remplacer une manette et de dérouler une partition d’input potentiellement très chargée afin de pousser à bout les jeux auxquels il joue. C’est un peu comme si un joueur infiniment doué et précis prenait la manette et était capable de reproduire toute une série de commandes avec un timing confiné à l’image près.
Les commentateurs du Restream FR, les experts RealMyop et Synahel ont admirablement accompagné dans la langue de Molière les péripéties de ce bloc TAS. On vous le recommande si vous voulez vivre ou revivre ce moment impressionnant de l’AGDQ.
Quand les robots prennent le “total control”
Pendant une heure, ce seront Gradius sur la Nintendo Classic Mini, Super Mario Bros. 3 sur NES, Megaman sur NES et Zelda: A Link to the Past sur Super NES qui passeront à la moulinette. Pour le premier, c’est un « simple » powerplay qui a été démontré. Le robot frôle les balles et les ennemis, passe à travers certaines parois et tire si vite que les boss ne font pas long feu. C’est amusant, mais aussi très classique.
Sur les trois jeux suivants, TASBot effectuera quelque chose de bien plus intéressant : le « total control ». Par la simple puissance de la manette et des bugs qu’il est possible d’induire dans les jeux utilisés, le robot va accéder à la RAM de la console et va pouvoir reprogrammer entièrement le jeu. On a déjà vu ça lors des précédentes AGDQ ou SGDQ où Super Mario World a allégrement été transformé en un Pong, ou en une version rétro de Super Mario Maker.
La performance la plus impressionnante est venue au moment de lancer A Link to the Past. Après quelques manipulations de rigueur pour déclencher le total control, la machine a créé un cadre à l’écran dans lequel s’affichait… Un TAS de Super Mario 64. Pendant quelques secondes, tout le monde était sidéré. Comment cette équipe de hacker a réussi à faire tourner Super Mario 64 sur Super NES, un jeu sorti sur une console qui a créé un véritable gouffre technique avec elle ? La réponse est simple : le jeu ne tournait pas vraiment, il s’agissait d’une « simple » vidéo.
1,2 million de pressions sur la manette par seconde
Mais malgré le fait que l’impossible n’ait pas été réellement accompli, le fait de faire tourner une vidéo, à raison d’un rafraîchissement toutes les 6 images par seconde et d’une définition de 128 par 112 pixels reste un véritable tour de force. Il faut d’ailleurs préciser que la vidéo ne « tournait » pas. C’est TASBot qui envoyait un flux continu de commandes de 1,2 million par seconde, réécrivant chaque pixel un par un dans un cadre déterminé et qui a finalement transformé cette Super NES en un simple canal de diffusion. Quant au son de la vidéo, il était à la charge de deux NES préalablement allumés et sous total control. L’une pour la gauche et l’autre pour la droite, la NES ne pouvant envoyer du son qu’en mono.
La démonstration ne s’est pas arrêtée là, car ce fut ensuite une vidéo d’un TAS de Portal 2 qui a été jouée par cette Super NES en transe. Puis, dans un dernier exploit, c’est carrément un flux vidéo en direct qui a été envoyé vers la console. Plusieurs personnes équipées de téléphones qui se filmaient et se promenaient dans différents lieux de l’AGDQ, y compris dans le public, afin de prouver la véracité de ce qui était en train de se passer à l’écran.
Pour tous les aspects qui confinent à la technicité la plus experte, on vous recommandera cet excellent article de ARS Technica qui, s’il est en anglais, entre avec précision dans tous les détails matériels de ce spectacle incroyable.
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